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Des chantiers de Rio-2016 auraient fait l'objet de pots-de-vin pour obtenir les contrats

En plein scandale de corruption du pétrolier Petrobras, à l'origine de la crise politique qui secoue le gouvernement de Dilma Rousseff, le plus puissant groupe de BTP du Brésil, Odebrecht, est lui-aussi pris dans la tourmente. Harcelé par la justice, il a annoncé la "collaboration définitive" de ses dirigeants, sur lesquels planent dessoupçons de pots-de-vin pour obtenir des chantiers pour les Jeux Olympiques de Rio en 2016, et aussi la construction du stade de Sao Paulo pour le Mondial de foot.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
Le métro de Rio de Janeiro en plein travaux pour son extension en vue des Jeux Olympiques (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

Des politiques "arrosés" à coups de millions de reals, des marchés obtenus grâce à des pots-de-vin, le géant du BTP Odebrecht tremble sur ses fondations. Et les Brésiliens voient apparaître l'ampleur du problème, et surtout la dimension de la corruption qui gangrène le pays. Un système qui aurait également touché les deux grandes organisations d'événements sportifs récents que sont la Coupe du monde de football en 2014, et les Jeux Olympiques à Rio cet été. 

L'établissement d'un large cartel dans le BTP pour truquer et surfacturer les marchés​

L'enquête a démontré qu'Odebrecht avait pris la tête d'un cartel regroupant les autres géants brésiliens de la construction pour truquer et surfacturer les marchés de sous-traitance du géant étatique pétrolier. En contrepartie, des pots-de-vin étaient versés aux directeurs indélicats de Petrobras, désignés par les partis politiques de la coalition de centre gauche au pouvoir. Des rétro-commissions finançaient en retour les campagnes de partis ou de candidats, quand elles ne garnissaient pas leurs comptes bancaires secrets à l'étranger. Au moins deux milliards de dollars ont été siphonnés des caisses de Petrobras, le fleuron industriel du Brésil.

Les enquêteurs soupçonnent ainsi des versements de pots-de-vin pour obtenir le marché de la construction du stade Arena Corinthians de Sao Paulo, qui avait accueilli la cérémonie et le match d'ouverture du Mondial-2014. Une enceinte qui devait initialement coûté 335 millions de reals (81.5 millions d'euros), mais qui a finalement nécessité un investissement de 1.07 milliards de reals (plus de 260 millions d'euros), soit une augmentation de 820 millions notamment dûe à des exigences de la FIFA avec un "oubli" de 35 millions de dollars (129 millions de reals soit environ 31.3 millions d'euros) pour ajouter des gradins temporaires le temps de la Coupe du monde.

Le patriarche de la famille Odebrecht menace de balancer

Dans le cadre des construction pour les Jeux Olympiques de Rio, les enquêteurs soupçonnent également la société Odebrecht de s'être livrée à des pratiques identiques, notamment dans la construction de la ligne 4 du métro (qui a pris du retard) mais aussi le chantier de revitalisation du port. Selon le journal O'Globo, citant des sources policières, des documents saisis dans l'entreprise montreraient que les largesses de la société auprès de la classe politique (200 politiciens de 18 partis politiques entre 2012 et 2014) remonteraient à 1988. 

Placé sur la sellette, Emilio Odebrecht, ancien patron de l'entreprise et patriarche de la famille, dirait en privé, selon les confidences recueillies par les médias brésiliens: "S'ils arrêtent Marcelo (son fils), ils devront construire trois cellules de plus, une pour moi, une pour Lula et une autre pour Dilma". L'ancien président du Brésil, et l'actuelle présidente, sont tous deux pris dans une tempête politique, avec une procédure de destitution en cours au Parlement contre Dilma Rousseff, laquelle aurait vu son ministre des Sports démissionner cinq mois avant les JO.

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