"Valeria" : la série espagnole avec Diana Gómez de "La Casa de Papel" peut-elle rivaliser avec "Sex and the City" ?
Sortie sans trop de bruit sur Netflix, la série espagnole, qui met en scène les espoirs et les désillusions de quatre copines, peut-elle remplacer le mastodonte des séries féminines des années 1990 ?
Quatre amies bien dans leur époque, à la table d'un bar, parlent de leurs aspirations de quasi-trentenaires et de leur vision du couple. Cela vous paraît familier ? C'est normal. Le pitch de Valeria, la nouvelle production espagnole de Netflix, rappelle quelque peu celui de Sex and the City. Car à l'image de la série américaine pionnier du genre, Valeria aborde le sujet de la sexualité, sans tabou et avec humour.
Adaptée d'une série de romans d'Elísabet Benavent, elle nous plonge dans le quotidien pas toujours rose de quatre femmes comme les autres, Valeria, Lola, Carmen et Nerea. Alors quand les alter ego ibériques de Carrie, Samantha, Miranda et Charlotte débarquent à Madrid en 2020, qu'est-ce que ça donne ?
Une Bridget Jones qui suscite la sympathie
Valeria a 28 ans. Mariée depuis six ans, cette aspirante écrivaine rêve de vivre de sa plume. Mais elle fait face à un ennemi de taille : le syndrome de la page blanche. La rédaction d'une ébauche de roman qu'elle doit rendre à son éditrice n'est qu'un prétexte. Car le propos de la série n'est pas l'inspiration littéraire, mais bien les relations de couple et le rapport des femmes à leur corps. Alors que Valeria tente, au gré de ses rencontres, d'apaiser sa relation à l'écriture, elle fait ainsi la connaissance de Victor, un architecte globe-trotteur qui ne la laisse pas indifférente et l'incite à remettre sa vie en perspective.
Diana Gómez, que l'on avait pu voir dans le rôle de Tatiana de La Casa de Papel, prête son joli minois à Valeria qu'elle interprète avec beaucoup de justesse. A ses côtés, des jeunes femmes au caractère bien trempé. D'abord, Lola, plutôt délurée - à l'image de Samantha de Sex and the City - campée par Silma López. Lola voit dans le couple un carcan sociétal dont elle souhaite s'émanciper, et permet à la série d'aborder des thèmes comme le couple libre ou le polyamour (les partenaires peuvent fréquenter et aimer plusieurs personnes à la fois).
Nerea (Teresa Riott), lesbienne, éprouve quant à elle des difficultés à trouver l'amour et à s'affirmer au sein de son groupe d'amies. Enfin, Paula Malia interprète Carmen, communicante efficace mais terriblement timide avec les hommes... Si la série met avant tout l'accent sur les femmes, Maxi Iglesias (Physique ou Chimie, Velvet) est crédible dans le rôle de Victor, le bel architecte qui fait tourner la tête de Valeria et Ibrahim Al Shami, émouvant dans celui d'Adrián, son mari qui veut encore espérer.
Chignon nid d'oiseaux roux flamboyant sur la tête, ordinateur sous le bras, regard doux, Valeria n'est pas parfaite : elle échoue à respecter ses engagements envers son éditrice, jette mille brouillons avant de trouver l'idée qui pourrait la propulser dans les librairies, préfère souvent faire l'autruche plutôt que de prendre ses problèmes de mariage à bras-le-corps. Mais elle n'en est que plus attachante et suscite vite la sympathie de ceux qui la côtoient. Un petit quelque-chose de Bridget Jones qui fait sourire...
Un scénario qui pâtit de quelques faiblesses
OVNI télévisuel au moment de sa sortie, provocante, souvent drôle, parfois crue, Sex and the City avait de quoi réjouir. Seize ans après la dernière saison, difficile de continuer à surprendre le public en dévoilant une série sur le même thème. C'est pourtant le défi de Valeria. A l'ère de la libération de la parole des femmes, la série ose aller plus loin. Elle ne se contente pas de suggérer, montre des scènes très explicites, sans pour autant sombrer dans la vulgarité.
Sa force, est aussi de braquer les projecteurs de façon équitable sur quatre femmes extrêmement différentes, que l'on apprend à connaître et à apprécier - et qui nous rappellent quelque peu la bande de Carrie Bradshaw. On peut ainsi se retrouver dans les galères d'écrivaine en devenir de Valeria, les problèmes de famille de Lola, la difficulté de Carmen à dépasser ses propres limites professionnelles et personnelles et la volonté de Nerea de se réapproprier son identité en s'engageant sur le terrain de la lutte contre les discriminations.
Paradoxalement, c'est l'une des faiblesses de son scénario. La série se veut engagée, féministe, ultra-contemporaine... Un feuilleton sentimental 2.0, à l'image de deux autres productions Netflix, la française Plan Coeur ou l'anglaise Sex Education. Si cette tendance fait du bien, Valeria se perd parfois dans ses intrigues, dessinant tout au long de cette première saison une myriade de nouveaux personnages peu étoffés, parfois clichés, qui auraient pourtant bien mérité que l'on s'y attarde. Elle veut dire trop, au point de parfois passer à côté de l'essentiel.
En seulement huit épisodes, difficile de parier sur l'avenir de Valeria, dont la protagoniste n'oserait guère - pour le moment - rivaliser avec l'indétrônable Carrie Bradshaw. Mais la série parvient à charmer son public grâce à des actrices pétillantes et des épisodes joliment rythmés. En somme, un divertissement léger, drôle et audacieux, plutôt bienvenu en cette période pleine de doutes.
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