"Le futsal a toutes les caractéristiques d'un sport olympique"... Le football à 5 contre 5 est-il l'avenir du ballon rond aux JO ?

Si la place du football aux Jeux olympiques est de plus en plus critiquée, le futsal, qui se joue à cinq contre cinq, tente de se créer un avenir olympique grâce à des caractéristiques plus proches de ce que souhaite promouvoir le Comité international olympique (CIO).
Article rédigé par Anna Carreau
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
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L'équipe de France de futsal face à la Belgique lors d'un match amical à Caen, le 4 février 2024. (DAMIEN DESLANDES  / MAXPPP)

Basket 3x3, rugby à 7, beach-volley... Alors que les Jeux olympiques ne cessent de promouvoir des disciplines nouvelles, plus jeunes et dynamiques, le football, avec ses 11 joueurs et ses matchs de 90 minutes, dénote un peu. De quoi remettre en cause son avenir olympique ? À l'ombre de son grand frère, le futsal, plus spectaculaire, pousse en tout cas pour se faire une place aux JO. Au détriment de l'ancien sport roi de l'olympisme ? En tout cas, le futsal a déjà fait son apparition dans le laboratoire à expérimentations du CIO que sont les Jeux olympiques de la jeunesse, en 2018 à Buenos Aires, alors que d'autres pratiques du foot à cinq contre cinq sont apparues en extérieur (foot five) ou sur le sable (beach soccer).

À la Fédération française de football (FFF), on pousse fortement pour que le futsal, qui se dispute à cinq contre cinq en gymnase avec deux mi-temps de 20 minutes, ait sa place dans un avenir olympique proche. "Le futsal est un sport qui a vraiment toutes les caractéristiques d'un sport olympique. C'est une discipline universelle, pratiquée sur les cinq continents, et qui est vraiment plébiscitée par les jeunes. En plus, les règles collent parfaitement avec les valeurs de l'olympisme [avec un système de fautes collectives]", avance Raphaël Reynaud, sélectionneur de l'équipe de France de futsal.

Un football de poche, plus facilement adaptable au contexte olympique

Née en Amérique du Sud, la discipline s'est peu à peu exportée de l'autre côté de l'Atlantique et sur l'ensemble du globe, au point que dans le top 10, on retrouve aussi bien le Brésil (1er), que l'Espagne (2e), ou la Thaïlande (6e) et l'Iran (8e). La Fifa estime, aujourd'hui, à 30 millions le nombre de pratiquants de la discipline. L'instance mondiale est d'ailleurs très impliquée dans le développement de ce football nouvelle génération qu'il juge "plus universel", de par la difficulté climatique ou territoriale à parfois se procurer des rectangles verts.

"Plusieurs études montrent que le futsal est un des sports les plus pratiqués au monde. Loin devant certains sports qui sont aujourd'hui olympiques."

Raphaël Reynaud, sélectionneur de l'équipe de France de futsal

à franceinfo: sport

C'est aussi pour ce côté pratique que les lobbyistes du futsal aux Jeux sont optimistes. "Le fait d'être sur un terrain aux dimensions d'un terrain de hand, ça facilite l'organisation, appuie l'entraîneur des Bleus, qui se sont qualifiés pour la Coupe du monde pour la première fois. Les salles sont pleines un petit peu plus facilement, on peut aisément être présent sur le site olympique, ce qui est un peu plus compliqué à organiser au niveau du foot."

Un tournoi enfin égalitaire entre filles et garçons

Le technicien avance aussi le côté "spectaculaire" de sa discipline, avec sa moyenne de huit buts inscrits par match, sa nécessité d'une technique parfaite et ses parties plus courtes, créant des séquences plaisant particulièrement aux réseaux sociaux et suivant donc la volonté de rajeunissement émise par le CIO. Avec le côté amateur cher à l'esprit olympique, puisque hormis les championnats espagnol et portugais, aucun n'est professionnel. Bien loin du football, de sa surmédiatisation et de ses matchs de 90 minutes, qui peine à trouver son public aux Jeux, même lorsque les Bleu(e)s sont en piste.

Autre argument en faveur du futsal : les effectifs. Le CIO fixe en effet un quota global d'athlètes à 10 500 maximum par édition. Sauf qu'avec 22 joueurs par équipe (18 joueurs + 4 réservistes), le football prend une sacrée place, là où le futsal n'en compte "que" 14 par sélection. Moins d'athlètes donc... et plus d'équité. Puisque, par souci d'économie de place, le tournoi féminin de football ne compte que 12 équipes, quand celui des garçons en dénombre 16. Le passage au futsal pourrait donc permettre aux deux sexes d'être aussi bien représentés, sans inégalité.

Pour autant Raphël Reynaud estime que "l'intégration du futsal n'est pas forcément liée au fait de ne plus avoir le foot aux Jeux olympiques" : "Je pense que le foot aussi a sa place aux JO, avec les filles notamment." Car si le tournoi masculin se dispute avec des équipes essentiellement composées de joueurs de moins de 23 ans, le tournoi féminin se fait avec les meilleures joueuses du monde, avec un réel intérêt sportif et une certaine visibilité.

Des intérêts économiques au détriment de la promotion du futsal ?

Le début de l'histoire olympique du futsal devrait pourtant s'écrire dans le même temps que la disparition du football de la programmation, à en croire les premiers tests du CIO. Sa première apparition aux Jeux olympiques de la jeunesse en 2018 à Buenos Aires, s'est faite au détriment du foot à 11. La suite du processus est entre les mains de la Fifa, qui doit faire pression sur le CIO afin que le futsal se fasse une place aux JO des "grands". "On a bon espoir d'être au minimum sport de démonstration pour les prochains Jeux olympiques à Los Angeles", croise les doigts le sélectionneur tricolore, qui y voit un potentiel "gros coup de boost pour la discipline".

Reste que la Fifa n'a pas vraiment intérêt à ce que le futsal remplace le football, puisqu'elle est l'organisatrice du tournoi olympique de football. En témoigne la pétition envoyée par Anderson de Andrade, ancien joueur brésilien, réclamant l’arrivée du futsal aux Jeux, laissée sans réponse. L'élève est donc encore loin de dépasser le maître, surtout aux Etats-Unis, où le "soccer" connaît enfin son ascension tant attendue.

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