Reportage Paris 2024 : près de Saint-Etienne, cette forge familiale fournit 90% des lames de haut-niveau des escrimeurs du monde entier

Article rédigé par Clara Lecocq Reale
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'escrimeuse Ysaora Thibus à la coupe du monde de fleuret féminin lors du Mazars Challenge International Paris, le 13 janvier 2024. (KEMPINAIRE STEPHANE / KMSP via AFP)
À quatre mois des Jeux olympiques, l'usine Blaise Frères tourne à plein régime. franceinfo a poussé les portes de cette forge haut de gamme.

C'est le leader du marché. La forge Blaise Frères, fondée en 1885, près de Saint-Etienne, dans la Loire, fournit près de 90% des lames pour les escrimeurs olympiques, toutes nations confondues. Les forgerons utilisent pour cela de l'acier aéronautique, qu'ils modèlent à la force du poignet. 

Bruno Blaise est responsable de production et a fait de cette forge sa deuxième maison. "C'était une entreprise familiale, c'est mon arrière-grand-père qui est à l'origine de l'entreprise, j'ai toujours baigné là-dedans", confie-t-il. Aujourd'hui, la forge familiale est devenue la plus importante au monde dans le secteur du sport : "C'est aux alentours de 12 ou 13 000 lames par mois. On envoie sur tous les continents. 80 à 90% à l'export", détaille Bruno Blaise. 

Un savoir-faire précis pour une "lame de précision"

Ce savoir-faire est inimitable : une cinquantaine d'étapes sont nécessaires pour fabriquer une lame d'épée. "L'origine de la lame, c'est ce petit lopin d'une vingtaine de centimètres", explique Bruno Blaise en montrant un cylindre, que les machines à forger vont d'abord étirer en le chauffant à 1200 degrés, et en faire ensuite une tige de plus d'un mètre. "À savoir qu'une lame d'épée, de fleuret ou de sabre, c'est une seule et même pièce chez nous", explique-t-il avec fierté. Une pièce qui est ensuite martelée pour lui donner sa forme en pointe, puis dressée pour la rendre parfaitement rectiligne. "On considère qu'une lame d'escrime est une lame de précision", conclut Bruno Blaise.

David, lui, "redresse" les lames. Cet ancien policier en pleine reconversion estime que son expérience dans les forces de l'ordre n'est pas inutile : "C'est un peu comme du tir au final. On a l'œil avec la cible, et puis ça doit faire une ligne droite", raconte David.

La forge emploie aujourd'hui 26 personnes qui travaillent à plein régime. Gilles Martinage, l'armurier de l'équipe de France le confirme : "Avec la venue des Jeux olympiques bientôt, tout le monde veut renouveler son parc de lames pour partir sur des lames neuves, les plus performantes possibles". "Aujourd'hui c'est difficile de s'en procurer", témoigne-t-il, "On le voit sur le site des revendeurs. Si on veut en acheter, une, deux ou trois, on peut les avoir au bout de quelques semaines. Si on en veut plus de cinq, c'est sur commande et il y a une quasi-rupture de stock", fait-il remarquer. Mais Gilles Martinage a de la chance : l'équipe de France est la seule qui peut commander ses lames directement à la fonderie, quand les autres nations doivent, elles, passer par des revendeurs.

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