Euro 2024 : pourquoi il y a vraiment matière à se réjouir du tournoi de l'équipe de France

Les Bleus ont toujours autant de difficultés à marquer, mais dire que tous leurs matchs sont ennuyeux est exagéré.
Article rédigé par Andréa La Perna - envoyé spécial en Allemagne
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
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Mike Maignan et Theo Hernandez exultent après la qualification de la France pour les demi-finales de l'Euro 2024, le 5 juillet, à Hambourg. (JENS BUTTNER / AFP)

Il est de bon aloi de critiquer l'équipe de France. Cela devient même un sport national quand le grand public se réveille tous les deux ans, à l'occasion des grandes compétitions, pour participer aux débats. Pour cet Euro 2024, point de voix dissonantes. Experts et journalistes s'accordent à pointer les failles de ces Bleus, unanimement décevants. Dans un contexte pesant où la fracture règne, le manque d'efficacité des attaquants tricolores réalise la prouesse de rassembler tous les Français.

Oui, il y a un vrai problème d'impuissance face au but. Didier Deschamps est le premier à le reconnaître. "Je préférerais qu'on ait une meilleure efficacité. Quand on ne marque pas, on est à la merci de l'adversaire", a-t-il convenu après la qualification contre le Portugal, admettant que son équipe est "moins rayonnante" que lors du dernier Mondial. Trois buts en cinq matchs (et 480 minutes de jeu), deux CSC et un pénalty, c'est évidemment insuffisant voire indigne d'une telle équipe, sachant que son secteur offensif est loin d'être le moins fourni du tournoi.

De la tension et du suspense à chaque instant

Mais, si on doit se montrer honnête, dire que les Bleus n'ont toujours pas marqué dans le jeu est faux. Maximilian Wöber et Jan Vertonghen ont marqué contre leur camp parce que les Bleus ont apporté le danger dans la zone de vérité. "Ils ne se sont pas amusés à prendre le ballon et l'envoyer dans leurs propres filets", a appuyé Deschamps vendredi. Le pénalty obtenu contre la Pologne n'est pas non plus tombé du ciel. Il a fallu qu'Ousmane Dembélé pousse la défense à la faute.

À l’évidence, il faut reconnaître que les cinq matchs disputés jusqu'à présent n'ont pas été spectaculaires. Mais un bon match de football n'est pas obligatoirement un empilement d'occasions et de buts. Sinon, quel serait l'intérêt de s'asseoir en tribune ou dans son canapé pendant au moins 1h30 ? Un bon résumé de cinq minutes ferait alors très bien l'affaire. Un match est aussi une partie d'échecs avec sa part de stratégie, de tactique, ce qui impose de savoir contrôler le tempo. Une équipe ne peut pas jeter toutes ses forces dans la bataille sans s'exposer à se faire punir.

L'absence de but n'empêchera pas Portugal-France de faire date. Après avoir tant souffert de désillusions aux tirs au but, de la finale du Mondial 2006 à celle de 2022, comment ne pas se réjouir de voir la malédiction prendre fin ? Comment ne pas se délecter de cette revanche prise face au bourreau de l'Euro 2016 ? Au-delà de la dramaturgie des pénalties, les spectateurs ont vécu 120 minutes de suspense et de tension exceptionnelle au stade, avant la délivrance offerte par des héros inattendus : Ousmane Dembélé, Youssouf Fofana, Jules Koundé, Bradley Barcola et Theo Hernandez.

Des héros inattendus et une solidité jamais vue

Le blockbuster narrant la passation de pouvoir entre Kylian Mbappé et son idole sur le déclin Cristiano Ronaldo ne s'est pas produit, et c'est tant mieux. Il n'y a pas de bon match de football sans surprise ni émotions. Parmi les 12,7 millions de téléspectateurs, qui n'a pas exulté quand le poteau s'est opposé à la tentative de Joao Felix ? Si l'ennui avait prédominé, les Bleus n'auraient sans doute pas enregistré la meilleure audience télé de l'année en France (avant les quarts, la moyenne était de 10,4 millions).

Peut-être que les standards élevés tenus lors des compétitions précédentes rendent la critique plus facile. Les Français n'ont pas encore eu droit à leur France-Argentine 2018 ou 2022 (4-3, puis 3-3). Mais il ne faut pas oublier que les souvenirs de ces matchs-là éclipsent les critiques de l'époque. Avant la finale du dernier Mondial, l'équipe de Didier Deschamps et plus particulièrement Kylian Mbappé avaient subi des critiques assez aiguisées après les succès contre le Maroc et l'Angleterre. Et dans le fond, quelle équipe est la plus forte : celle qui encaisse trois buts et finit par s'en sortir ou celle qui ne laisse rien passer, quitte à s'imposer sur la plus petite des marges ?

Les performances exceptionnelles de la défense tricolore ne doivent pas être minimisées, d'autant que la charnière William Saliba-Dayot Upamecano n'est que le fruit d'une improvisation en début de tournoi. Bien aidés par un Mike Maignan infranchissable, les Bleus n'ont encaissé qu'un seul but, sur un pénalty d'abord arrêté par "Magic Mike", avant que l'arbitre n'offre une nouvelle tentative à Lewandowski... Leur parcours n'était pas le plus simple et ni l'Autriche, ni les Pays-Bas, ni la Belgique, ni le Portugal n'ont été capables d'inscrire le moindre but. Certains adversaires ont même déjoué, peut-être à cause de la peur qu'inspire cette équipe de France infranchissable. Si même l'Espagne, de loin le collectif le mieux rodé de cet Euro, reste muette mardi, la performance sera historique.

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