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Les JO de Poutine: un succès

Le président Vladimir Poutine peut doublement se réjouir: non seulement les Jeux de Sotchi -- premier événement de dimension mondiale organisé par la Russie depuis les Jeux de Moscou de 1980 -- se sont déroulés sans anicroche, mais l'équipe russe a dominé les autres nations au tableau des médailles, ponctuant en beauté la journée de dimanche avec un carton plein sur le podium du 50 kms de ski de fond.
Article rédigé par franceinfo
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Vladimir Poutine, le président de la Fédération de Russie, assiste aux épreuves de ski de fond à Sotchi

Ce double succès n'est pourtant pas un triomphe. Ces jeux, techniquement réussis, ont offert un magnifique spectacle aux téléspectateurs du monde entier, et de grands moments de sport. Mais ils resteront aussi comme les moins conviviaux de l'histoire. Aux antipodes de Lillehammer (1984) et de sa ferveur populaire. Un événement hors-sol dans une région peu peuplée. Un univers artificiel et ultra-sécurisé, crée de toutes pièces,. Et un public quasi- exclusivement russe. Le contrat olympique a été respecté à la lettre, mais l'esprit olympique, qui ne se décrète pas, a fait défaut.

Pas d'attentat

Au chapitre des satisfactions,  Vladimir Poutine a d'abord échappé au pire: malgré les menaces agitées par les insurgés islamistes du Caucase, il n'y a pas eu d'attentat, à Sotchi comme dans le reste du pays. Au prix d'un déploiement sécuritaire dont la partie la plus visible sur les sites -- quelques 100.000 policiers et militaires et des contrôles incessants -- a largement contribué à doucher l'ambiance supposée festive de l'évènement.

Le président peut également se réjouir du déroulement même des Jeux: les sites étaient prêts à temps, l'organisation était efficace, et les épreuves se sont déroulées dans de bonnes conditions. Malgré l'écho donné au début des Jeux à quelques problèmes de robinet. Un satisfecit à partager avec le CIO, qui jouait gros en misant sur la Russie pour organiser ces Jeux.

Mais la cerise sur le gâteau, c'est la réussite sportive: au tableau des médailles, la Russie devance la Norvège, le Canada et les Etats-Unis, avec 33 médailles dont 13 d'or. De quoi se consoler du camouflet subi en hockey, discipline reine des  Russes pour laquelle ils visaient ouvertement l'or, après une défaite piteuse contre les Finlandais dès les quarts de finale. Les héros russes de ces Jeux ont été les patineurs, avec les victoires en patinage artistique par équipes et en individuel (Adelina Sotnikova), et les skieurs de fond, qui ont clôt avec panache les épreuves des Jeux dimanche, avec trois skieurs sur le podium du 50 kilomètres.

Eléphant blanc

Le revers de la médaille, le vrai, celui dont les effets se feront ressentir à long terme sur la Russie, est déjà bien connu. Un chantier au coût gigantesque (au moins 36 milliards d'euros, cinq fois plus que les Jeux de Londres en 2012), qui pourrait faire de Sotchi "l'éléphant blanc" de la Russie, tant la conversion du site semble incertaine.

Vladimir Poutine a eu ses Jeux, mais au prix fort pour son pays.Ses détracteurs dénoncent à la fois un désastre écologique, les surcoûts liés à la corruption, et le gaspillage que représente  le projet lui-même.  "Compte-tenu des frais d'entretien très élevés, de nombreuses infrastructures olympiques seront progressivement détruites" affirment dans un rapport les opposants russes Boris Nemtsov et Leonid Martyniouk. Quant aux oligarques russes qui ont investi massivement à Sotchi sous la pression du pouvoir, ils réclament déjà, en vain, des facilités bancaires.    

Au final, il reviendra aux Russes eux-mêmes de sauver Sotchi du désastre annoncé. En plébiscitant massivement les hôtels et les installations sportives qui survivront aux Jeux les plus démesurés de l'histoire olympique. De l'avis général, ça n'est pas gagné.

Vidéo: Sotchi, le temps des questions

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