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Escrime : "J’étais seule, je pleurais, je m’interrogeais sur ces cinq années durant lesquelles je m’étais investie pour rien", témoigne Ysaora Thibus au sujet de sa défaite aux JO de Tokyo

Éliminée au deuxième tour de l'épreuve individuelle aux Jeux de Tokyo, la fleurettiste a raconté au Parisien sa difficulté à gérer cette désillusion. 

Article rédigé par franceinfo: sport, Apolline Merle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
Ysaora Thibus, lors de l'épreuve de fleuret par équipe, le 29 juillet 2021, lors des Jeux olympiques, à Tokyo.  (CROSNIER JULIEN / KMSP / AFP)

Pour Ysaora Thibus, les Jeux olympiques de Tokyo ont été une épreuve douloureuse. Bien qu'elle ait décroché une médaille d'argent olympique en fleuret par équipe le 29 juillet 2021, la fleurettiste est passée à côté de l'épreuve individuelle, et a été éliminée au deuxième tour. Une désillusion pour Ysaora Thibus qui, malgré la médaille par équipe, est revenue de Tokyo le cœur lourd et psychologiquement à bout. 

Dans une interview accordée au Parisien, publiée jeudi 25 novembre, Ysaora Thibus raconte "ses pleurs", "ses moments de détresse" et sa "reconstruction" après les Jeux de Tokyo. "C’est peut-être dur à entendre de la part d’une athlète médaillée, mais je n’arrive pas à considérer mes Jeux comme réussis", tranche-t-elle.

Les Jeux, une épreuve d'une intensité rare

Après la compétition, "je ne voulais plus entendre parler d’escrime. J’ai repoussé plusieurs fois la reprise de l’entraînement. J’ai pris quatre mois pour retrouver l’envie. Je me suis écoutée, j’ai pris soin de ma santé mentale et j’assume cette période de fragilité", témoigne celle qui se dit aujourd'hui prête à se replonger dans une préparation olympique, "en acceptant de ne pas savoir ce qu’il y aura au bout".  

Si cette "fragilité" est apparue chez la fleuriste, c'est notamment parce que les Jeux olympiques sont une compétition unique, dont la dimension mentale ne ressemble à aucune autre épreuve sportive. "On se prépare à être efficace un jour précis qui arrivera dans quatre ans. (...) Quand je perds au deuxième tour de l’épreuve individuelle, alors que je suis vice-championne du monde, je dois encaisser tout de suite. J’étais seule, je pleurais, je m’interrogeais sur ces cinq années durant lesquelles je m’étais investie pour rien", confie Ysaora Thibus. 

La santé mentale, un sujet tabou

Avec cette prise de parole, Ysaora Thibus veut aussi casser les tabous. "La santé mentale ne doit plus être un tabou ni pour le sportif, ni dans la société. Je veux m’engager pour banaliser ce sujet. L’athlète n’est reconnu qu’à travers ses médailles. Il doit être fort, déterminé, motivé. On nous présente comme des personnes infaillibles. C’est faux : un athlète a aussi ses faiblesses. Ça lui arrive de ne plus avoir envie, et c’est sa capacité à gérer ces variations qui fait de lui un exemple", défend la fleurettiste. 

"Pour un athlète comme pour tous : prendre soin de sa santé mentale est crucial."

Ysaora Thibus, fleurettiste

au Parisien

"Il m’a fallu du temps pour guérir de cette blessure mentale, poursuit-elle, mais elle m’a fait réaliser que je dois en parler. Il n’y a pas de honte à avoir. Nous devons tous en prendre soin au quotidien." Suivi par une psychologue depuis 2018, Ysaora Thibus défend l'importance d'un accompagnement mental pour les athlètes de haut niveau. Et le travail est encore long selon elle. "Dans le sport - surtout en France - l’importance du suivi psychologique n’est pas encore vraiment intégrée. La prise en charge des séances chez un psychologue ne va pas encore de soi", estime la vice-championne par équipe.

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