Sandrine Gruda, une chance aux Jeux
Deux participations aux JO depuis l'instauration du tournoi de basket-ball féminin en 1972. C'était à Montréal et Sandrine Gruda n'était pas née. Il n'est pas dit que ses parents s'étaient déjà rencontrés. L'équipe de France féminine de basket-ball n'a pas eu trop l'occasion de s'enflammer. Une fois seulement en 2000 à Sidney, grande année basket pour les Tricolores entre la médaille d'argent des garçons et la cinquième place des filles. Des Isabelle Fijalkowski, Cathy Melain, Audrey Sauret, Nicole Antibe, Sandrine Gruda âgée de 13 ans à l'époque a peu de souvenirs. Non ce qu'elle retient de Sidney, c'est le dunk de Vince Carter sur Fred Weis. "J'avais le poster dans ma chambre… Pauvre Fred Weis", sourit-elle aujourd'hui. Les 2m18 du pivot français enjambé par la détente de l'Américain reste une image bien plus marquante qu'une cinquième place aux JO.
"Je ne sais pas expliquer ce qui a manqué durant cette période, peut-être que tout n'avait pas été mis en œuvre ou que les joueuses de l'époque n'était pas prêtes à gérer de tels événements. Il y a eu de grandes athlètes pourtant", lance-t-elle quand on l'interroge sur cette faible présence aux JO. Sa génération a également raté le coche pour Pékin en 2008. Il y a quatre ans, la native de Cannes, était encore jeune (21 ans) et elle avait tout juste posé ses valises en Russie, à Ekaterinbourg. Désormais, elle est l'un des piliers des Bleues. Tenante du titre du championnat russe depuis 4 ans avec son club, elle bute à chaque fois en Euroligue sur le rival le Spartak Moscou. Une expérience acquise "qui aide", selon elle, "je me frotte aux mêmes joueuses dans les compétitions internationales et en club, l'intensité des matches y est souvent la même".
De père en fille
Si elle est née dans le sud de la France, la fille de l'international français Ulysse Gruda (6 sélections) a appris le basket en Martinique où sa famille a déménagé alors qu'elle n'avait que quelques mois. "Mon père entraînait en Martinique, j'allais le regarder et j'ai commencé à m'entraîner à l'âge de 6 ans", raconte-t-elle. De son père, elle a hérité l'amour de la balle orange mais aussi une grande taille - son père mesure 2m07 - et donc une place toute désignée : sous le panier. Dans la raquette son mètre 93 sert de point d'appui aux Bleues, mais est souvent pointé comme la principale menace pour l'adversaire.
Bien qu'elle se sait attendue à Londres, elle ne veut pas se rater. D'où son "bonheur" lors de la victoire contre la Corée du Sud au tournoi de qualification olympique en Turquie le 29 juin dernier. "Les JO c'est l'accomplissement d'une carrière, c'est quelque chose dont tout le monde rêve. Beaucoup de joueuses de l'équipe vont terminer sur cette compétition, c'est excellent comme occasion", se réjouit celle qui a été désignée meilleure joueuse européenne en 2009. Déjà médaillée d'or et de bronze aux championnats d'Europe en 2009 et 2011, elle en espère une autre dans la capitale anglaise. "Notre coach souhaite qu'on aille le plus loin possible. Nous on évoque une médaille entre nous, mais on ne s'en parle pas tous les jours non plus", tempère-t-elle.
Comme les garçons
Bleus et Bleues, même combat. Des ambitions semblables (une médaille), mais une exposition médiatique clairement en défaveur des filles. "On manque de médiatisation par rapport aux garçons. Attention, je les regarde, je les supporte. Ce ne sont pas les individus qui me dérangent, je ne rien contre Boris Diaw ou Florent Piétrus, c'est le système", éclaire-t-elle avant de leurs souhaiter la même réussite qu'à l'Euro. L'an 2000, malgré des bons résultats chez les filles et les hommes, n'avait pas permis un essor du basket français, qui reste beaucoup plus dépendant des exploits de ses joueurs en NBA que ceux de ses sélections. Douze ans plus tard, l'occasion se présente à nouveau, un virage à ne pas rater pour Sandrine Gruda. "J'aimerai que ces JO servent de tremplin. En 2000, la Fédération a loupé le coche. Beaucoup de personnes se limitent aux résultats, cela ne suffit pas - mais il est clair que cela aide -, il faut également une bonne campagne marketing". Le meilleur coup serait encore de ramener une breloque et ça, Sandrine ne l'a pas oublié…
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