Dakar 2024 : "On sait que les risques sont plus élevés à moto", rappelle un ancien pilote après le décès de Carles Falcon
"C'est un sport à risques, on le sait tous, tous les concurrents le savent. Quand ça arrive c'est toujours un moment douloureux." C'est avec "beaucoup de tristesse" que David Castera, le directeur du Dakar, s'est exprimé, lundi 15 janvier, quelques heures après l'annonce du décès du pilote espagnol Carles Falcon des suites d'une chute sur la deuxième étape de ce 46e rallye-raid.
Un nouveau drame pour le Dakar, qui porte à 23 le nombre de motards ayant perdu la vie depuis sa création en 1979, pour 28 concurrents morts au total. Une proportion qui illustre la dangerosité de cette catégorie deux roues, où les pilotes atteignent parfois des vitesses vertigineuses. Engagé lors de l'édition 2016 du Dakar, le motard tricolore Pierre-Alexandre Renet avait lui mis un terme à sa carrière en 2018, après un gros accident sur une épreuve des championnats du monde de rallye en 2017 au Chili, lui ayant causé de sérieuses blessures aux vertèbres cervicales et à l'épaule. Pour franceinfo: sport, il a accepté de réagir.
franceinfo: sport : l'Espagnol Carles Falcon est le 23e pilote moto décédé depuis la création du rallye-raid. En fait-on assez au niveau de la sécurité sur le Dakar selon vous ?
Pierre-Alexandre Renet : Perdre la vie sur un événement sportif, c'est dramatique. Mais on aura beau faire tout ce qu'on veut pour améliorer la sécurité, le risque zéro est impossible. Que ce soit en camion, en voiture et encore plus à moto… Énormément de choses ont déjà été faites, sous l'impulsion des différentes équipes, de la fédération internationale et de l'organsateur ASO. Aujourd'hui, on a un ancien motard à la tête du Dakar avec David Castera. Il est hyper impliqué dans la discussion avec les teams pour explorer toutes les voies pour réduire les risques. C'est lui qui a poussé pour rendre obligatoire les airbags depuis trois éditions. Au début, certains pilotes n'étaient pas contents car c'est lourd, moins confortable et cela gêne un peu la performance. Mais on s'est rendus compte que c'était vachement rassurant de l'avoir en cas de chute. La sécurité a beaucoup augmenté ces dernières années pour les motards.
Malgré cette avancée majeure, le danger reste accru à moto. Comment appréhende-t-on les risques lorsque l'on court un Dakar dans cette catégorie ?
On sait que les risques d'accident sont plus élevés sur un Dakar qu'ailleurs, en raison de ce côté aventure et de la vitesse. Mais on y pense pas spécialement. Je crois que c'est un peu comme un skippeur qui part pour le Vendée Globe : quand il s'inscrit, il sait qu'il prend une grosse responsabilité. Seulement aujourd'hui, ce n'est plus tout comme il y a quelques années où n'importe qui pouvait prendre le départ d'un Dakar. Il faut avoir participé à une épreuve organisée par ASO ou une épreuve du championnat du monde des rallyes et avoir réussi à se qualifier grâce à un bon temps. On ne s'inscrit pas au Dakar comme on en a envie, les pilotes engagés sont expérimentés, ce ne sont pas des purs amateurs.
Quand on apprend un tel drame, est-on refroidi en tant que pilote pour participer à d'autres compétitions ?
Forcément, cela rappelle qu'il y a des dangers mais ce n'est pas cela qui va faire arrêter. Quand on est passionné de quelque chose, c'est dur de stopper, même après une chute. Il faut surtout être conscient de la technique dont on dispose pour adapter son pilotage. Au Dakar, il y a d'ailleurs beaucoup de briefings dédiés au matériel de sécurité sur les motos : en cas d'accident, on sait quoi faire. A chaque étape, on est avertis sur les points critiques de la journée, là où c'est particulièrement dangereux et où l'on doit redoubler de vigilance. Un Dakar, c'est une organisation pointue où rien n'est pris à la légère.
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