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Visite guidée en avant-première de la Fondation Vuitton à Paris

C’est le dernier né des équipements culturels parisiens. La Fondation Louis Vuitton, voulue et financée par le milliardaire Bernard Arnault, est inaugurée ce lundi par François Hollande. Installée au cœur du Bois de Boulogne, à côté du jardin d’acclimatation, elle est destinée à devenir un temple parisien de l’art contemporain. Mais c’est d’abord un bâtiment spectaculaire.
Article rédigé par Anne Chépeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (La Fondation Vuitton, dédiée à l'art contemporain, est nichée au cœur du Bois de Boulogne, à Paris ©)
Visite guidée en avant-première de la fondation Vuitton avec Anne Chépeau

Il nourrit l’imaginaire. On le compare à un vaisseau. C’est un immense navire de 40 mètres de hauteur fait d’acier, de béton fibré et de bois, entouré de douze voiles de verre. Un bâtiment qui semble flotter, posé sur un bassin dans lequel l’eau descend en cascade. Son architecte, l’Américain Frank Ghery, est une star mondiale depuis qu’il a réalisé le musée Guggenheim de Bilbao en 1997. Pour la Fondation Vuitton, il avait envie de faire un bâtiment "qui évoque le mouvement, comme un navires toutes voiles dehors ", explique-t-il, "comme un nuage qui se déplace et dont l'apparence changerait avec la lumière ". "Il y avait aussi l'idée que les artistes puissent intervenir entre les parties vitrées et le bâtiment lui-même. Avec cette idée de mouvement, c'est une façade vivante et non-pas statique ", poursuit Franck Ghery.  

  (Iwan Baan for Fondation Louis Vuitton © Iwan Baan)

Spectaculaire à l’extérieur, le bâtiment dans lequel on se perd facilement propose à l’intérieur onze galeries, 3.800 m2 destinés à accueillir la collection d’art contemporain de la Fondation en cours de constitution ou des expositions temporaires. Pour l’instant, peu d’œuvres sont présentées en dehors des commandes réalisées pour entrer en résonance avec le bâtiment, comme le kaléidoscope de miroirs du Danois Olafur Eliasson. A l’intérieur, il y a aussi un auditorium où se produira prochainement Kraftwerk, pionnier de la musique électronique, et trois niveaux de terrasses partiellement ou totalement recouvertes par les fameuses voiles de verre. Des terrasses qui offrent des vues exceptionnelles sur Paris et à partir desquelles on prend la mesure de la complexité du bâtiment.

Un défi technologique

Entre le premier dessin de Frank Ghery et la fin des travaux, douze ans se sont écoulés et comme le concède Jean Paul Claverie, conseiller de Bernard Arnault, cela n’a pas été simple. "Le projet artistique de Franck Ghery, nous n'avions pas la technologie pour le construire. Donc, une phase d'étude et recherche a été mise en place, plus de 100 ingénieurs de très haut niveau ont été rassemblés pour réfléchir et pour inventer la technologie capable de respecter le geste de l’artiste ", explique-t-il. "Il y a eu trente brevets déposés ", poursuit-il. Pour vous donner une idée, les études à elles seules représenteraient 20% du coût total du bâtiment contre 3 à 4 % pour un immeuble de bureaux classique. Bernard Arnault s’est offert une star de l’architecture et rien n’était trop beau pour sa fondation. Il est impossible toutefois de savoir combien a coûté la construction de ce bâtiment hors normes. 

 

Un choix stratégie pour le patron de LVMH

Mais ce temple moderne dédié à l'art contemporain n’est pas qu’un geste philanthropique en faveur de l’art pour Bernard Arnault, même si c’est un homme de culture, amateur et collectionneur d’art contemporain. Ils sont peu nombreux à en parler mais la Fondation Vuitton et son bâtiment entrent évidemment dans la stratégie globale du groupe LVMH qu'il dirige. C’est ce que souligne Denis Lafay, directeur de la rédaction du magazine Acteurs de l’économie-La Tribune et éditeur de livres d’art. "On a d'abord le choix d'une ville, Paris, qui est extrêmement symbolique. Et pour un ex futur citoyen belge ce n'est pas neutre. Et on a cette idée qu'aujourd'hui, s'afficher comme collectionneur d'art contemporain, lorsqu'on est patron d'un empire du luxe comme  LVMH, ça permet aussi de maquiller d'un vernis créatif, altruiste, philanthrope, mécène, même émotionnel. Et donc là aussi on voit bien qu'il y a une logique à faire ce choix stratégique là par rapport à la nature même des activités du groupe ", explique-t-il. On peut aussi évoquer sa rivalité avec l’autre capitaine d’industrie et milliardaire français François Pinault. Bernard Arnault réussit là où François Pinault avait échoué. Sa fondation d’art contemporain est installée depuis neuf ans à Venise, faute d’avoir pu l’implanter près de Paris sur l’Ile Seguin. Les pouvoirs publics ont cette fois soutenu le projet de Bernard Arnault. La ville de Paris devrait en effet récupérer la propriété du bâtiment dans 55 ans à l’issue d’un bail emphytéotique.

  (Iwan Baan for Fondation Louis Vuitton © Iwan Baan)
 

 Pour découvrir la Fondation Louis Vuitton, il faut patienter encore un peu, l'ouverture officielle est prévue lundi prochain. Trois journées portes ouvertes sont organisées vendredi, samedi et dimanche.

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