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JO 2016 : Laura Augé, Margaux Chrétien, duo synchro à Rio

Laura Augé et Margaux Chrétien débutent le programme libre ce dimanche. Les deux Françaises forment depuis quatre ans le prestigieux duo, le summum de la natation synchronisée. Ces JO de Rio seront sûrement le terminus pour les deux amies, une fin qu’elles veulent la plus heureuse possible après 12 ans de vie commune dans les bassins.
Article rédigé par franceinfo
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La natation synchronisée, un choix par défaut… au début

Quand on est petite fille, trouver sa voie n’est pas chose facile. Laura Augé et Margaux Chrétien ont tâtonné avant de se fixer dans les piscines. Après l’équitation, le tennis ou encore le piano, Laura Augé s’est jeté dans le grand bain. "J’avais 7 ans, c’était à Aix-en-Provence, raconte-t-elle, mais j’avais froid tout le temps dans l’eau". Une anecdote qu’elle raconte à chaque fois qu’on lui demande sa découverte de la natation. Ca et les remontrances des entraîneurs ont bien failli avoir raison de sa motivation. "A la fin de l’année, je voulais arrêter, mais on m’a poussé à continuer, on m’a dit que j’avais quelque chose. ‘On te met en compétition et on voit ce que ça donne’. Et dès la première compétition, j’ai trop accroché". Il aura donc fallu qu’elle se mesure aux autres pour aimer ça. "Maintenant, j’aime vraiment mon sport, j’ai de super sensations, avoue Laure Augé, 24 ans, mais si on m’avait mis dans un autre sport en compétition, si j’avais été bonne, ça m’aurait sûrement plus aussi".

Margaux Chrétien, elle, a attendu 8 ans et demi avant de plonger. Avant ça, deux mois de gymnastique – "j’ai arrêté parce que j’avais peur de monter sur la poutre" – et deux ans de modern jazz avec un professeure "assez dure" ont rythmé son enfance. Mais là encore, c’est par un chemin détourné qu’elle arrive dans la natation synchronisée. "Je voulais faire de la natation de course, mais il n’y avait plus de place. Je suis allée jeter un œil au cours de synchronisée et l’entraîneur était en train de crier. Ma mère m’a demandé si ça ne me faisait pas peur, je lui ai dit que je m’étais habituée aux cris (sourire)". Elles ont donc dépassé leur a priori et désormais on ne leur crie plus dessus. "A partir d’un certain âge, on n’en a plus envie", rigole Margaux, 23 ans. "Désormais les corrections qui nous sont faîtes sont dîtes sereinement" complète Laura.

Les débuts du duo

"On s’est rencontré quand on avait 12 ans, se souvient Laura, on était en stage de rassemblement des meilleurs jeunes de notre âge à Arcachon". Les années ont passé, mais les filles n’ont pas oublié. Une amitié qui naît, des contacts qui se nouent. Lors du deuxième stage à Poitiers, elles se retrouvent dans la même chambre, l’occasion de tisser des liens. "On a commencé à sympathiser, à mieux se connaître", assure Margaux. La rivalité qui naît n’altèrera pas leurs rapports. "Notre amitié a toujours été plus forte", rapporte Laura. De stages en compétitions, elle se renforce. La distance entre Angers et Aix n’y fait rien, les deux filles s’appellent régulièrement puis s’invitent en vacances chez l’une et chez l’autre. Quand on leur annonce qu’elles vont faire un premier duo, la joie est énorme. On est en 2007 et le duo dispute la coupe de la COMEN à Genève, épreuve réunissant les meilleures minimes du monde. "On était super heureuse, avoue Margaux, soulagée aussi puisqu’on avait été en concurrence toute l’année. On était super excitée de voir ce que notre duo pouvait donner, enfin on allait mélanger nos forces".

