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"Généreux", "artiste libre", "conscience de la gauche" : les hommages se multiplient après la mort de Guy Bedos

L'humoriste et comédien est mort, jeudi à l'âge de 85 ans. Guy Bedos laisse derrière lui une carrière marquée par son engagement, et saluée par ses pairs.

Article rédigé par franceinfo
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L'humoriste, artiste de music-hall, acteur et scénariste, Guy Bedos est mort ce 28 mai à l'âge de 85 ans.  (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

C'est son fils, Nicolas, qui a annoncé sa mort, jeudi 28 mai, sur Instagram. Guy Bedos était âgé de 85 ans. L'humoriste, acteur et artiste de music-hall était "un maître dans notre métier", estime son ami Michel Boujenah. "Il va rester dans nos mémoires et dans notre culture comme un exemple d'esprit, d'artiste libre", a également réagi sur franceinfo Anny Duperey. Sa partenaire à l'écran, dans Un éléphant ça trompe énormément (1976) d'Yves Robert, n'arrive pas à le dissocier dans sa tristesse de Jean Rochefort et de Jean-Pierre Marielle.

C'était à la fois des grands professionnels et des grands enfants, et surtout des esprits libre.

Anny Duperey

à franceinfo

Anny Duperey se souvient de "quelqu'un d'une grande tendresse" faisant preuve "d'attention", et d'"un partenaire absolument délicieux". Anny Duperey souligne aussi que Guy Bedos "n'hésitait pas à critiquer et à avoir un œil acéré, même sur ses propres amis. Il avait toujours ce regard acéré pour voir les torts ou les choses qu'il pouvait discerner et dénoncer".

L'inventeur des "revues de presse"

Un regard acéré qu'il avait également sur la politique. "Son engagement était violent, fort, il avait de la rage qui lui permettait d'avoir ce courage et cette provocation, mais il était toujours drôle", se souvient le directeur du théâtre du Rond-Point à Paris Jean-Michel Ribes, interrogé par franceinfo. "C'est lui qui a inventé cette fameuse revue de presse", rappelle Jean-Michel Ribes, "cette capacité à regarder l'actualité et d'en sortir les absurdités et la drôlerie." Guy Bedos s'est produit plusieurs fois sur les planches du théâtre du Rond-Point. 

Ses provocations étaient toujours généreuses. Il adorait dépasser la ligne et disait que si l'on ne dépassait pas la ligne, rien ne bouge.

Jean-Michel Ribes

à franceinfo

"Il a vraiment marqué notre époque. Il a inventé l'engagement politique dans l'humour bien avant Coluche, bien avant d'autres", a réagi sur franceinfo l’actrice Macha Méril. Le producteur de cinéma Georges-Marc Benamou va même plus loin en affirmant qu'"il était devenu ces derniers temps une grande conscience de la gauche", et qu'il savait "secouer son camp". Sur franceinfo, celui qui est également journaliste rappelle que "quand Mitterrand était arrivé au pouvoir et pendant 14 ans, il a été une puissance à lui tout seul. Et il faut se souvenir qu'il n'y a pas si longtemps, il faisait encore trembler le président Hollande."

Georges-Marc Benamou ne peut s'empêcher de faire "une étrange liaison" entre la mort de Guy Bedos et celle de Jean-Loup Dabadie, qui était d'ailleurs le parrain de Nicolas Bedos. "C'est une semaine terrible pour ces années 1970 qu'on a tant aimé. Piccoli, Dabadie, Bedos, ce sont des gens qui étaient liés par mille liens, par la fraternité, le talent. C'est comme une France, un pan de la France de Claude Sautet qui disparaît."

Un homme "profondément humaniste"

"C'était un homme qui était très attaché à la terre algérienne, très attaché à cette histoire", a réagi sur franceinfo l'historien Benjamin Stora. Guy Bedos était aussi "profondément humaniste" souligne l'historien, "refusant les pratiques d'inégalité ou de racisme". Guy Bedos avait fondé l'organisation Coup de soleil avec Michel Boujenah et Smaïn, "une association visant à regrouper les Européens d'Algérie et des Algériens musulmans" précise Benjamin Stora. "Guy Bedos dans le fond, avait une position camusienne, c'est-à-dire attachée à l'Algérie, mais en refusant les principes d'inégalité, de racisme et profondément se réclamant de l'humanité."
 
Benjamin Stora tient à garder le souvenir de son ami Guy Bedos comme d'un homme "extrêmement sympathique, très drôle, profondément humain, profondément sensible, profondément attachant, et d'une grande complexité et d'une grande sensibilité".

"C’est une ironie tragique, il disparaît quelques jours après Jean-Loup Dabadie, mon ami qui lui avait écrit quelques-uns de ses meilleurs sketches", a confié sur franceinfo le journaliste et écrivain Philippe Labro. "Tous les deux avaient en commun cette faculté d'observer leur époque, la dérision sur les contemporains", a expliqué Philippe Labro. Pour lui, il y avait chez Guy Bedos "de la méchanceté, mais aussi beaucoup de tendresse".

Bedos en colère, il l’a toujours été. Une belle colère, une colère saine et intelligente.

Philippe Labro

à franceinfo

Il retient que l’humoriste laisse un double héritage. Le premier, "ce sont ses sketches et évidemment ces rôles dans les grands films d'Yves Robert" Le second, c’est son fils Nicolas Bedos, selon lui "un garçon super doué, intelligent et brillant (...) Je trouve ça formidable que la prolongation de Bedos, elle est là et va durer longtemps."

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