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JO 2018 : La Jamaïque a perdu un coach, mais gagné un bob et une place aux Jeux

Un temps menacée, la participation de la Jamaïque à la course de bobsleigh féminin a été confirmée ce week-end, au terme d'un épisode rocambolesque. Leur coach allemande, Sandra Kiriasis, avait non seulement démissionné avec fracas il y a quelques jours, mais menacé de partir avec le bob qu'elle louait à l'équipe... Au final, une marque de bière a décidé d'offrir un nouveau bob aux Jamaïcaines, un cadeau à 50.000 euros qui leur permettra de prendre le départ mardi, 30 ans après leurs compatriotes masculins aux Jeux de Calgary, immortalisés dans le film "Rasta Rockett".
Article rédigé par franceinfo
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De notre envoyé spécial à PyeongChang

Jazmine Fenlator-Victorian, ancienne membre de l'équipe américaine de bobsleigh, et Carrie Russell, championne du monde du 4x100 mètres en 2013, ont pu s’entraîner normalement samedi et dimanche à la station d'Alpensia, le sourire retrouvé. La crise s'est nouée à PyeongChang lorsque Sandra Kiriasis, ancienne championne olympique et championne du monde, a claqué la porte. On lui a annoncé qu'elle n'était plus coach, mais rétrogradée au rôle d'analyste de performances, sans accès aux athlètes. "Je n'ai jamais connu une telle déception dans ma carrière. Les athlètes ne comprennent pas non plus, d'autant que nos relations étaient bonnes", a déclaré l'ex-coach, sans s'étendre sur l'affaire du bob. Autre son de cloche à la fédération jamaïcaine, dont le président, Christian Stokes, a dénoncé l'ex-coach comme "une force extrêmement destructrice pour l'équipe", qui va pouvoir désormais "se concentrer sur la compétition, dans un environnement plus sain".

Premier équipage féminin à représenter la Jamaïque aux Jeux

Quoi qu'il en soit, l'affaire s'est ébruitée, et la marque de bière (que nous ne citerons pas pour ne pas la gêner) s'est manifestée via Twitter pour financer le nouveau bob. Grâce à cela, les deux jeunes femmes seront le premier équipage féminin à représenter la Jamaïque aux Jeux. Elles ne sont pas favorites, mais ont fait bonne figure lors de leurs dernière sortie en Coupe du Monde, avec une 7e place qualificative à Winterberg en décembre.

L'héritage de "Rasta Rockett"

En conférence de presse il y a quelques jours, les bobeuses ont parfaitement assumé l'héritage de Rasta Rockett (1993), le film qui a popularisé l'aventure des quatre jeunes Jamaïcains qui firent le pari fou de s'initier au bobsleigh pour participer aux Jeux de Calgary en 1988.

"Avec mon père, nous pouvions citer toutes les répliques du film", a confié Jazmine Fenlator-Victorian, qui a relancé la discipline en Jamaïque. En 2015, elle a adopté la nationalité, après avoir pratiqué le bobsleigh pendant dix ans au sein de l'équipe américaine, jusqu'à sa participation aux Jeux de Sotchi. La Jamaïque n'a ni neige ni glace, mais un immense réservoir de sprinters, faciles à convertir à d'autres disciplines dont -- pourquoi pas-- le bob. Pas besoin de glace pour travailler "pour la majeure partie du travail physique et mental", dit-elle. "D'avril à septembre, personne n'est sur la glace". Carrie Russell est l'une des athlètes qu'elle a approchées, et qui s'est laissée convaincre. Les débuts ont été difficiles "en situation". "La première fois que je me suis retrouvée dans la neige, je n'ai pas tenu trente secondes avant de rentrer me réchauffer", a-t-elle admis.

Jazmine, qui a connu un grand moment de dépression après Sotchi, porte une conviction inébranlable, qui l'a faite fondre en larmes devant la presse. "Je devais revenir en Jamaïque pour embrasser ma diversité et la partager avec le monde" a confié dans un sanglot cette fille issue d'un père jamaïcain immigré aux Etats-Unis, et d'une mère aux origines allemandes, polonaises et lettones. "Je veux que tous les Jamaïcains voient ce qu'ils peuvent faire (...) Il n'y a rien de plus fou qu'un Jamaïcain qui fait du ski ? Aujourd'hui ils vont voir des Jamaïcains aux Jeux olympiques d'hiver".

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