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Frédéric Pietruszka : "L'escrime française est en déclin"

Le président de la Fédération Française d’Escrime a tiré un bilan sans concession de résultats de l’escrime tricolore à Londres. Il fait le constat de l’échec, parle de déclin, mais il met ça d'abord sur le compte de la mondialisation du sport ayant rapporté le plus de médailles à la France dans l’histoire olympique.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Frédéric Pietruszka, le président de la Fédération Française d'Escrime

« C’est résultat extrêmement décevant », a d’abord lâché Frédéric Pietruszka sans vouloir chercher d’excuses. « On savait que ce serait difficile. Les qualifications avaient déjà été difficiles avec deux équipes qui ne s’étaient pas qualifiées (épée féminine et sabre masculin, ndlr). On partait quand même avec un potentiel de 6-7 médailles. En général, on fait moitié moins soit 3-4 médailles », souligne-t-il avant d’expliquer les raisons de ce fiasco.

"Une énorme déception"

« Il est trop tôt pour en tirer des conclusions. Il faut faire une analyse avec les tireurs, l’encadrement. Mais il faut revoir notre système de parcours d’excellence sportive, d’entraînement. C’est une énorme déception surtout pour les athlètes qui se sont battus pour la plupart. Même quand il y a eu défaillance individuelle, on a été dans le combat. Sur ce match, Victor Sintes a malheureusement craqué dans ce qui était le match charnière de la rencontre. On a vu ça aussi avec les féminine. Prendre des scores aussi importants (11-1 ou 6-0), c’est quelque chose de pratiquement insurmontable. On a aussi ces gros problèmes à 14 partout : on perd quasiment tout le temps ces matches. On a identifié ce problème depuis très longtemps mais on n’a pas trouvé la solution. A nous de travailler pour redresser la barre ».

Puis il tente d’atténuer cette énorme déception pourtant prévisible. « On peut dire que nous sommes en déclin. D’autres nations sont en train d’apparaître. Il n’y a pas que la France qui soit en déclin : la Russie et l’Allemagne ont très peu réussi par exemple. L’Italie fait moitié moins bien que prévu (6 médailles quand même, ndlr). Il y a la montée d’autres pays avec les Asiatiques particulièrement, les Américains qui sont maintenant performants à toutes les armes. Mais c’est vrai que nous sommes les plus fragiles parmi les Européens et il convient de rechercher pourquoi. Aujourd’hui, je n’ai pas de réponse à cela », constate-t-il, un peu impuissant.

"Dans une spirale négative"

« Il y des malheureusement des fins de cycle et nous y sommes », insiste Frédéric Pietruszka. « Ca a été le cas du judo à Athènes, souvenez-vous. Il a bien su rebondir. Je crois que nous avons les moyens de rebondir. On a des jeunes qui sont performants comme Enzo Lefort sur ce match. On a vu Ysaora Thibus sur le fleuret féminin. On a vu que Yannick Borel s’était battu. On a des jeunes qui sont déjà prêts à prendre la relève. Mais il va falloir fournir un gros travail pour revenir au niveau des meilleurs ».

« Quand on est dans une spirale négative, c’est très difficile », se défend le boss de la FFE. « Les athlètes les plus fragiles craquent. Mais ces défaillances individuelles sont dures à expliquer. Certains se sont battus tout de même mais ils n’avaient plus les armes pour faire un résultat. Depuis le début de la semaine, il y a eu des comportements différents. Pour les sabreurs, c’était difficile parce qu’ils étaient touts seuls ici, sans équipe. Ils étaient davantage en difficulté. Mais c’est vrai qu’ils ont fait des premiers matches décevants ». 

"Il y a eu une déstabilisation de l'équipe de France"

Et maintenant ? « Est-ce qu’on installe nos athlètes dans un trop grand confort ? Ils ne semblent pas avoir le fighting spirit des Américains ou des Asiatiques. Il va falloir répondre à ces questions. Chacun va assumer ses responsabilités. Il y a sans doute des choses à revoir à l’entraînement. Mais dire que les athlètes sont mal préparés, ce n’est pas vrai. Ils ont tous les moyens mis à leur disposition. Ils font toutes les compétitions de Coupe du monde. On a un entraîneur plus un entraîneur adjoint par armes. On a un staff médical performant. On a un bon armurier. Ceux qui le souhaitent peuvent bénéficier d’une préparation psychologique à l’Insep. Après, est-ce que l’encadrement a pêché par carence de management ? », s’interroge-t-il, agacé par les critiques entendues depuis quelques mois.

« Tous ceux qui participent à la déstabilisation de l’équipe de France d’escrime ont vraiment œuvré à ces résultats négatifs », prévient-il. « Je ne cible personne pour l’instant. Je n’annonce pas de bouleversement maintenant. Il y a un DTN. C’est à lui de voir s’il y a lieu de changer des choses. Bien entendu je lui donnerai mon point de vue mais ce n’est pas à moi de changer les choses. Je suis un élu et je ne veux pas me mêler de technique. Ce n’est jamais bon de prendre des décisions à chaud. Et je ne veux pas vous dire si je vais me représenter ou pas. Vous le saurez plus tard ».

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