Paris 2024 : à Marseille, le premier test event de voile est "l'objectif de l'année" pour Philippe Mourniac, le directeur de l'équipe de France de voile olympique
Malgré le soleil de plomb, ils sont tout de même quelques-uns à oser se frotter à la chaleur caniculaire qui règne sur Marseille, samedi 8 juillet, pour peaufiner leurs derniers réglages. Car à partir de ce dimanche – et jusqu'au 16 juillet – c'est la compétition qui attend les stars de la voile olympique.
Sur la marina du Roucas-Blanc, athlètes comme membres des staffs et bénévoles se tiennent prêts pour le premier test event estampillé "Paris 2024". Un moment fort à un peu plus d'un an du coup d'envoi des Jeux (26 juillet au 11 août 2024). Et alors que les médias répètent à l'unisson les mêmes mots d'ordre – "répétition générale" avant les choses sérieuses dans un an – il y en a un pour qui cet événement relève avant tout de l'aspect sportif et compétitif.
Multipliant les allers-retours le long de la base nautique, Philippe Mourniac, le directeur de l'équipe de France de voile olympique, a répondu aux questions de franceinfo: sport.
Franceinfo: sport : que représente pour vous ce test event, ainsi que pour les 14 représentants tricolores engagés ?
Philippe Mourniac : C'est un temps fort, assurément. C'est la première et seule répétition qu'on aura avant les Jeux olympiques, dans des conditions assez proches. Au niveau de l'organisation de l'équipe, on veut obtenir le maximum d'enseignements sur des choix qu'on a déjà faits, qu'on va appliquer cette année, et sur tout ce que l'on peut encore mieux faire. Ensuite, si l'on revient aux athlètes, depuis le début de l'année on a déclaré haut et fort que l'objectif de l'équipe de France c'était ce test event. On veut vraiment chercher de la performance ici.
Est-ce qu'il y a beaucoup de changements sur le plan logistique entre ce test event et les autres compétitions ?
Oui, déjà il n'y a qu'un représentant par série. En kite ou en planche à voile IQfoil, on a quasiment quatre ou cinq athlètes dans le top 10 mondial. Là, il n'y en a qu'un, il faut faire un choix. Quand on est sur un championnat "classique", où dans chaque série il y a plusieurs athlètes qui sont en concurrence les uns avec les autres, il y a une compétition entre tous les aspirants au collectif France. Ici, avec un test event comme celui-là, la notion d'équipe de France prend toute sa valeur. Tout le monde a en tête les Jeux. Pour autant, ce n'est pas parce qu'un équipage ou un athlète va gagner cet événement qu'il va gagner l'an prochain aux JO, il faut déjà qu'il se sélectionne (le test event n'est pas qualificatif). Mais il aura quand même mis son empreinte, en montrant à Marseille qu'il est en capacité d'être très performant.
En revanche, il n'y aura pas le soutien du public tout au long de la semaine, qui n'a pas été autorisé sur la compétition...
Ce qui peut être compliqué en ouvrant au public sur la marina, c'est qu'il y a quand même beaucoup de matériel et que tous les aménagements ne sont pas totalement finalisés. Maintenant, malgré cela, on passe d'un sport qui est confidentiel toute l'année à un sport qui se retrouve hyper médiatisé parce qu'il s'agit du premier test event Paris 2024. Pour le milieu de la voile et pour les athlètes, le staff, on est contents de cela.
La particularité des Jeux à la maison, c'est aussi qu'il peut y avoir beaucoup plus d'amis, de membres de la famille des athlètes qui peuvent être là. C'est un élément qu'il faut qu'on soit capables d'anticiper, que l'on fasse attention à ce que la routine des athlètes ne soit pas remise en cause.
Quelles sont les spécificités de ce plan d'eau marseillais ? Est-il plus technique que celui d'Enoshima en 2021 ?
C'est un plan d'eau avec beaucoup de relief, ce qui veut dire que ça va perturber le vent. Techniquement, oui, il est aussi rendu très difficile par l'état de la mer. Il peut y avoir rapidement de la houle qui se couple avec des petites vagues, qu'on appelle clapot. Selon les ronds, quand elle vient taper la côte, cette mer revient, c'est le ressac. C'est une machine à laver. L'autre élément, c'est qu'ici, c'est tout sauf un plan d'eau stéréotypé : on peut avoir du Mistral, des régimes d'Est, de la brise thermique pure... Parier à l'avance sur ce que l'on va avoir comme conditions dans un an, c'est impossible. Il va falloir être polyvalent et hyper adaptable.
Cela peut-il, quand même, être un avantage décisif de connaître les moindres recoins de ce plan d'eau avant l'an prochain ?
C'est super important, bien sûr. Mais il ne faut pas se mentir : il y a un tel enjeu sur les JO que toutes les nations, pendant les trois ans (de 2021 à 2024) viennent naviguer au maximum sur Marseille. On est chez nous mais les autres le connaissent également parfaitement. Maintenant, pour nous c'est indispensable de tout connaître, il faut maximiser ces chances-là malgré tout.
Vous aviez mis en avant un gros objectif d'ici à Paris 2024, à savoir celui d'être médaillable dans toutes les catégories. C'est toujours le cas ?
Oui, pour les Jeux olympiques l'objectif est d'arriver avec 10 réelles chances de médailles. Pour nous, c'est un peu plus facile car nous sommes sélectionnés d'office en tant que pays hôte. Mais il faut quand même comprendre qu'aller aux Jeux avec 10 représentants dans les 10 séries, c'est quelque chose de vraiment fort. L'objectif est élevé mais on veut le relever.
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