Paris 2024 : aide-soignante, retraité américain, médaillé des Jeux olympiques spéciaux... Découvrez six visages des volontaires des Jeux
Vivre les Jeux olympiques et paralympiques de Paris autrement. Ils seront 45 000 à porter le costume des volontaires des Jeux de Paris 2024. Étudiants, salariés, retraités, ils viennent des quatre coins de la France, et même de l'étranger. Lors des Jeux, ils rempliront des missions d'accueil du public, des athlètes, des médias et des délégations, de chauffeurs, d'assistants aux équipements sportifs, de chargé d'accréditations ou encore de chef d'équipe des juges et de chronométrage.
Pour ces passionnés de sport et de Jeux olympiques, vivre l'événement de l'intérieur est une "chance" et "le rêve d'une vie". À l'occasion de la Convention des volontaires, samedi 23 mars au Paris La Défense Arena, grande première réunion pour les sélectionnés, franceinfo: sport vous propose de découvrir quelques-uns des visages de ces bénévoles.
Ernest, Américain bénévole sur six JO et toujours la même passion
À 72 ans, Ernest fera partie des volontaires les plus expérimentés à Paris. Ce retraité américain, installé en Floride, a été sélectionné pour gérer les médias en zone mixte sur le site du volley-ball, à la Tour Eiffel. Les JO de Paris seront ses septièmes Jeux en tant que bénévole, après ceux de Salt Lake City 2002, Turin 2006, Vancouver 2010, Sotchi 2014, Rio 2016 et Tokyo 2020. Il garde un souvenir indélébile de chacune de ces expériences. "À chaque JO, j'ai rencontré des gens du monde entier avec lesquels je suis devenu ami et qui sont même venus me rendre visite aux Etats-Unis. C'est toujours incroyable de voir des gens du monde entier se rassembler autour d'un même but, celui de l'esprit olympique. Même après six Jeux, je ne m'en lasse pas, c'est impossible", confie-t-il.
Si Ernest ne pensait pas être sélectionné du fait de son âge, il souhaite savourer une dernière fois l'ambiance des Jeux en tant que bénévole. "Dès la cérémonie d'ouverture, on vibre chaque jour. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il est difficile d'être spectateur après avoir été volontaire, car il n'y a rien de mieux que d'être au cœur de l'événement", assure-t-il.
Philippe et Caroline, père et fille pour l'amour du sport
Le sport est une histoire de famille chez les Sevin. Père et filles vibrent à l'unisson lors de chaque grand événement sportif comme les JO. Alors pour eux, devenir bénévoles ensemble avait tout son sens. "J'ai toujours vécu les Jeux et les grands événements sportifs en famille, ils nous rassemblent, raconte Caroline, 29 ans, project manager officer (gestion de projet) dans le milieu des start-up dans les Yvelines. Quand on a su qu'on pouvait être volontaire, on n'a pas laissé passer cette opportunité d'y participer." Caroline a été choisie pour être volontaire, avec sa sœur Juliette, au Château de Versailles et au Golf national pour l'accueil et la gestion du public. Leur père Philippe, 60 ans, directeur général dans une PME (Yvelines), s'est vu proposer l'accueil du public à Roland-Garros lors des Jeux olympiques et la mission de chauffeur pour les accrédités pendant les Paralympiques.
"Comme nous avons aussi des places pour des épreuves [natation artistique, canoë-kayak, tennis de table, hockey sur gazon, volley-ball], nous allons vivre les Jeux doublement, en tant que volontaires et spectateurs, savoure déjà Caroline, impatiente de vivre ses premiers JO. Alors que les Jeux olympiques d'été n'ont pas posé leurs valises en France depuis 1924, l'occasion était à saisir : "Quand on est un féru de sport comme moi, il n'y a rien de plus grand que les JO, s'enthousiasme Philippe. Je ne pouvais pas ne pas prendre part aux Jeux dans mon pays."
Louis, perpétuer la tradition familiale
Volontaire depuis quatre générations. Choisi pour un poste de gestion de la presse au Bourget pour les épreuves d'escalade, Louis, étudiant à Science Po Lyon de 19 ans, s'inscrit dans la tradition de sa famille. Avant lui, son père a été bénévole lors des Jeux d'Albertville en 1992, son grand-père à ceux de Grenoble en 1968 et même son arrière-grand-père aux Jeux de Chamonix en 1924. "Bien sûr, le statut a un peu changé depuis, et s'est codifié. J'ai toujours été marqué par les expériences de mes aïeux, et les récits familiaux ont joué dans mon envie de m'engager à mon tour", témoigne ce passionné de montagne, et notamment d'escalade et d'alpinisme.
