Cet article date de plus de huit ans.

Rio 2016 - Coups de coeur, coups de gueule, l'oeil des consultants de France Télévisions

Au lendemain de la clôture des Jeux Olympiques de Rio 2016, les consultants de France Télévisions se sont prêtés au jeu des "coups de coeur/coups de gueule" sur la quinzaine brésilienne.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 17min
 

Marinette Pichon - Football féminin

Coup de cœur : « Cette équipe suédoise féminine qui sort le Brésil, le grand favori du tournoi, en demi-finale. Sans forcément bien jouer, elles ont décroché une belle médaille d’argent. J’ai bien aimé les larmes de Neymar après son tir au but décisif en finale et Marta. Enfin, j’ai un gros coup de cœur pour le public brésilien, mais pas que dans le football. Il est hyper patriotique. Lors de la finale de boxe des -60kg, le Brésilien Robson Conceicao bat le Français Sofiane Oumiha. L’ambiance était magique, ça m’avait pris aux tripes ».
Coup de gueule : « Le prix des places pour le tournoi de football. Quand on connaît l’engouement du pays pour ce sport, c’est vraiment dommage. Ça a donné des stades vides. Quand on était dans les transports, les gens nous disaient que c’était impossible d’aller voir un match. Du coup l’ambiance en a pâtit, même si c’était mieux à partir des quarts de finale.

Laure Manaudou​ - Natation

Coup de cœur : « Les résultats de Katie Ledecky (5 médailles dont 4 en or et une en argent), toujours aussi impressionnante. J’ai bien aimé aussi Jordan Pothain qui est arrivé en finale (du 400m nage libre, ndlr), et qui je pense durera dans la natation française. Malgré les polémiques, j’ai trouvé qu’il y avait une bonne cohésion dans le groupe. J’ai aussi apprécié les interviews d’après course de Camille (Lacourt, ndlr) et Florent (Manaudou, ndlr) malgré des résultats en deçà de leurs espérances ».
Coup de gueule : « Il y a eu le problème entre Alain (Bernard, ndlr) et la Fédération même si cela ne me regarde pas trop. Ça va se régler entre eux. J’espère que la Fédération aidera les nageurs qui vont arrêter en leur donnant, pas du pouvoir, mais l’occasion de participer pour aider les jeunes nageurs qui arrivent. Qu’ils puissent faire partager leur expérience et les amener au plus haut niveau. J’ai ressenti un moment l’envie d’aider ces jeunes sur comment aborder une compétition, comment répondre aux médias parce qu’on n’est pas forcément préparé à ça. Ceux qui arrêtent peuvent aider ».

Laurent Jalabert - Cyclisme sur route

Coup de cœur : « Julian Alaphilippe. C’est un garçon plein d’énergie, plein de fraîcheur. Un Sagan à la française. C’est énorme ce qu’il a fait. Quatrième des JO alors que c’est sa troisième saison. Mais c’est presque un coup de gueule parce qu’avec ces jambes-là, il aurait pu être champion olympique. Les 40 derniers kilomètres, il court à contre-temps, contrairement à sa prestation sur le Tour. Il termine avec un vélo cassé, avec une roue qui touche au cadre. Est-ce que cette occasion se représentera ? Il a peut-être manqué de confiance en ses moyens, il se disait cramé avant la course. Mais tu l’es toujours après un grand Tour. J’étais déçu et énervé après l’arrivée. Mais il va gagner de grands trucs ce mec ».
Coup de gueule : « Le circuit était trop dangereux. C’était vraiment limite. Les gros trottoirs dans la descente, en plus mouillée, dans le final d’une course avec un tel enjeu… C’était pousser les coureurs à l’hôpital. C’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé chez les garçons et les filles ».

Lucie Décosse - Judo

Coup de cœur : « Emilie Andeol, personne ne l’attendait à ce niveau. Elle a progressé d’année en année. Je lui avais envoyé un texto après sa médaille d’or européenne. Je lui avais dit que c’était pas mal ce titre mais qu’elle pourrait se la ‘péter’ quand elle serait médaillée mondiale et championne olympique. Maintenant elle peut ».
Coup de gueule : « Ce n’est pas vraiment un coup de gueule, c’est une déception. C’est Gévrise (Emane, éliminée à son premier combat par la Britannique Sally Conway par une décision arbitrale, ndlr). J’étais très, très, très, très, très, très triste pour elle ».

