: Reportage Paris 2024 : à un an des Jeux, les acteurs de la voile font leur répétition générale lors du test event à Marseille
Il n'est pas encore huit heures du matin, dimanche 9 juillet, que le ballet des accrédités s'organise le long des barricades installées tout autour de la base nautique du Roucas-Blanc. C'est ici, à deux pas du Prado et du parc Borély, que les athlètes du monde entier ont rendez-vous pour le test event de voile olympique, le premier du genre organisé par Paris 2024.
Une large banderole est exhibée devant le site : "la ville de Marseille a été sélectionnée pour accueillir les épreuves olympiques de voile." À l'intérieur, l'effervescence est là pour ce premier jour de compétition.
Un défi logistique pour les organisateurs
D'un pas rapide, Cédric Dufoix rejoint le centre opérationnel, en face de la rade. Responsable des sites olympiques du sud de la France, il détaille les secrets du centre de commandement de l'événement et nous fait faire un tour des lieux. "On fait en sorte d'appliquer tous les process comme aux JO afin de tout tester et de déminer petit à petit les procédures", explique-t-il. "Là, il y a une cellule de crise comme dans toutes les enceintes, juste à côté une cellule qui s'occupe du management de la compétition, un PC sécurité... L'enjeu, c'est de pouvoir ensuite dupliquer tout cela puissance 10 à Paris sur 15 jours." Avec un accent mis sur l'éco-responsabilité ou la parité via de "nouvelles normes innovantes à Paris."
En tout, 1 200 personnes, athlètes compris, sont mobilisées lors de ce test event. Sur site, trois unités ont déjà été livrées et trois doivent l'être d'ici à la fin d'année. Les infrastructures reviendront ensuite à la ville de Marseille pour la gestion de ses activités voile.
La marina du Roucas-Blanc pas encore prête à 100%
L'œil fixé sur le défilé des délégations qui arrivent dans la base nautique, Nicolas Novara sait que cette première journée de course "Paris 2024" revêt un caractère médiatique important. En tant que "Sport Sailing Manager", il a en charge le bon respect des règles de course sur l'eau. S'il regrette à demi-mot que la marina ne soit pas à 100% opérationnelle dès ce mois de juillet, il assure que ce test event "va faire en sorte d'être au bon niveau de service l'an prochain".
À quai, 14 bateaux sont réservés aux jurys des différentes épreuves. L'an prochain, ils se mêleront à une flotte de 150 navires présents pour livrer les courses et veiller à la sécurité des déplacements dans le périmètre sécurisé, sans compter le renfort de l'État et du préfet maritime. "Un tiers des bateaux de l'organisation seront dotés de moteurs électriques", explique Novara, devançant toute interrogation sur le plan environnemental. "Nous aurons également des bouées autonomes pour le balisage, qui n'ont pas d'ancres et n'arrachent pas les fonds marins."
Derrière les hangars qui jouxtent la digue, où les staffs des différentes nations engagées tentent de profiter d'un peu d'ombre, le personnel s'active sur la plage, reconvertie en zone de mise à l'eau pour la planche à voile et le kitesurf. Sous un épais barnum blanc, l'aire de stockage du matériel, Laurie aiguille un par un les athlètes, en français et en anglais.
Dans un sourire, la jeune femme de 38 ans, employée par l'un des partenaires officiels des Jeux, confie "sa chance d'être ici". "Beaucoup rêveraient d'être à ma place alors j'ai envie de faire les choses comme il faut, d'être la plus utile possible", confie-t-elle. "On a déjà identifié qu'il faudra une tente deux fois plus grande l'an prochain, avec un espace atelier pour que les équipes puissent préparer ou réparer leurs planches. Il faudra aussi prévoir en amont les étiquettes avec les nations, les noms etc."
À ses côtés, François et Dominique font preuve de tout autant de sérieux. Ces deux retraités férus de voile font partie des 170 volontaires présents au Roucas-Blanc ce dimanche. Le premier, 68 ans, est venu de Lyon pour l'événement. En février, il a déjà participé en tant que bénévole aux derniers Mondiaux de ski alpin à Courchevel et Méribel. "Pour nous, faire un peu partie de la machine des Jeux, c'est prestigieux. On fait remonter les problématiques, on partage des bons moments avec des personnes d'horizons différents..."
Dominique, 72 ans, est lui venu à vélo depuis la Pointe-Rouge, un quartier du 8e arrondissement de Marseille, non loin de la base nautique. Questionné sur la grogne de plusieurs habitants qui ne pourront plus profiter de toute la plage pendant la semaine - puis l'été prochain - il invite à un peu de calme : "ça sera temporaire. Par contre, Paris 2024 sur le Vélodrome, il risque d'y avoir des réticences ici !"
Les athlètes aussi se familiarisent avec le protocole olympique
Côté compétition, les deux représentants français en kitefoil en terminent, avec des fortunes diverses. Lauriane Nolot a pu prendre le départ mais a dû revenir à terre en raison d'un vent trop capricieux. Elle devra donc rattraper les manches non-disputées sur les journées de lundi et mardi, avec non plus quatre mais six sessions de course à disputer et environ trois heures de temps à passer en mer. Si les conditions le permettent...
Axel Mazella, son homologue masculin, a eu un peu plus de chance puisqu'il a remporté la première manche avant, lui aussi, de devoir regagner la terre ferme. "Je suis content de mon entrée en matière mais c'est vrai que c'est compliqué, le vent n'est pas très établi. Cela fait partie des particularités de ce plan d'eau. Les vagues, le courant, le clapot avec la corniche... Tout ce remous, ça fait comme une bouilloire et on le sent particulièrement avec notre aileron, notre foil, car nos appuis sont beaucoup moins stables. Il faut être bien gainé pour rester sur sa planche."
L'athlète de 26 ans qui habite à Hyères, à une heure de Marseille, entend surtout, jusqu'à la fin de la compétition, profiter de cette expérience du test event pour se familiariser avec le protocole olympique. "Nous les kiteux, c'est la première fois qu'on rentre aux Jeux en 2024. On doit se familiariser avec toutes les règles et le protocole que l'on ne connaissait pas car à la base on est un sport amateur. On fait aussi remonter des informations auprès de l'organisation qui n'est pas forcément familière de notre discipline."
Apprendre à gérer la pression. Éviter les impairs techniques. La formule vaut pour tout le monde cette semaine à Marseille. Car le faisceau de lumière des JO est pointé sur eux et, selon toute vraisemblance, ne devrait s'éteindre que dans un peu plus de 12 mois.
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