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Pistorius, de la controverse à la belle histoire

Oscar Pistorius va réaliser son rêve. L'athlète sud-africain aux jambes à moitié artificielles, participera aux JO de Londres sur 400 m et 4x400 m. Une première pour un sportif paralympique qui ravit tout le monde. Le temps de la polémique est (presque) clôt.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
 

Qu'elle semble loin cette année 2008 où l'IAAF avait mis son veto à la participation de Pistorius aux compétitions internationales avec les valides. A l'époque, le sujet de conversation était tout trouvé: les lames en carbone avantageaient le sprinteur africain qui bénéficiait donc d'une aide illicite.

Pistorius ne triche pas

Aujourd'hui, ce point de discorde entre spécialistes a été tranché et la Fédération internationale a levé les doutes. Non, ses prothèses fabriquées spécialement par la société islandaise Ossur  pour les athlètes amputés ne dégagent pas une puissance positive à chaque  rebond ni n'absorbent la puissance négative, elles sont "des ressorts  élastiques passifs". Et si ces lames en forme de pattes de félin le boostent pour la deuxième moitié du tour de piste, elles le desservent au départ. En tous cas, elles ne lui permettent pas de faire des foulées plus longues, ni de  se fatiguer moins, ou d'économiser en énergie métabolique.

Verdict: Oscar Pistorius ne triche pas. L'amélioration de son record personnel de près d'une demi-seconde  en 2011 (45 secondes 07) n'est donc en rien liée à un gain technologique, n'en déplaise aux sceptiques qui attendent de voir les performances du champion sur le tartan londonien pour –éventuellement- se prononcer.

Quid d'une médaille aux Jeux ?

Car si tout le monde se réjouit de ce déplacement inédit des frontières du sport, il est certain que la polémique enflerait dans le cas où Pistorius "arracherait" une médaille à un valide à Londres. La jalousie n'est souvent jamais très loin de l'altruisme quand il s'agit d'intérêts individuels. Le manque de preuves scientifiques sur un avantage global net, que le Tribunal arbitral du sport avait dû trancher il y a quatre ans, ne sera jamais accepté par certains.

Et même si le TAS a pris soin de préciser que le feu vert qu'elle donnait au jeune  homme valait uniquement pour ce modèle de prothèses, en l'état actuel des  connaissances, et ne constituait en rien une jurisprudence, il est plus que probable que la controverse reprendra si on passe une breloque autour du cou de l'homme qui crée le buzz.

PS: Oscar Pistorius est né sans péronés, ses parents ont dû se résoudre à le faire amputer sous  les genoux à l'âge de 11 mois. Ce passionné de vitesse, qui s'est blessé aux côtes, à la mâchoire et à un oeil dans un accident de bateau il y a quatre ans, s'est construit par le sport. Il a viré vers l'athlétisme à 16 ans après s'être blessé sérieusement à un genou en jouant au rugby. En quelques années, il est devenu "Bladerunner" (le coureur aux lames), icône de l'handisport, couronné de quatre médailles d'or paralympiques, dont trois à Pékin en 2008. Il concourra d'ailleurs encore sur 100 m, 200 m, 400 m et 4x100 m aux jeux Paralympiques de Londres (29 août - 9 septembre).

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