Franck Adisson - Canoë-kayak slalom

Coup de gueule : « Mon gros coup de gueule, c’est le fait d’avoir assisté probablement à la dernière finale olympique du canoë biplace aux JO. Tout porte à croire que cela va disparaître, et cela me met en rage car c’est une discipline extraordinaire. C’est l’histoire du canoë : les indiens faisaient du biplace, les gens qui veulent descendre l’Ardèche font du biplace… C’est très spectaculaire. Pour de sombres raisons de stratégie politico-sportive que je ne comprends pas bien, on nous sort des programmes olympiques. Je trouve ça injuste et stupide. »
Coup de cœur : « Mon gros coup de cœur va vers la magnifique victoire de Denis Gargaud Chanut. C’était une course d’anthologie, d’une maîtrise totale. A tel point que cela paraît facile. C’est une maîtrise extraordinaire de la part d’un gars extraordinaire. C’est quelqu’un qui était au fond du trou en 2012, après avoir été battu par Tony Estanguet pour la qualification olympique, qui s’est reconstruit, avec un chemin compliqué, qui a monté son entreprise et qui travaille vraiment. Il travaille et s’entraîne. Je pensais que c’était un projet impossible, mais il a prouvé que c’était possible. »

Sébastien Vieilledent - Aviron

Coup de gueule : « Le Dieu éole de travers. Sur les compétitions d’aviron, deux journées ont été décalées sur le même groupe d’épreuves. Par deux fois, les athlètes ont dû se mettre dans les conditions psychologiques la veille pour des courses souvent à couteaux tirés, notamment pour les poids légers, et par deux fois ils sont allés sur le bassin sans pouvoir courir. Et c’est tombé deux fois sur les mêmes bateaux. En aviron, on peut ramer avec du vent, mais le vent de travers est le grand cauchemar du rameur. L’aviron, c’est la F1 de l’eau, et mettre une F1 sur le Dakar c’est toujours très compliqué. »
Coup de cœur : « Azou-Houin, de par l’histoire de ce bateau, de par les personnages. Ce bateau a été changé cette année. Le troisième homme, Stany Delayre, a été blessé, a failli être paralysé, il a tout apporté à ce bateau pendant cette olympiade mais a dû accepter cette sélection. Pierre Houin, à 22 ans, pour ses premiers JO, monte dans un bateau champion du monde et attendu pour le titre olympique. Et il assume tout ça. Chapeau. Jérémy Azou est un athlète phénoménal, et un personnage hors norme. Ce sont deux belles personnes. »

Brice Guyart - Escrime

Coup de gueule : « C’est un coup de gueule sur le début des JO où certains sportifs n’ont pas véhiculé une bonne image du sport, de l’olympisme, vis-à-vis des jeunes. Ce qui m’a aussi choqué, c’est le non-respect des autres athlètes engagés dans les compétitions, qui travaillent pendant quatre ans pour cet objectif ultime pour des sports comme l’escrime, la boxe, la lutte… Pour mettre un nom sur mon coup de gueule, quand j’entends un Benoît Paire dire qu’il n’avait pas envie de venir, c’est un peu comme s’il nous crachait dessus. Quand je dis nous, je parle des athlètes, des entraîneurs, et tous ceux qui aiment le maillot de l’équipe de France. La prochaine fois, il pourra s’abstenir et rester chez lui. »
Coup de cœur : « Je vais rester très chauvin avec l’épée par équipes française en or. Ils ont conservé depuis douze ans leur titre olympique, puisqu’en 2012 il n’y avait pas eu cette épreuve à Londres. C’est donc une grosse performance d’invincibilité. Il y a une forme de transmission avec Hugues Obry qui était champion olympique en 2004 en tant qu’épéiste, et il l’est cette année en tant que coach. C’est un esprit qui perdure. Et puis, au-delà de la médaille, il y a la manière. Ca fait plaisir de voir des combattants qui ont la rage de vaincre, qui crient, qui se regardent dans les yeux. Ca fait plaisir de les voir faire du jeu. Ils sont au contact de leur adversaire, et cela donne une escrime très plaisante à voir. Pas besoin d’être connaisseur ou fan d’escrime pour apprécier ce qu’ils ont fait. Et enfin, il y a un esprit d’équipe comme j’en ai rarement vu, sans pudeur entre eux, sans jugement. L’un a une défaillance, celui qui prend le relais prend ses responsabilités. J’ai pris une bonne claque en tant qu’escrimeur en les voyant. »

