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Le ministre des Sports du Brésil démissionne à cinq mois des Jeux Olympiques

Dans un contexte politique tendu où le parlement examine une procédure de destitution à l'encontre de la président Dilma Rousseff, George Hilton, ministre des Sports, a démissionné, a annoncé le secrétaire général de la présidence, Jacques Wagner. Il ferait les frais d'un accord politique entre la présidente, membre du Parti des Travailleurs (PT), et le Parti républicain (PRB). A cinq mois des Jeux, l'annonce est surprenante.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Pour tenter de conserver sa place à la présidence du Brésil et ne pas être destitué, Dilma Rousseff a décidé de changer de ministre des Sports. Le secrétaire général de la présidence, Jacques Wagner, a en effet annoncé que George Hilton, le ministre des Sports, démissionnait, selon Globo. Devant les correspondants étrangers, il a en revanche déclaré ne pas avoir "d'information définitive" sur cette démission, tout en assurant que si c'était le cas, "il serait opportun que le ministère soit confié à Ricardo Leyser, du PCdoB (parti communiste), qui accompagne depuis le début tout le processus des jeux Olympiques".

En place depuis 1er janvier 2015, Hilton ferait les frais, selon O Globo, d'un accord entre la présidente, qui fait partie du Parti des Travailleurs, et le PRB, alors que ce dernier avait annoncé la semaine dernière ne plus soutenir le gouvernement. Hilton, qui était au PRB, avait du coup changé de parti pour conserver son poste et avait adhéré au PROS. Cinq jours après, son ancien parti semble avoir eu sa tête.

Selon O Globo, Dilma aurait obtenu le vote des 12 membres du PRB à l'Assemblée, en échange du départ de Hilton. Le PRB s'en défend, mais le départ du ministre des Sports, à cinq mois de l'ouverture des Jeux Olympiques à Rio, les premiers disputés en Amérique du Sud, est un fait important. D'autant qu'il n'est pas le premier à quitter ses fonctions, puisqu'Orlando Silva avait quitté le poste (qu'il occupait depuis 2006, déjà sous Lula) le 26 octobre 2011, remplacé par Aldo Rebelo qui était lui-aussi parti fin 2015 pour laisser son siège à George Hilton

Lire aussi: Brésil: Lula peut-il encore sauver le soldat Rousseff ?

En pleine crise économique (un taux de chômage à 8.2%, soit le plus haut depuis 2009, et un PIB en recul de 3.8% soit la plus forte baisse depuis 25 ans), le Brésil traverse également une crise politique sans précédant. Accusée d'avoir falsifié les comptes du gouvernement, Dilma Rousseff, dont le parti (PT) est englué dans un scandale de corruption autour de la société pétrolière Petrobras, fait l'objet d'une procédure de destitution au Parlement. Son prédécesseur, Lula, lui-aussi soupçonné par un juge d'avoir participé aux affaires de corruption de Petrobras, a été interpellé au début du mois par la police avant d'être relâché.

Des manifestations monstres contre le gouvernement

Pour éviter le risque d'être traduit devant la justice (une écoute téléphonique entre Dilma et Lula renforce les soupçons), Dilma Rousseff l'a nommé chef de son cabinet, mais cette nomination a été suspendue par un juge, et cette suspension confirmée par le Tribunal Suprême Fédéral (STF), les tribunaux estimant que cette nomination était "une forme d'obstruction des mesures judiciaires". Car les membres du gouvernement, comme les parlementaires, ne peuvent répondre de leurs actes que devant les juges du Tribunal suprême fédéral. Trois millions de Brésiliens avaient manifesté contre le le gouvernement le 13 mars lors de manifestations d'ampleur historique.

A cinq mois des Jeux Olympiques, le Brésil est au bord du chaos. George Hilton a quitté le ministère des Sports, et devrait être remplacé par Ricardo Leyser, secrétaire d´État chargé du Sport de haut niveau.
Il est considéré comme l´homme fort du gouvernement dans l´organisation des jeux Olympiques, qui auront lieu à Rio du 5 au 21 août. C'est lui qui sera en première ligne dans le sprint final vers les JO de Rio. Dans un contexte bien compliqué.

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