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JO 2021 : "On attendait ça depuis des années", la désillusion des Français détenteurs de billets pour les Jeux de Tokyo

Alors que les autorités japonaises ont annoncé jeudi que les Jeux se dérouleraient sans spectateurs, la déception est grande pour ces Français résidant au Japon et détenteurs de billets. 

Article rédigé par Louise Gerber, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Les Jeux olympiques de Tokyo, reportés d'un an, débuteront le 23 juillet 2021. (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

"La déception est immense." Etienne, Audrey et Nicolas habitent tous les trois au Japon depuis plusieurs années. L'annonce jeudi 8 juillet du gouvernement japonais d'interdire le public aux JO compte tenu de la situation sanitaire dans le pays, a été une douche froide pour ces trois Français, détenteurs de billets pour les Jeux. 

Si le doute planait depuis longtemps, après les différentes restrictions imposées ces derniers mois, ils ne voulaient pas envisager le huis clos. "Je ne voulais pas y croire parce que cela faisait cinq ans que j'attendais ce moment mais inconsciemment je m'étais fait une raison", admet Etienne, originaire de la région parisienne, "extrêmement déçu" de voir "son rêve des JO s'envoler".

"Shouganai" comme disent les Japonais

"Tout le monde savait que cela dépendrait des chiffres du Covid juste avant les Jeux, et les chiffres sont mauvais", souligne, dépité, Nicolas. "On ne se faisait plus trop d'illusions depuis un an mais on avait encore un peu d'espoir au fond de nous", ajoute quant à elle Audrey, qui résume la situation en un mot : "Shouganai." "Cette expression signifie 'c'est comme ça on n'y peut rien'", explique, impuissante, celle qui habite au Japon depuis 2012. 

Déception et colère 

Bien qu'attendue, la décision a quand même déçu ces Tokyoïtes français qui voyaient les Jeux au Japon comme "une occasion en or" , presque "la chance d'une vie". L'opportunité aussi de rencontrer de "grands athlètes tricolores et de vibrer avec eux" pour Audrey, "bercée depuis l'enfance par le sport"

Depuis l'obtention de son visa de travail il y a cinq ans, Etienne a mis tous les mois de l'argent de côté pour payer ses places. "J'avais assisté à des matchs de la Coupe du monde de rugby en 2019 à Tokyo. C'était un moment magique et je me disais que les Jeux allaient être encore plus incroyables", précise celui que "le sport anime" (malgré le décalage horaire, il a regardé une grande partie de matchs de l'Euro et suit actuellement avec attention toutes les étapes du Tour de France).

Si pendant deux ans, les fanions dans les rues de Tokyo ont rendu Nicolas joyeux, aujourd'hui ces petits drapeaux le désolent. "L'événement aurait lieu dans un autre pays, ce serait pareil. C'est vraiment du gâchis." Une déception teintée de colère chez Etienne, qui qualifie ces Jeux de "JO de l'entre soi". "Le CIO a maintenu l'événement dans ces conditions, non pas pour les athlètes ou pour la population japonaise mais pour encaisser son chèque. On est loin du partage, des émotions fortes qu'on devrait avoir sur ce grand événement sportif."

Obtenir des billets, un exploit pour rien

La désillusion est d'autant plus importante qu'obtenir des billets n'a pas été simple. Début 2019, Etienne avait tenté sa chance au tirage au sort des billets sur une douzaine d'épreuves, pour un total de 3 500 €. Avant la loterie, ce "fou de sport" s'était "organisé pour tout imbriquer" : planning complet sous les yeux, le Versaillais avait "regroupé les épreuves pour en voir un maximum en une journée et [s]'éclater le plus possible". Au programme : huit sports, dont le basket, le football et le water-polo. 

Nicolas avait, lui, développé tout un stratagème pour assister au plus grand nombre d'événements possibles. "J'avais fait jouer toute ma famille et ma belle-famille", explique ce Breton de 40 ans. Une stratégie payante puisqu'il avait réussi à obtenir le graal : "Les qualifications en judo de la catégorie de Teddy Riner", mais aussi trois demi-finales de handball (deux masculines et une féminine), ou encore la fin du décathlon, "pour voir Kevin Mayer".

Prêts pour Paris 2024

Si la déception est bien présente, Nicolas relativise : "On est déçus mais il y a plus grave dans la vie. Le principal c'est que les Jeux aient lieu pour les athlètes, certains en dépendent pour vivre." Audrey quant a elle a décidé de "rendre l'événement quand même festif". La Varoise a prévu de regarder plusieurs épreuves à la télévision avec un groupe d'amis. "On va partager cela ensemble, dans un moment convivial autour de repas. Il nous reste au moins ça." 

Mais les Français comptent bien retenter leur chance en 2024 :  Audrey a prévenu son mari japonais qu'ils ne louperaient pas les Jeux de Paris tandis qu'Etienne a déjà prévu des vacances en août 2024. Ce n'est que partie remise. 

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