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JO 2022 : blessée au genou il y a trois semaines, comment Sofia Goggia peut quand même prétendre à l'or olympique en descente ?

La skieuse italienne avait été championne olympique de la descente à Pyeongchang il y a quatre ans. Malgré une blessure à un genou, Sofia Goggia se présente à Yanqing pour conserver son titre.

Article rédigé par Quentin Ramelet - De notre envoyé spécial à Yanqing
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Sofia Goggia, dans le portillon de départ de la descente à l'occasion du dernier entraînement avant la course olympique qui s'élancera dans la nuit du lundi au mardi 15 février (départ à 4h00). (FABRICE COFFRINI / AFP)

Dimanche 23 janvier 2022. À un peu plus de trois semaines de la descente olympique, tout le monde retient son souffle lorsque Sofia Goggia perd le contrôle de ses spatules à très vive allure alors qu'elle file vers un nouveau podium en super-G. La chute est spectaculaire. La stupeur, totale. Chez elle, à Cortina d'Ampezzo, la championne olympique en titre de la descente reste au sol quelques minutes et semble souffrir du genou après un violent écart. Le diagnostic tombe rapidement : une entorse du genou droit et une légère fracture du péroné. Pas de forfait pour autant aux Jeux. L'Italienne y croit malgré l'ampleur des dégâts. 

Le chrono est donc lancé. Car là encore, pour l'Italienne de 29 ans, c'est une histoire de course contre-la-montre, probablement la plus importante de sa carrière. Cette fois-ci, elle n'est pas complètement maîtresse de son destin, comme lorsqu'elle débaroule à plus de 100 km/h sur les pentes du circuit. L'objectif de ce nouveau défi est énorme : être opérationnelle le mardi 15 février pour la fameuse descente olympique. Nous y sommes, et Sofia Goggia portera bien un dossard dans le portillon de départ de la descente de Yanqing.

Pour moi, les JO représentent un absolu. Je ne voudrais être nulle part ailleurs, peu importe mon état de santé.

Sofia Goggia, championne olympique en titre de la descente

en zone mixte

Une première victoire et quelques démons remis au placard. Oubliés les Mondiaux de Cortina l'an passé, que Sofia Goggia avait ratés déjà à cause d'une blessure au genou survenue juste avant l'événement. Là, si l'Italienne, qui avait rechaussé les skis pour la première fois le 5 février, a préféré se préserver en ne participant pas au Super-G vendredi dernier, c'est qu'elle était tout de même consciente qu'elle devait se ménager un maximum d'ici la descente. C'est chose faite, et les traditionnels entraînements précédents la course (12e temps samedi et 4e lundi, celui de dimanche ayant été annulé) l'ont clairement rassurée.

Et évidemment, ce retour aussi précoce a autant impressionné que fait jaser. Car tout le monde s'est posé la même question : comment a-t-elle pu revenir sur les skis aussi vite ? Notre consultante, Carole Montillet, a la réponse : "Ce n'est pas une blessure aussi grave que ça. Puis, avec du kiné et tout ce qui peut exister aujourd'hui, il est possible d'atténuer la douleur. Ils lui ont fait un pansement en gros pour pouvoir être compétitive."

Un come-back éclair rendu possible aussi parce qu'elle est spécialiste de la vitesse. "Ce serait en slalom, ça n'aurait pas été faisable, précise notre experte. En descente, les appuis sont vachement plus doux. Tu mets des appuis plus francs et plus violents dans les courses techniques où ça tourne davantage. En vitesse, tu peux vraiment doser. Du coup, l'appui est moins violent sur la languette, c'est moins traumatisant pour les ligaments et les articulations." Si elle a confié ressentir encore quelques petites douleurs, elle répondra bien présente.

"Elle peut gagner"

D'ailleurs, Sofia Goggia n'est pas du genre à "participer". Elle court pour gagner. Mardi matin, comme à son habitude, elle se présentera avec un seul objectif en tête. "Elle est au-dessus du lot quand elle est à 120% mais je pense qu'elle peut gagner, nous affirme la championne olympique de la descente en 2002. L'ayant vécu, quand tu rentres dans la cabane de départ, tu n'as plus de douleur. Et sa marge, cette année, lui permet toujours d'être une sérieuse prétendante."

Car cette saison, en Coupe du monde, il y a Sofia Goggia, et les autres. En vitesse, elle ne compte pas moins de quatre victoires en descente (sur cinq courses disputées) et deux succès en super-G. Irrésistible sur ses spatules, c'est aujourd'hui la référence absolue dans la discipline. "C'est une teigne, une acharnée et ce n'est pas du tout péjoratif de le dire", poursuit Carole Montillet, admirative de la skieuse lombarde, plus complète que personne d'autre.

Elle a un ski très puissant. Elle n'a peur de rien, elle a un tempérament de feu et pour elle, ça ne va jamais assez vite ! (rires) Elle a la technique parfaite et elle a passé un vrai cap cette saison parce qu'elle fait beaucoup moins de fautes qu'auparavant. Elle taille des courbes comme personne et c'est pour ça qu'elle a vraiment de l'avance sur les autres.

Carole Montillet, consultante France Télévisions

à Franceinfo: sport

Si notre consultante nous assure "qu'elle n'a pas encore détrôné Lindsey Vonn" dans la hiérarchie des meilleures descendeuses de l'histoire, Sofia Goggia fait face à son destin. Ce mardi, à 4 heures du matin en France, l'Italienne visera un doublé historique. Et si le soleil est attendu au-dessus des montagnes rocheuses de Yanqing, il ne faudra pas rater une étoile filante en particulier. Pour la reconnaître : elle est Italienne, elle portera du bleu et, soyez-en sûrs, elle ne boitera pas.

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