Si comme tous les volontaires, Louis est fier d'avoir été sélectionné, il est surtout heureux de perpétuer cette tradition familiale et d'avoir été associé à son sport de prédilection. Au point qu'il se prend même à rêver à la suite. "Comme l'alpinisme est ma deuxième passion et sera présente aux Jeux d'hiver de Milan-Cortina en 2026, glisse-t-il, je réfléchis déjà à renouveler l'expérience dans deux ans."
Agnès, de femme d'athlète à volontaire
Après avoir vécu l'expérience des Jeux olympiques aux côtés de son mari Patrice Mourier, champion du monde de lutte (-57 kg) en 1987, Agnès souhaite "vivre les Jeux différemment, de l'intérieur", aime-t-elle à répéter. "J'ai toujours baigné dans le sport de haut niveau mais du côté de l'athlète. Avec les Jeux en France, c'était l'occasion de voir autre chose. En tant que femme d'athlète, il s'agit d'un aboutissement. C'est le graal", explique cette ingénieure recherche et développement chez Sanofi (Val-de-Marne) de 55 ans, et sélectionnée pour gérer les spectateurs au Stade de France lors des JO.
Aux côtés son mari, qui a participé à dix Jeux olympiques, trois en tant que sportif et sept en tant qu'entraîneur, elle a observé le rôle des volontaires et constaté à quel point il est essentiel pour les athlètes, "pour les accompagner, les rassurer aussi parfois, appuie-t-elle. Tout doit être bien huilé et les bénévoles font partie d'une bonne organisation. Quand on vit avec un athlète olympique, d'autant plus avec un représentant d'un plus petit sport qui ne vit que tous les quatre ans, on se rend compte de combien les Jeux sont importants pour eux et leur discipline. Toute leur vie est basée sur cet événement", confie Agnès, qui a hâte de faire partie de "cet énorme rouage", et d'endosser ce rôle de "premier contact entre la population française et les athlètes."
Jordan, après les médailles aux Jeux spéciaux, le bénévolat aux JO
Athlète de haut niveau, Jordan va passer du côté sportif à celui de l'organisation lors des Jeux olympiques. Cet employé libre-service en grande surface (Alpes-Maritimes) a été choisi pour placer et diriger le public dans le Stade de l'Allianz Riviera de Nice. Il s'agira d'une première expérience lors d'un événement de cette ampleur pour ce nageur, quadruple médaillé aux Jeux olympiques spéciaux [s’adressent à des personnes en situation de handicap mental, à ne pas confondre avec les Jeux paralympiques]. "Je suis très fier d'avoir été choisi comme volontaire. Je me sens privilégié de pouvoir vivre les Jeux de Paris de l'intérieur. Le sport a une place essentielle dans ma vie, et pouvoir vivre les Jeux dans son cœur, c'est incroyable", livre Jordan, 31 ans, et atteint de trisomie 21.
À quatre mois du début des JO, Jordan n'a qu'une hâte, remplir sa mission tout en profitant du spectacle qui se déroulera sous ses yeux. "Je vais pouvoir voir l'équipe de France de football jouer lors du tournoi olympique, avec notamment Kylian Mbappé, et peut-être Antoine Griezmann", savoure-t-il, ses pensées déjà projetées vers juillet 2024.
Kenza, une mission d'engagement
L'engagement comme fil rouge de vie. Aide-soignante et étudiante en école d'infirmière en Loire-Atlantique, Kenza a été sélectionnée pour une mission d'accueil et d'orientation du public au Stade de France. Pour cette volontaire, participer aux JO de Paris était un passage obligé. "La notion de l'engagement est pour moi essentielle et en lien avec ma profession, raconte la jeune femme de 22 ans. Lors de ma première expérience en volontariat sportif lors des Internationaux de France de patinage à Angers en 2022 et 2023, les athlètes de l'équipe de France nous confiaient que sans bénévoles, la compétition ne pouvait pas avoir lieu. C'est le même discours que nous tiennent les patients en tant qu'aide-soignante et infirmière. Et cela prend tout son sens pour moi."
Pour celle qui "préfère être bénévole et donner le meilleur de [soi-même] que de regarder les épreuves sur [son] canapé", se porter candidate était donc une initiative logique. "Dès que j'ai entendu parler de la candidature de Paris 2024, se souvient Kenza, j'ai voulu prendre part d'une façon ou d'une autre à l'événement. Si en tant qu'athlète la mission s'avérait un peu idyllique (sourire), être bénévole était une évidence."
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