Pas d'incidents majeurs, présence massive de policiers et gendarmes... Quel bilan pour la sécurité des Jeux olympiques de Paris 2024 ?
Organiser une cérémonie d'ouverture sur la Seine, utiliser Paris comme un gigantesque décor des épreuves, à la Concorde, aux Invalides, sur le Champ-de-Mars ou à Montmartre : sur le papier, l'idée était belle, mais faisait grincer les dents de certains experts en matière de sécurité. L'heure est maintenant au bilan.
Quel bilan pour les autorités ?
"Il y a des médailles d’or à décerner aux policiers et aux gendarmes", affirme Gérald Darmanin. Pendant des mois, le ministre de l'Intérieur désormais démissionnaire a envisagé le pire, évoquant notamment un drone chargé d’explosifs couplé à une cyberattaque contre les hôpitaux franciliens.
Ce scénario n’a pas eu lieu, pas plus qu’une attaque isolée à l’arme blanche. Aucun incident majeur n'a été recensé durant la cérémonie d’ouverture sur la Seine, pendant les épreuves de cyclisme sur route ou lors des trois marathons organisés en 24 heures (marathon hommes, femmes et marathon pour tous). Rien de notable non plus dans les zones d’accès aux compétitions, ni dans les transports. Même les contestataires anti-JO se sont montrés plutôt discrets.
Un cadre de la police se réjouit et parle d’incidents "marginaux". Côté justice : 212 affaires en lien avec les Jeux ont fait l’objet de poursuites, fait savoir la Chancellerie à franceinfo. Ces affaires concernent à 41% des infractions économiques et financières. Et à 44% des violences volontaires (bagarres notamment), des infractions au code de la route (rouler sur les voies réservées aux JO sans autorisation) ou des infractions de survol de drones ou d'aéronefs. Elles ont donné lieu à 86 condamnations, dont 49 peines d’emprisonnement ferme et 8 interdictions de stade.
Seul vrai point noir : le sabotage de lignes TGV quelques heures avant la cérémonie d’ouverture, le 26 juillet dernier. L’enquête se poursuit pour identifier les auteurs de ces attaques organisées qui avaient impacté plus de 800 000 voyageurs, selon la SNCF.
À quoi (ou à qui) attribuer cette réussite ?
Selon les professionnels de la sécurité, plusieurs facteurs peuvent expliquer cette réussite. Le plus visible : la présence massive de policiers et de gendarmes, 30 000 en moyenne à Paris et sur les sites franciliens pendant les 15 jours de compétition.
La "planification" a aussi fonctionné, analyse un commissaire, qui reconnaît que cette vertu est généralement l’apanage des militaires. Beauvau, et en particulier la préfecture de police, sur le périmètre de laquelle se déroulait 85% de la compétition, a su la mettre en place lors des Jeux pour laisser le moins de choses au hasard.
Les assignations à résidence prononcées par le ministre de l’Intérieur, sur des profils qui préoccupent les services de renseignement, ont aussi beaucoup fait parler. Sur ce point, impossible de faire un bilan, reconnaît un spécialiste. "Par définition, on ne sait pas ce qu’on a entravé", estime-t-il.
Les heures et les jours qui viennent vont être en partie consacrés au "retex", le retour d’expérience, pour comprendre plus précisément ce qui a marché et les éventuels dysfonctionnements. "On a peut-être même vu trop large sur les effectifs engagés", s’interroge un policier de haut rang.
Que vont devenir les forces de l'ordre engagées ?
Pour le cas de Paris, il y aura sans doute moins de présence sécuritaire dans les rues pour les 15 jours qui viennent et avant les Jeux paralympiques. Plusieurs haut gradés du ministère de l'Intérieur expliquent cependant qu’une grosse présence va être maintenue dans les transports en commun, notamment près des sites touristiques. Mais aussi à proximité de la vingtaine de sites de compétition retenue pour les paralympiques, même s’il n’y a pas d’épreuves.
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