Guy Ribes, né en 1948, monte à Paris dans les années 1970, bien décidé à vendre sa peinture. Il a choisi l’aquarelle pour exercer ses talents de peintre, et rencontre alors un certain succès : "J’avais mis au point des paysages de Sologne et des marines… Ça se vendait comme des petits pains. Les marchands m’en commandaient 300 ou 400 par mois. J’étais une vraie machine", explique-t-il.Simplement gagner sa vie ne le satisfait pas pleinement, d’autant que ses toiles plus ambitieuses ne trouvent pas leur public. Il a besoin de reconnaissance et commence à imiter les artistes cotés pour rivaliser avec eux… Notamment Marc Chagall. Un ami imprimeur d’art est son premier critique : "Il m’a dit que ce n’était pas bon et a commencé à m’apprendre… les couleurs… la composition… des tas de choses que tous les experts savent.""Comme un braquage à l’italienne"Des capacités évidentes et un travail de recherche sur les œuvres lui permettent de progresser rapidement. Guy Ribes imite ensuite d’autres signatures illustres. Encouragé par des courtiers complices, le faussaire du dimanche devient alors un professionnel : "Les gens pour qui je travaillais, des imprimeurs ou d’autres personnes, prenaient cela très au sérieux. Ils se sont mis à faire expertiser les toiles et à les vendre…"Le train de vie de l’artiste maudit change de catégorie : "Le gros argent rentrait. Ce n’était plus des aquarelles à dix balles. Ils me commandaient par exemple un dessin de Picasso et allaient voir l’expert du peintre. S’il disait oui, c’était bon, et s’il disait non, alors on déchirait. C’était simple, imparable, comme un braquage à l’italienne : s’il n’y a pas de mort, pas de témoin, tout en douceur… bravo !"