Championnats d'Europe de natation 2022 : à Ostie, Marc-Antoine Olivier est un prince parmi les rois de l'eau libre
Le Français est en lice sur le 5 et le 10 km à Ostie, lieu du camp de base qu'il a rejoint en octobre dernier.
Il est encore essoufflé quand l'entretien commence. À peine sorti de son entraînement de l'après-midi, Marc-Antoine Olivier, 26 ans, prend le temps de se livrer. Alors que les épreuves d'eau libre débutent avec du retard, samedi 20 août, le Français préfère positiver. À Ostie, le fondeur est chez lui pour ces championnats d'Europe de natation qui se tiennent en Italie jusqu'au 21 août.
C'est dans cette cité de la banlieue romaine, en bord de mer, que le Français a posé ses valises il y a désormais dix mois avec son ex-compagne Océane Cassignol. Sixième des Jeux olympiques de Tokyo sur le 10 km, le natif de Denain prend une claque, lui qui était au firmament avant que le Covid-19 ne rebatte les cartes. "À 90%, j'étais sûr de faire un podium, j'avais fait une excellente saison. Et de finir 6e, ça a été très compliqué. On a fait des petites erreurs au niveau de la préparation certainement." Un changement de décor est alors nécessaire après avoir passé six ans sous les ordres de Philippe Lucas.
Changer sans renoncer
Le nageur rejoint, dans un premier temps, en septembre, Frédéric Vergnoux aux Canaries, sans réussir à s'y épanouir. Durant une étape de Coupe du monde à Barcelone, le contact s'établit avec l'un des meilleurs entraîneurs de la planète Fabrizio Antonelli. C'est le coup de foudre. Le Français fait ses bagages dans la semaine et part en Italie. Gregorio Paltrinieri (champion du monde en titre sur le 10 km et triple champion d'Europe en titre sur le 5 km, 10 km et relais mixte), Domenico Acerenza (vice-champion du monde en titre sur le 10 km), toute la crème de l'eau libre mondiale travaille sous les ordres du technicien romain. "Tout notre groupe est qualifié pour les championnats d'Europe. Et c'est essentiel d'avoir une grosse équipe autour de moi pour élever mon niveau chaque année", explique Olivier.
Les habitudes changent, le quotidien du Français aussi. "C'est un autre monde que chez nous, en France. Il y a des structures spécialisées pour la natation. Ostie, c'est un mini-Insep [Institut national du sport, de l'expertise et de la performance] mais concentré sur les sports aquatiques", détaille Marc-Antoine Olivier qui profite aussi de la mer pour effectuer deux séances par semaine en conditions réelles, sept mois sur douze. Un luxe.
"Philippe [Lucas] faisait l'entraînement, la préparation physique et tout ce qui était autour, c'était à nous de gérer. À Ostie, j'ai tout à disposition. Cette année, j'ai eu une infection dentaire. Si j'avais eu ça en France, j'aurais mis deux, voire trois jours à me faire opérer, et seulement si je connaissais le dentiste. Ici ça a été réglé en quelques heures."
Marc-Antoine Olivierà franceinfo: sport
Tout n'est cependant pas rose. Des sponsors l'ont lâché après les Jeux olympiques de Tokyo, le nageur tricolore ne parle pas non plus l'anglais, encore moins l'Italien. En décembre dernier, le moral est au plus bas. "Je me posais encore beaucoup de questions, j'ai fait une dépression et je ne savais pas si j'avais envie de continuer ma carrière", reconnaît, dans un souffle, le double champion du monde d'eau libre en 2017 (5 km et relais mixte).
"La médaille, je la veux"
Après des années à bosser sur le kilométrage avec Philippe Lucas, le Français a besoin de souffler. Un compromis est trouvé avec Antonelli. Olivier va moins nager pour mieux performer. "On fait beaucoup plus de préparation physique hors de l'eau. Je fais beaucoup de sport aussi à coté. On peut jouer au basket, beach-volley, padel, des sports que je faisais pas avant. Ça me permet d'être plus complet physiquement. Je me sens mieux dans l'eau", détaille le Nordiste.
Plus puissant dans l'eau, de son propre aveu, le Français peut ainsi étendre sa palette tactique en course. "Je peux privilégier le sprint et comme il me reste la caisse que j'ai travaillée avec Philippe [Lucas], je peux toujours partir avant l'arrivée en solo, donc j'ai plus de cartes en main pour aller chercher la victoire."
S'il n'a pas réalisé de saison complète en raison de sa reprise tardive et son infection dentaire, l'homme aux huit médailles internationales a pu se tester avec succès aux Mondiaux de Budapest, il y a deux mois. Une quatrième place sur le 10 km, remporté par Gregorio Paltrinieri, qui vaut son pesant d'or après toutes les galères qu'il a traversées.
Sur la route des Jeux olympiques de Paris en 2024, son objectif principal, c'est dans son nouveau chez lui, à Ostie, qu'il a l'occasion de reprendre le cours de son ascension. Avec des objectifs élevés ? "Il y a des belles choses à faire, après il faut avancer pas à pas", explique, presque timide, Marc-Antoine Olivier. Mais quand on le relance sur ses ambitions, la réponse fuse. "La médaille, je la veux. Et même la victoire. Je plonge pour ça."
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