Richard Dacoury - Basket masculin

Coup de gueule : « Je suis très partagé dans mes sentiments pour l’équipe de France. On a tellement aimé ce que ces joueurs ont apporté depuis 10-15 ans. J’aurais aimé qu’ils concluent leur carrière en équipe de France, en ce qui concerne Tony Parker, Michael Gelabale et Florent Piétrus, avec une toute autre défaite. Je suis déçu pour eux, qui doivent avoir un sentiment d’inachevé. Je ne peux pas leur en vouloir car ils ont subi sans pouvoir réagir. Ce qu’ils ont réalisé est remarquable. Ils ont remis le basket français au sommet de l’Europe. Je fais parti d’une génération où on en était loin. Je veux plus les remercier. »
Coup de cœur : « Usain Bolt, pour ce qu’il apporte, au-delà de la performance, en ce qui concerne le spectacle. Il a totalement transformé l’image du sprint mondial. Il a cette vraie envie de communiquer. C’est LA star des JO. Je suis vraiment fan. Maintenant, il va falloir trouver un remplaçant. »

Valérie Nicolas - Handball féminin

Coup de gueule : « L’organisation. Je n’ai pas vu la flamme olympique, les sites des compétitions étaient très éloignés les uns des autres. Je n’ai jamais pu ressentir la magie des Jeux. C’est la première fois que je ressens ça. »
Coup de cœur : « Ce sont les deux médailles d’argent récoltées par le handball français. Pour les filles, il s’agit d’une première médaille olympique. Cela faisait longtemps qu’on attendait ça. Cela s’est joué à des détails. Elles auraient pu être éliminées en quarts, mais elles se sont accrochées à leur rêve. »

Jérôme Fernandez - Handball masculin

Coup de cœur : « La demie du 200m, au cours de laquelle Usain Bolt ralentit un peu pour aider De Grasse à aller chercher la victoire et battre ainsi son record. Il le regarde, il sourit, il est heureux après. J’ai trouvé ça génial qu’il y ait autant de complicité entre deux athlètes qui font un sport individuel et qui sont adversaires. C’est plutôt ce qu’on retrouve dans les sports co, avec des adversaires qui sont nos coéquipiers en clubs. »
Coup de gueule : « Je n’ai pas aimé la sortie de Renaud Lavillenie sur le public brésilien. Dans les sports co, on a l’habitude de ces ambiances-là, lui moins. J’ai trouvé déplacé qu’il justifie sa médaille d’argent ou son non-titre olympique par l’ambiance du stade. Ça m’a gêné, pas déçu. Il a oublié de dire que le public brésilien a permis à son représentant de faire le concours de sa vie. Ce n’est pas Renaud qui a raté son concours, c’est le Brésilien qui a été plus fort. C’est comme les handballeurs en finale contre le Danemark. Dans ces conditions, le Brésilien a été meilleur que lui. »

Yannick Souvré - Basket féminin

Coup de cœur : « J’étais au Club France lors de la finale du 200m. Il n’y avait pas le son, et j’ai vu Bolt gagner, mais on ne savait pas ce qu’avait fait Christophe Lemaitre. Je ne le connais pas, mais il a l’air sympa, gentil, il a galéré, eu des blessures. On ne savait pas s’il avait fini 3, 4 ou 5. Il y a eu un silence de mort. Et l’image que je garde, c’est celle de Lemaitre qui crie de joie, alors que je n’ai pas l’habitude de le voir faire ça. Il s’est battu, et j’étais hyper contente pour lui. »
Coup de gueule : « Le bruit. Dans la salle du basket, l’animateur de salle a été vraiment fatigant. Je suis allée au volley, au hand, il y avait beaucoup de bruit mais la musique était top. Mais dans notre salle, même quand il n’y avait pas grand-monde, il criait. Ça n’apportait rien. »

Stéphane Diagana - Athlétisme

Coup de cœur : « C’est l’équipe de France. Il y a bien sûr les résultats, mais plein de choses aussi. Elle réunit la jeunesse de Kevin Mayer, exceptionnel au décathlon, la persévérance de Mélina Robert-Michon, qui à 37 ans vient décrocher une médaille olympique. Elle réalise surtout ce pour quoi elle est taillée au bon moment sur cette semaine d’athlétisme olympique. Pour moi, cela fait longtemps qu’elle a les atouts pour au minimum faire 4-5 médailles. Elle en a le potentiel. »
Coup de gueule : « L’attitude du public vis-à-vis de Renaud, pas tant dans le concours car on peut dire que c’est un manque de culture, parce que les Brésiliens n’ont pas souvent de grandes épreuves d’athlétisme chez eux. Ils ne savent pas qu’on ne siffle pas quand quelqu’un s’élance. C’est plus l’attitude qu’ils ont eue lors du podium. Certes c’était en réaction à des propos de Renaud Lavillenie. Siffler quelqu’un sur le podium, je ne l’avais jamais vu. J’ai trouvé ça triste, pour le sport, pour Renaud Lavillenie, pour l’image du Brésil. Ça crée de l’incompréhension. Je suis sûr que c’est à l’opposé de ce qu’est ce peuple, plutôt accueillant. »

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.