ENTRETIEN. JO 2022 : "Le podium de 2018 était désagréable, mais il a rendu notre titre olympique encore plus beau", confient les champions olympiques Cizeron-Papadakis
Dans la foulée de leur titre olympique, Guillaume Cizeron et Gabriella Papadakis se sont confiés à franceinfo: sport.
Quatre ans après leur deuxième place aux Jeux olympiques de Pyeongchang, Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ont remporté à Pékin, lundi 14 février, la médaille d'or olympique en danse sur glace, le seul titre qu'il manquait encore à leur remarquable palmarès.
Vingt ans après le sacre de Marina Anissina et Gwendal Peizerat à Salt Lake City, ils sont devenus les seconds Tricolores à glaner l'or en danse sur glace. Mardi 15 février, Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, médailles d'or autour du cou, sont revenus pour franceinfo: sport sur ce titre qu'ils espéraient tant. Entretien.
Franceinfo: sport : Au lendemain de votre premier titre olympique, comment vous sentez-vous ? Est-ce que vous réalisez ?
Guillaume Cizeron : On commence à réaliser. Depuis lundi, nous sommes un peu dans un tourbillon médiatique. Je pense qu'on ne va pas vraiment réaliser avant de rentrer chez nous, et retrouver notre quotidien. Pour le moment, nous sommes encore dans le rêve et l'effervescence.
Gabriella Papadakis : Il y avait tellement de tension jusqu'à la fin de la compétition, qu'actuellement on relâche toute cette pression. Surtout, cela faisait quatre ans que nous ressentions cette pression, alors aujourd'hui il faut se réadapter à une autre réalité, sans cet objectif de médaille.
Pour la première fois dans votre carrière, La Marseillaise a retenti aux JO pour vous. Comment avez-vous vécu ce moment ?
GC : Ce fut un beau moment. C'était très symbolique de recevoir la médaille d'or. On a entendu La Marseillaise plusieurs fois dans notre carrière, mais celle-ci, on l'attendait avec impatience. On avait hâte de vivre ce moment. On a essayé de capturer l'instant pour savourer.
Justement, vous êtes quadruples champions du monde et quintuples champions d'Europe. Cette Marseillaise avait-elle un goût particulier ?
GP : Oui, parce qu'on se souvenait tellement des Jeux de Pyeongchang en 2018, de cette cérémonie des médailles qui avait été très difficile. On avait été très déçu, et on avait pas eu le temps de digérer nos émotions. On était encore dans la déception d'être passé à côté de la médaille d'or, pour si peu.
Donc en 2018, être à la cérémonie des médailles, sur le podium, et entendre l'hymne canadien... ce n'était pas celui qu'on voulait entendre. Je me souviens de ce moment comme quelque chose de désagréable. Le fait de revivre une cérémonie quatre ans plus tard sur la première marche du podium a rendu le moment d'autant plus beau.
La pression qui pesait sur vos épaules était énorme. Tout le monde vous voyait en or avant même le début de la compétition. Surtout, vous avez été le dernier couple à concourir lors du programme libre. Comment avez-vous géré la pression ?
GP : La pression, c'est surtout nous qui nous la mettions car on voulait tellement cette médaille d'or. On savait que l'on n'accepterait rien d'autre. Donc cela a rendu la tâche d'autant plus difficile et la pression d'autant plus forte. Mais je pense que toutes nos années d'expérience nous ont aidés. C'est une gymnastique mentale assez énorme pour ne pas se laisser envahir par le stress et l'anxiété. Et cette capacité-là, nous l'avons développée au fur et à mesure de notre carrière.
A la fin de votre programme libre, on a senti le soulagement sur vos visages avant de voir apparaître des sourires. A ce moment-là, vous saviez déjà que l'or était à vous ?
GP : Honnêtement, à ce moment-là, je ne pensais pas à la médaille. Je voulais simplement bien patiner. Nous n'avons tellement pas de contrôle sur ce que font les autres, ou sur ce que vont penser les juges, que j'étais focalisée sur le fait de bien patiner. A la fin de notre programme, j'étais juste heureuse d'avoir réussi. Quand les résultats sont tombés, je n'étais même pas redescendue de ce moment de joie et de fierté d'avoir fait ce qu'on voulait, comme on voulait. Ensuite, tout est allé très vite.
Ce titre vient récompenser votre travail acharné, votre longue collaboration, mais aussi votre touche personnelle, celle de la créativité artistique et de la prise de risques dans vos programmes. Ainsi, vous participez à faire évoluer votre discipline, encore sujette à de nombreux clichés.
GC : On a toujours voulu rester authentique, et essayer de faire des programmes qui nous ressemblaient, en apportant des touches personnelles. On a toujours voulu essayer de faire des choses de notre époque, modernes, qui allaient toucher les gens d'aujourd'hui. On s'est jamais conformé à une certaine image du patinage.
En France, on a cette culture de se tourner vers de nouvelles choses. On a baigné très jeune dans cet état d'esprit de réaliser des choses qui sortent de l'ordinaire, qui sont avant-gardistes. D'ailleurs, je pense que les patineurs français ont cette réputation dans le monde, quitte à faire parfois des choses un peu étranges, que les gens ne comprennent pas toujours (rires).
Cela a amené une sorte de fraîcheur à notre sport qui souffre un peu de certains clichés.
Guillaume Cizeronà franceinfo: sport
Cette image que l'on a qui remonte aux années 1980, de quelque chose d'un peu kitsch, a fait partie du sport à un moment donné, mais on sent que la discipline évolue vers autre chose. Les patineurs d'aujourd'hui ne ressemblent pas du tout aux patineurs d'il y a cinq ans. C'est d'ailleurs assez impressionnant de voir l'évolution rapide de la danse sur glace.
Lors des années olympiques, la prise de risques est généralement faible, les patineurs respectant une certaine norme dans leurs programmes. Pourtant, à Pékin, vous êtes les seuls une nouvelle fois à être sortis des sentiers battus. En quoi était-ce important pour vous ?
GC : Aux Jeux, nous sommes regardés par plus de téléspectateurs que d'habitude, et nous représentons notre pays. On sait aussi qu'on aura un impact sur ce que les gens vont penser de la danse sur glace. On a donc une certaine responsabilité. Ensuite, du point de vue personnel, on sait que pour gagner nous devons prendre des risques. Toutefois, ce sont des risques mesurés, décidés avec notre équipe. Nos thèmes sont choisis avec soin.
On part toujours du principe que si notre programme nous inspire, et qu'on le trouve beau, d'autres aussi le trouveront beau. On fait confiance à notre instinct et à notre propre jugement. On sait que ce parti pris a payé dans le passé, et que même en étant un peu audacieux, quand les choses sont prêtes, les programmes rodés, et que tout est choisi avec soin, cela fonctionne. Que le public aime ou non, on n'a pas envie que les gens restent indifférents à nos prestations.
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