Ce n’est que six ans plus tard, en 2013, que le duo est officiellement institué chez les séniors. Elles remplacent Chloé Willhelm et Sara Labrousse. Pour elles, c’est la consécration. "Quand j’étais petite, raconte Laura, je ne pensais pas intégrer le duo, c’était tellement haut, c’est le top". Les filles espéraient sans trop y croire. Laura ne pensait pas aller "aussi loin", Margaux pensait "arrêter avant", retrouver un chemin plus classique, la fac, mener une vie étudiante, avoir un "cursus normal". Mais les voilà désormais aux portes du plus grand rendez-vous de leur carrière.

Rio, le Graal

Tous les sportifs vous le diront, les JO représentent un sommet dans une carrière. Comme pour le duo, Margaux avait du mal à se projeter jusqu’aux Jeux. "On le voit comme un truc inatteignable, estime-t-elle, c’est à peine croyable, quand on voit le chemin parcouru, que cela aboutisse avec Laura". A Rio, le duo vivra ses premiers et derniers JO. Laura confirme : "Après, ça ne sera plus comme avant, on va certainement arrêter le duo parce que ça fait trop, on a envie de préparer les jeunes pour Tokyo, on a envie de passer à autre chose. Cela fait 17 ans que je nage et faire ces JO avec Margaux, c’est vraiment un rêve que je n’avais jamais osé faire dans ma jeunesse". Au Brésil, les Françaises veulent surfer sur leurs bons résultats des derniers mois à l’image de leur troisième place au tournoi de qualification en mars dernier ou de leur quatrième place en duo libre aux championnats d’Europe à Londres. Mais de là à viser une médaille, il y a un gap qu’aucune ne veut franchir. "On ne va pas se contenter d’être qualifiées, mais on fait un sport compliqué avec une hiérarchie très installée, explique Laura. Gagner une place c’est déjà énorme. On veut battre certains adversaires et montrer que ce TQO n’était pas un coup de bol".

Bosseuses avant tout

Pour être prêtes pour Rio, le duo ne lésine pas. "Nous sommes celle qui avons le plus de créneaux d’entraînement, avance Laura. Au pentathlon, ils ont beaucoup de sport mais nous on peut rester cinq heures dans l’eau le matin et encore quatre heures l’après-midi". Pensionnaires de l’INSEP toutes les deux, elles sont complémentaires. "Laura c’est la hauteur, l’énergie, la gniaque", avance Margaux qui, elle, apporte "la souplesse, l’amplitude". "Si on a de belles chorégraphies, c’est grâce à elle", salue Laura. Avec son entraîneur Julie Fabre, le duo décide de tout : de la chorégraphie, à la musique. "Pour cette année, on cherchait un truc qui nous ressemblait, elle nous a fait écouter un truc et direct, on a adhéré", déclare Laura. Ce "truc", c’est Sambo do mundo de Gregor Salto.

"On voulait quelque chose qui apporte de l’énergie. L’an dernier, on s’était un peu trompé avec la valse de Jacques Brel. Là, on choisit ce thème en référence à Rio et c’est génial puisque dès qu’on finit notre chorégraphie, je nous y vois", avoue Margaux. La motivation et l’impatience sont palpables chez les deux filles qui porteront sur elle entre 500 et 1000€ avec leur maillot serti de Swarowski. Un détail pour Laura. Pas pour Margaux. "Ce n’est pas une vraie fille, rigole Margaux, le maquillage, tout ça, elle va un peu zapper". "Ce n’est pas trop mon truc, se défend Laura, si on faisait de la ‘synchro’ en maillot et bonnet noirs, ça m’irait très bien, c’est la performance qui prime". Margaux, elle, y prête beaucoup d’intérêt. « C’est le premier truc qu’on repère, les maillots, la musique…". Un mini désaccord qui les fait rire. Mais entre ces deux amies, il ne dure jamais longtemps. "C’est toujours agréable de nager avec de tels maillots, on est belle dedans" conclut Laura.

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