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Reportage JO 2022 : policiers sur le qui-vive, lignes de démarcation... La bulle sanitaire angoissante de Pékin

Article rédigé par Apolline Merle, franceinfo: sport - De notre envoyée spéciale à Zhangjiakou
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un travailleur pulvérise un désinfectant à titre préventif contre le Covid-19, le 3 février 2022, près de Yanqing (Chine), ville qui accueille des épreuves aux Jeux olympiques d'hiver de Pékin. (DIMITAR DILKOFF / AFP)

Une fois dans la bulle sanitaire, le protocole sanitaire est très strict et est respecté rigoureusement par les organisateurs.

"Ouvrez la bouche et dites aaaaaah..." Ces quelques mots, prononcés non chez le médecin mais lors d'un test PCR buccal, sont devenus un rituel à l'intérieur la bulle sanitaire des Jeux olympiques de Pékin.

Chaque jour, toutes les personnes accréditées pour la grand-messe doivent s'y soumettre à leur hôtel. Les autorités chinoises entendent ainsi repérer au plus tôt les cas de Covid-19 afin de les isoler du reste de la population présente au sein de la bulle. Ces tests sont effectués par des personnes reconnaissables à leurs combinaisons blanches de protection, accompagnées de masques, lunettes, visières et gants. On ne distingue que leur regard. A cela s’ajoute une désinfection régulière de l’hôtel. Les agents, munis de sacs à dos qui rappellent ceux du film culte Ghostbusters, aspergent les couloirs et les entrées.

La bulle des JO de Pékin est bien plus stricte que celle instaurée l'été dernier à Tokyo. Si les entrées dans l’hôtel sont en accès libre, la sortie s'avère en revanche particulièrement encadrée. Vérification de l’accréditation, passage au détecteur de métaux, inspection des sacs à dos et des liquides contenus à l'intérieur : on se croirait encore à l'aéroport. Le tout est appliqué avec rigueur par les agents, toujours bienveillants et souriants (derrière le masque) avec les visiteurs.

Acclamer les athlètes ? C'est non

Les moments de repas sont les seuls moments où les personnes accréditées peuvent retirer leur masque et souffler... un peu. La prise de température est systématique, et les tables de repas sont individualisées par des plexiglas afin de limiter le risque de contamination durant ce moment de convivialité. En outre, des gants en plastique fins et légers sont distribués pour aller commander son repas.

Des pancartes précisent qu'il est interdit de parler dans cette zone, mais la mesure n'est toutefois pas appliquée à la lettre. Il n'en va pas de même sur les sites de compétition, où les organisateurs veillent au grain : pas question d'acclamer les athlètes en tribunes et de se rassembler lors des épreuves.

Des tables séparées par des plexiglas sont désinfectées après chaque passage, à Zhangjiakou (Chine), où des personnes accréditées pour les Jeux olympiques de Pékin prennent leur repas le 5 février 2022.  (APOLLINE MERLE / FRANCEINFO SPORT)

La bulle sanitaire mise en place pour l’accueil des JO de 2022 s’étend sur plusieurs kilomètres. Les sites et les différents hôtels sont divisés en petites sections, chacune délimitée par des barrières métalliques et des postes de contrôle vérifiant les entrées et sorties. Les routes, toujours à sens unique, sont ainsi exclusivement utilisées par les véhicules de l'organisation et la police. Si un accrédité vient à se perdre ou à descendre au mauvais arrêt de bus, il lui est impossible de poursuivre à pied. "Vous devez attendre une autre navette", lui explique la police locale.

"En quelques minutes, je me suis retrouvé adossé à la barrière"

A l’intérieur de ces "minibulles", les organisateurs ont délimité à l’aide de plots et de rubans (floqués de l'inscription en anglais "limitline", soit "ligne de démarcation") des chemins à emprunter autour de l’hôtel. Ici, pas question de faire du tourisme, les accrédités peuvent se balader autour de leur lieu d'hébergement dans un rayon de... quelques dizaines de mètres seulement. Les trajets d’un site à l’autre ne peuvent s’effectuer qu'en bus ou en voiture avec des chauffeurs de l’organisation. Rejoindre un site à pied est interdit.

Chaque section de la bulle sanitaire mise en place par les autorités chinoises lors des Jeux olympiques de Pékin est délimitée par des barrières métalliques pour vérifier les entrées et sorties. (APOLLINE MERLE / FRANCEINFO SPORT)

Gare à ceux qui tenteraient de passer outre ces réglementations, et d’enjamber les barrières pour rejoindre un autre site situé à quelques pas. Les autorités ne sont jamais loin, et interviennent dans les minutes suivant "l’intrusion". Elles préviennent dans la foulée les responsables qu’un de leurs membres a quitté la bulle.

La mésaventure est arrivée à l'un des accrédités et l'expérience s'avère déstabilisante... "En quelques minutes, je me suis retrouvé adossé à la barrière, encerclé par une dizaine de policiers. Ils m'ont gardé avec eux une heure. J'ai eu très peur", a-t-il confié. Pour mener à bien sa politique de "zéro Covid", la Chine ne laisse rien passer.

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