JO 2016 : Besson-Riou, un duo qui a le vent en poupe en voile
La rencontre
Tout débute en 1991 en Bretagne à Loctudy. Tous les ans se dispute dans cette côtière le 'National Optimist'. A l’époque, Marie Riou, la Brestoise et Billy Besson, le Tahitien ont 10 ans et ne se connaissent pas. "C’est la première fois que je venais en France", déclare le navigateur. Et déjà il affiche sa science de la voile. "Je me battais déjà avec les Bonnaud (Romain et Benjamin, ndlr), j’avais fini troisième", rappelle-t-il. Marie, elle, faisait "première ou deuxième fille". Mais leur route se croise et les trajectoires ne s’éloigneront jamais vraiment. "Au début, on se voyait sur les parkings puis au fur et à mesure, on a plus échangé. On grandissait et l’âge nous a aidé", explique Marie Riou. Les deux n’entretenaient pas de correspondance mais attendaient les compétitions internationales pour se retrouver durant une dizaine de jours. Vingt-cinq plus tard, les voilà associés pour les JO de Rio.
Le choix de Billy
Comment ce duo s’est-il formé ? A l’initiative de Billy. C’est l’homme qui a fait le premier pas. Nous sommes en 2012 avant les Jeux Olympiques de Londres. Le couple ne s’est jamais "réellement perdu de vue" raconte Marie, mais la fille née à Landerneau s’apprêtait à participer à ses premiers Jeux en Match-Race avec Claire Leroy et Elodie Bertrand. C’est là que le natif de Papeete fait sa demande. "En mariage", rigole Marie… Non, sans sentiment amoureux, mais avec une vraie envie de s’associer avec elle en Nacra 17, cette discipline en catamaran qui fera son arrivée à Rio. "Cela arrivait à Rio, je ne voyais que Marie pour m’accompagner, explique Billy, elle correspondait à ma façon de naviguer, à ma façon d’être aussi". La navigatrice, elle, est prise au dépourvu. "Je devais faire mon épreuve à Londres et je ne m’étais pas encore projetée vers un autre projet olympique". Surtout, elle allait se tourner vers la course en solitaire. Mais intriguée, elle se laisse tenter par le catamaran et réalise quelques tests. Les deux se sont "donnés un peu de temps pour voir si ça pouvait fonctionner", avoue-t-elle.
La route vers Rio
Après la sixième place à Londres de Marie, elle rejoint donc Billy dans ce nouveau projet. Les voilà partis pour un an. "On savait ce que c’était quatre ans, ce que ça impliquait. C’était dur de dire oui tout de suite", se rappelle Billy. "Si tu y vas, tu t’engages à fond, pas à moitié", enchaîne Marie. Le couple ne navigue pas "tant que ça" durant la préparation hivernale, retrace Marie, mais se retrouve quand même pour le trophée de la Princesse Sophia. Résultat, ils terminent quatrième. "On était assez satisfait de notre place car j’avais plein de choses à apprendre", assure la Brestoise. La consécration intervient quelques mois plus tard avec un premier titre mondial. Marie Riou a pu compter sur un parfait guide : "je lui demandais des conseils, il connaît sur le bout des doigts le catamaran, même si le bateau est nouveau avec des dérives un peu courbes… Le catamaran c’est son dada. Je me suis laissée guider. C’est comme ça qu’on a eu une progression et une adaptation assez rapide". L’organisation sur le bateau est assez simple. En schématisant, Billy Besson barre et Marie Riou s’occupe de la voilure. "Il n’y a pas vraiment de chef à bord, prévient le Tahitien, on essaie de partager les tâches, de trouver un équilibre sur le bateau". Marie Riou détaille avec une formule bien sentie : "c’est comme en rallye, il y a un pilote et un co-pilote… lui c’est le pilote, moi le co-pilote".
Le palmarès et les JO
En quatre ans, c’est autant de titres mondiaux qui sont tombés dans l’escarcelle du duo tricolore. "C’était assez inattendu vu notre parcours, estime aujourd’hui. Ce premier titre (2013), remporté aux Pays-Bas, ouvre les yeux à Marie qui saisit le véritable potentiel de l’attelage. Billy, lui, s’est satisfait de cette "adaptation parfaite". La confiance du couple, l’un envers l’autre, a été décuplée. Mais pour Billy Besson, l’important n’est pas forcément ce grand chelem au niveau mondial, mais plutôt "la façon dont Marie est passée du monocoque au multicoque". Mais le titre olympique doit forcément titiller les quadruples champions olympiques. "L’or olympique aurait forcément une saveur différente, c’est l’objectif majeur, le Graal", synthétie Riou. Pour cet événement, le couple n’a pas changé sa préparation et ne s’est pas affolé après l’échec à Hyères (6e) au printemps. "C'est bien que ça nous soit arrivé ici, on sait ce qu'il ne faudra pas faire à Rio", avait réagi Riou après cette déception. Très attendu à Rio, le couple veut démystifier cet événement que les deux surnomment "la régate". "On va essayer de prendre du plaisir et tant mieux si le podium est au rendez-vous", conclut Riou. Une façon toute en douceur d’amadouer ces Jeux qui auraient pu tourner court en raison d'une blessure au dos du Tahitien.
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