Hommage national à Michel Bouquet : "Maître, exigence, humilité", les mots de Muriel Robin à son ami comédien
Lors de l'hommage national qui sera rendu au comédien Michel Bouquet ce mercredi après-midi aux Invalides, Muriel Robin a prévu de lire une lettre à son ami qu'elle connaissait depuis 45 ans.
La comédienne Muriel Robin explique sur franceinfo mercredi 27 avril qu'elle aura "des mots qui viennent du cœur" mercredi après-midi en mémoire de Michel Bouquet, le comédien décédé il y a deux semaines pour lequel un hommage national sera rendu à 16 heures aux Invalides. Muriel Robin, qui connaissait Michel Bouquet depuis 45 ans et a été son élève au Conservatoire de Paris, va lui rendre hommage, tout comme Fabrice Luchini et Pierre Arditi, avant l'éloge funèbre prononcée par Emmanuel Macron.
franceinfo : Comment comptez-vous lui rendre hommage ?
Muriel Robin : Avec des mots qui viennent du cœur. C'est toujours compliqué quand on fait un discours de parler de quelqu'un sans que ça parle trop de soi-même. J'espère au mieux éviter cet écueil et je vais parler de l'homme. J'ai fait une lettre, je m'adresse à lui. On retrouvera certaines choses communes dans les discours de Pierre Arditi et de Fabrice Luchini. Quand on pense à Michel, évidemment, il y a toujours les mots maître, exigence, humilité qui reviennent. On est tous d'accord. C'est rare d'être d'accord à ce point sur un homme, avec toujours les mêmes mots qui reviennent et sans rien de négatif.
Vous l'avez connu il y a 45 ans au Conservatoire où il était enseignant : vous n'aviez presque jamais mis le pied dans un théâtre. Comment expliquez-vous le fait qu'il vous ait choisie ?
Michel Bouquet nous disait des mots que, jeune, on n'a pas tellement envie d'entendre : il faut servir et non se servir, lire et relire les textes et biographies, pour devenir l'auteur en quelque sorte, pour qu'il y ait des choses qui montent du texte. Moi j'ai été jeune qu'à partir de 40 ans. Mais quand on est jeune, on a envie de mettre de soi, certains gardent trop de cela, mais moi ça m'a parlé. Au fil du temps, chaque fois que je le voyais, je lui disait que c'était fou tout ce qu'il m'avait apporté : il me répondait que moi aussi. Il parlait de moi car je le comprenais. J'étais heureuse dans sa méthode, ça me parlait, c'est ce qui fait que j'ai eu un rapport très particulier avec lui. C'était un honneur, un bonheur.
Vous n'avez jamais tutoyé Michel Bouquet malgré votre proximité ?
On ne tutoie pas un maître. J'ai réussi au bout de 30 ans à l'appeler Michel. Je l'ai tutoyé les deux dernières fois que je l'ai vu. Je souhaite à des futurs comédiens ou comédiennes de rencontrer un Michel Bouquet, mais je pense qu'il est parti avec le moule.
Vous a-t-il vraiment empêché d'arrêter votre carrière dans des moments difficiles ?
C'est exact, deux fois. Après le Conservatoire, je lui ai dit que je retournais à Saint-Etienne car ce métier n'était pas pour moi. On marchait sur les boulevards, je lui tenais le bras, et il m'a dit : "C'est hors de question." Plus tard, je remplissais déjà des Zéniths, et j'ai dit que j'arrêtais. Il m'a dit : "Tu n'as pas le droit, c'est un devoir." Je l'ai écouté. Il m'a empêché de mourir. C'était un père, un repère. J'ai une chance folle et encore une fois, un bonheur et un honneur, que Michel Bouquet s'intéresse à moi, c'est que je valais peut-être quelque chose. Pour quelqu'un qui n'a pas confiance en soi, comme moi, ça empêche vraiment de mourir.
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