"C'est de plus en plus compliqué" : certaines structures culturelles font leur rentrée à genoux
Malgré l'abondance des nouveautés dans les théâtres, cinémas ou librairies en cette rentrée, l'ambiance est plus morose en coulisses. Certaines structures, dépendantes des subventions publiques qui se réduisent, craignent pour leur survie.
Le Festival de Tréteaux de Mont-de-Marsan existe depuis onze ans. Ce rendez-vous estival autour de la commedia dell'arte a toujours eu lieu chaque année jusqu'à présent. Mais cet été, Yannick Fichant, le cofondateur, a pris la décision d'arrêter. "On a trouvé une solution pour pérenniser le festival et ça a été de le faire sous forme de biennale, donc de pouvoir provisionner le budget d'une année sur l'année suivante", explique-t-il.
Un recours extrême, après avoir réduit la durée de l'événement édition après édition, jusqu'à ce qu'il ne dure plus que deux jours. Mais le régime n'a jamais été aussi sec que cette année constate Yannick Fichant.
"Les collectivités locales ont des impératifs de baisse de budget et tous les partenaires qui sont autour d'eux en font plus ou moins les frais à force des baisses."
Yannick Fichant, cofondateur du Festival de Tréteaux de Mont-de-Marsanà franceinfo
Au bout d'un moment, ce n'était plus tenable. "On s'est entretenu avec les principaux financeurs en leur disant que nous, on ne pourra plus", explique encore Yannick Fichant. Ces inquiétudes sont largement partagées dans le milieu du spectacle.
Des subventions plus difficiles à obtenir
"C'est de plus en plus compliqué de faire sa place, de rentrer dans les réseaux", constate de son côté Séverine Garde-Massias, directrice artistique de la compagnie corrézienne Théâtre sur le Fil, qui joue autour de Brive depuis plus de vingt ans. Selon elle, il est devenu désormais plus difficile de convaincre de la région de financer des projets.
"Pour pouvoir avoir une subvention, il faut que le spectacle soit achevé avant sa création, sans l'avoir vu..."
Séverine Garde-Massias, directrice de la compagnie Théâtre sur le Filà franceinfo
Des critères compliqués, et qui, à force, deviennent un cercle vicieux. "Il faut quelqu'un qui s'occupe vraiment de cela quasiment à temps plein. Moins on a d'aides, moins on peut embaucher quelqu'un, donc moins on peut tourner", décrit Séverine Garde-Massias.
Le constat est le même du côté de la Fédération nationale des associations des directeurs des affaires culturelles (Fnadac). "Ca va faire plus mal que les années précédentes", anticipe son président Christophe Bennet. Il a vu l'accumulation de la suppression de la taxe d'habitation, l'augmentation générale du point d'indice des fonctionnaires et l'inflation évidemment pesante.
"L'idée, c'est qu'il faut essayer de maintenir une qualité de service public avec une réduction des budgets."
Christophe Bennet, président de la Fnadacà franceinfo
"Cette perspective va tant qu'on a des marges. Mais à partir du moment où on commence à être à l'os, c'est un vrai casse-tête pour les présidents et les maires des collectivités", explique-t-il. Et cela concerne tous les secteurs. Il cite des bibliothèques qui ne peuvent plus acheter les grandes sorties de la rentrée littéraire, des musées qui doivent limiter leur programmation, avec évidemment des disparités territoriales.
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