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Jérôme Alonzo: "Le foot a toute sa place aux JO"

L’ancien gardien de but de Saint-Etienne, Marseille, Paris ou Nantes est l’un des consultants football de France Télévisions pour ces Jeux de Londres. L’occasion de profiter de son franc-parler pour évoquer l’impact dans le monde olympique du sport le plus populaire.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Neymar (Brésil) (EDUARDO NICOLAU / AGENCIA ESTADO)

Jérôme, le football aux JO, est-ce vraiment indispensable ?
Jérôme Alonzo: Le foot a sa place aux JO, aucun doute là-dessus. Pour moi c’est un sport majeur. Pourquoi le foot n’aurait pas sa place et le basket aurait sa place ? Le foot draine beaucoup d’argent et amène beaucoup de stars mais ça ne va pas à l’encontre de l’esprit olympique. Je trouve qu’il a complètement sa place. Je trouve que la légitimité est égale par rapport à d’autres sports. Toutes les discussions qu’on peut avoir existent parce qu’il n’y a pas les stars au foot. Pourquoi y aurait-il le basket féminin et pas masculin ? Les basketteurs américains, les vraies stars du tournoi, ne jouent que deux grandes compétitions tous les quatre ans, le Mondial et les JO. Ils n’ont pas d’Euro l’année des JO. En plus ils ne jouent leur premier match de saison NBA que le 30 octobre. Tu as le temps de souffler après les JO. Alors que les championnats majeurs de football reprennent une semaine ou deux après les Jeux. Donc les Américains peuvent se permettre de mettre une Dream Team. Sans compter que ce choix de permettre à la Dream Team d’évoluer aux JO a été fait pour les Américains et pour permettre à la planète entière d’admirer les stars US. C’est un cas un peu à part et je trouve ça bien que le foot ait sa propre identité et son propre règlement.

Mais le football masculin mérite-t-il autant d’aller aux Jeux que le football féminin ?
JA: C’est vrai que les filles préfèrent gagner les Jeux Olympiques que la Coupe du monde de football, ce qui n’est pas le cas des garçons. Mais il faut reconnaître que la Coupe du monde féminine n’a pas le retentissement de la Coupe du monde masculine. C’est un fait, ce n’est pas de la misogynie. Mais sur les JO, je lis L’Equipe tous les jours et il n’y a pas grand-chose sur le tournoi masculin.

Que penses-tu du format de la compétition et du règlement ?
JA: Le format, je le trouve bien. Quatre poules de quatre, c’est correct, classique. Et pour ce qui est des stars ou non stars, je trouve que c’est bien parce que sinon, le foot aux JO souffrirait de concurrence avec d’autres événements. Cette année, il y a eu l’Euro. Et les mecs qui se sont tapés l’Euro pendant trois semaines ne vont pas faire les JO. C’est logique. Je pense que c’est bien de donner de l’exposition planétaire à des jeunes joueurs durant trois semaines. Moi, j’ai découvert des Gabonais que je n’aurais jamais connus autrement. Des Honduriens ou des Biélorusses également, des gars que je ne connaissais pas du tout. C’est bien qu’ils aient leur chance d’une exposition comme ça. Et je trouve ça bien qu’il y ait ces trois jokers. Si tu as envie, tu peux prendre « trois vieux ». Le Maroc n’en a pris que deux par exemple.

As-tu un regret particulier par rapport à ce tournoi ?
JA: J’ai un seul regret, l’absence de Beckham. Pour nous journalistes et consultants, c'était une vraie mauvaise nouvelle. Je suis complètement outré de la décision de Stuart Pearce. D’une part parce qu’il montre aux Etats-Unis, dans un championnat en plein essor, qu’il est toujours compétitif. D’autre part, il a plus de 100 sélections en équipe d’Angleterre. On dit qu’il n’est plus tout jeune mais Craig Bellamy et Ryan Giggs non plus. Et pour tout ce qu’il a fait pour son pays, pour le football, ça aurait été bien. Pour moi, c’est le Andre Agassi du football. Il nous a tous fait passer dans une autre dimension médiatique et financière.

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