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L’organisation des Jeux Olympiques réservée aux plus riches

L’annonce du retrait de la candidature de Budapest pour les Jeux olympiques 2024 n’est pas vraiment une surprise. Avant la capitale hongroise, Boston, Hambourg et Rome avaient également renoncé en cours de route pour une raison principale et essentielle : le coût.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Le drapeau olympique (ALEXEY KUDENKO / SPUTNIK)

Le « rêve » de Zsolt Borkai, président du Comité olympique hongrois s’est donc évanoui. Face au tollé suscité par le poids financier de cette candidature, le gouvernement a été contraint de faire machine arrière et de stopper net le projet. Une pétition lancée par un mouvement de jeunes activistes, Momentum, pour l’organisation d’un référendum contre les Jeux de Budapest avait en effet recueilli près de 266 000 soutiens, soit pratiquement deux fois plus que nécessaire pour obtenir une consultation populaire.

En plus des chances moindres de l’emporter face aux deux grands favoris que sont Paris et Los Angeles, les Budapestois ont estimé qu’il était préférable d’investir dans des services publics, tels que les hôpitaux ou l’éducation nationale, plutôt que dans des infrastructures sportives ou de transport.

"Seulement" 2,4 milliards de budget

Economiquement parlant, le projet de Budapest 2024 était pourtant considéré comme viable, le budget d’investissement étant relativement modeste avec 2,4 milliards d’euros (contre 6,2 MM pour Paris et 5,3 MM pour L.A.). Si la somme semble sur le papier très élevée, les retours sur investissement sont souvent très intéressants, d’autant plus que le CIO sort de sa poche 1,8 milliards d’euros et les fonds privés représentent souvent une grande part (24 % dans le cas de Paris 2024).

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Malheureusement, des cas comme celui d’Athènes en 2004, ont créé des précédents et marqué les esprits. La mauvaise gestion de ces JO a clairement contribué à la quasi faillite du pays des dieux de l’Olympe ce qui a sérieusement terni l’image d’une candidature olympique. Le cas de la Grèce n’est pas isolé et même le Brésil, qui fait partie des dix plus grandes puissances mondiales, a frôlé la catastrophe pour Rio 2016.

En revanche, pas de souci pour Pékin en 2008 ni pour Londres en 2012, ce qui confirme bien que les Jeux restent réservés aux nations les plus riches. Sans parler des cas très spécifiques du Qatar et de la Russie, deux candidats pressentis pour 2028. Mieux vaut donc présenter un PIB conséquent pour organiser le plus grand rendez-vous du sport planétaire. Ce n’est pas pour rien que la France (6e puissance économique mondiale) et les Etats-Unis (1ère) se retrouvent au coude à coude pour 2024 avec la Ville Lumière et la Cité des Anges.

Des budgets toujours dépassés

Depuis 1960, les JO -d’hiver ou d’été- ont tous subi des dépassements de coûts par rapport au budget établi dans le dossier de candidature, rapporte une étude de la Saïd Business School de l’université d’Oxford. Avec 720 % de dépassement (et 30 ans de dette pour les contribuables), c’est Montréal 1976 qui demeure de loin le plus mauvais élève. La ville canadienne devance Sotchi 2014 avec 289 % qui reste l’événement le plus coûteux (37 milliards d’euros), alors que Lillehammer 1994 (277 %) et Barcelone (266 %) n’étaient pas en reste. Ces exemples rappellent surtout au grand public que si sur le long terme, l’investissement peut être intéressant (transports, tourisme, infrastructures sportives, …), le risque de perte sèche est extrêmement important.

"C'est le phénomène de la ‘Winner's curse’ ou malédiction du vainqueur de l'enchère", explique Wlaadimir Andreff, professeur émérite à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne qui justifie ainsi la réticence des contribuables. "L'attribution des JO par enchère oblige chaque candidat à surenchérir avec un projet plus mirobolant que ses concurrents, et à accepter de payer un coût plus élevé que prévu", indique-t-il sur le site The conversation. Résultat, seules les grandes puissances peuvent se permettre de mener à bien leur candidature. On est assez loin de l’esprit cher à Pierre de Coubertin.

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