: Reportage JO 2022 : au cœur du dernier entraînement des biathlètes français avant le sacre de Quentin Fillon Maillet
Franceinfo: sport s'est invité dans l'intimité du dernier entraînement de Quentin Fillon Maillet avant son sacre sur l'individuel, mardi.
Il est 11h45, lundi 7 février, quand une dizaine de bus déboule sur le parking du centre national de biathlon de Zhangjiakou. Nous sommes à la veille de l'individuel hommes, première épreuve individuelle de ces Jeux olympiques de Pékin, remporté par Quentin Fillon Maillet, qui a offert la première médaille d'or à la France. Franceinfo: sport a suivi l'intégralité du dernier entraînement avant cette échéance, au plus près des coachs, des quatre titulaires masculins et des deux remplaçantes féminines présentes ce matin-là.
On aperçoit d'abord Simon Desthieux, suivi rapidement par Quentin Fillon Maillet et Fabien Claude. Les athlètes de toutes nationalités se croisent, se toisent, se saluent parfois ou discutent selon les affinités. Dès la sortie du bus, ils s'engouffrent sur la droite après avoir monté quelques marches pour s'enfoncer dans un couloir.
Une salle de stockage d'armes surveillée 24h/24
C'est ici, dans une salle surveillée 24 heures sur 24 par un garde que les carabines sont stockées durant les Jeux. Quelques minutes après, ils en ressortent avec leur arme, bien rangée dans la housse de protection portée sur le dos, pour se diriger vers les vestiaires. Skis en mains, Emilien Jacquelin fait le chemin inverse, récupère sa carabine 22 long rifle avant de rejoindre le circuit.
Après un passage dans un tunnel situé en-dessous de la piste, nous retrouvons les entraîneurs de tir Jean-Paul Giachino et Patrick Favre, respectivement en charge des femmes et des hommes. Pendant que les garçons s'échauffent sur les skis, Paula Botet et Chloé Chevalier, qui découvrent les Jeux olympiques, s'affairent déjà au pas de tir. Le vent a fortement faibli contrairement aux jours précédents et oblige à adapter les réglages de la carabine.
"Regardez la différence", nous interpelle Jean-Paul Giachino en tendant une ardoise qui représente le premier tir de Chloé Chevalier. Les cinq aimants, illustrant les cinq balles différentes, sont tous logés à gauche de la cible. Comme Paula Botet, la petite sœur d'Anaïs Chevalier-Bouchet enchaîne les tirs pour se régler, et les entrecoupe d'un court effort sur les skis pour se rapprocher au maximum de la réalité de la course.
Après chaque série, l'athlète partage ses réglages avec son coach : "Deux à droite et deux en haut." Comprendre deux crans, permettant de modifier la visée de la carabine en fonction des conditions. Jean-Paul Giachino reprend Chloé Chevalier qui semble s'emmêler les pinceaux entre sa droite et sa gauche. "On va y arriver", lance le technicien trahissant le fait que ce n'est certainement pas la première fois. L'Iséroise sourit.
C'est ensuite au tour des garçons de se retrouver au pas de tir. Quentin Fillon Maillet est particulièrement serein, à l'image de sa démonstration réalisée le lendemain pour décrocher le sacre olympique. Simon Desthieux (17e mardi) et Fabien Claude (9e) aussi, contrairement à Emilien Jacquelin. Le double champion du monde de la poursuite ne parvient pas à se régler face au vent changeant, soufflant même parfois de la droite vers la gauche pour la première fois de la semaine.
Il commence à s'énerver, dodeline de la tête, lève les bras au ciel au fur et à mesure que la séance avance. "Il ne m'écoute pas !", tonne son entraîneur, l'Italien Patrick Favre, alors que Jacquelin est déjà reparti sur les skis, le visage chafouin.
"Je le suis toujours moi, c'est plutôt bon signe, débriefera-t-il à la fin de l'entraînement. Je suis plutôt éveillé sur mes sensations au tir, je suis quelqu'un qui doute facilement ou bien qui est rarement satisfait." Ses coéquipiers, Fabien Claude en tête, n'hésitent pas à le chambrer, connaissant son caractère. Mais le lendemain, Emilien Jacquelin s'est effondré en zone mixte, touché par sa triste 72e place.
"Le chrono du tiers-monde"
Pendant ce temps, un entraîneur suédois fait le tour des équipes pour organiser une petite confrontation entre les remplaçantes. "Il faut les garder dans le rythme parce qu'après il reste encore un mois de Coupe du monde", précise l'entraîneur féminin Frédéric Jean. Paula Botet et Chloé Chevalier prennent part à un sprint improvisé (un tir couché, un tir debout) avec un départ depuis le portillon officiel face à deux Suédoises, une Tchèque, une Italienne et une Norvégienne. "C'est le chrono du tiers-monde", rigole Frédéric Jean.
"C'était notre première intensité depuis notre arrivée ici, c'était compliqué avec l'altitude mais c'était nécessaire pour être prête en cas de souci pour une des filles", précise Chloé Chevalier pour qui cette opposition ne "s'est pas bien passée". Sans que l'on connaisse le résultat final de cette simulation de course.
Une fois la séance pliée, les biathlètes rangent leur carabine dans leur housse avant de la déposer dans la salle de stockage. Mais l'entraînement n'est pas encore terminé : il faut maintenant se dépêcher pour ne pas manquer la navette en direction du village olympique.
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