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Les festivals de musique au bord du gouffre : "On est autour de 500 000 € d'augmentation"

Après deux ans de pandémie, les festivals affrontent une périlleuse sortie de crise. Plusieurs d'entre eux vont avoir du mal à rentrer dans leurs frais et équilibrer leur budget.

Article rédigé par franceinfo - Arthur Fradin, édité par Valentin Moylen
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Beaucoup de spectateurs devant "Mask ha Gazh", groupe de rock celtique explosif, au Festival Interceltique de Lorient, le 6 août 2022. (THIERRY CREUX / MAXPPP)

Les festivals sans restrictions sanitaires sont de retour cet été. Une bonne nouvelle à première vue pour les organisateurs. Mais entre la pénurie d'intermittents, (beaucoup se sont détournés du métier pendant le Covid), une offre surabondante et l'explosion des coûts de production, l'inquiétude ronge le secteur.

Comme chaque année, le Festival Interceltique de Lorientlancé depuis vendredi 5 août, est un des plus fréquentés de France, avec près de 800 000 personnes devant les scènes. Pour cette édition 2022, l'envers du décor, ce sont surtout des coûts d'organisation qui explosent. "On est autour de 500 000 euros d'augmentation. C'est quand même beaucoup sur un budget de 7,3 millions", explique Jean Peeters. 

Une inflation difficile à compenser

Les rendez-vous estivaux ont traversé cette année des turbulences ponctuelles, -canicule, pluie diluvienne, artistes annulant pour Covid-19 - mais surtout structurelles. La liste des dépenses qui augmentent ne cesse de s'allonger.  "On n'a pas d'autre choix que d'assumer, ce sont des postes auxquels on ne peut pas renoncer pour le festival", explique Nadège Couroussé, directrice de production du Festival du roi Arthur, organisé fin août à Bréal-sous-Montfort, en Ille-et-Vilaine.

"Entre les augmentations de carburant, les augmentations au niveau alimentaire, les augmentations de matériel, les augmentations d'assurance, tout ça est très conséquent".

Nadège Couroussé, directrice de production du Festival du Roi Arthur

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Du côté du Festival Interceltique, les organisateurs ont eu une mauvaise surprise, celle de l'annulation d'une délégation irlandaise. "Au dernier moment, à quelques jours du festival, la compagnie vous dit non parce que le prix qui avait été négocié n'était plus intéressant. Donc on a pris cher, autour de 100 000 euros rien que sur ça", regrette Jean Peeters. Mais pour le président du festival, pas question de faire une croix sur la délégation irlandaise. "Si vous n'avez plus d'Irlandais, ce n'est plus un festival interceltique", souffle-t-il.

La question du "modèle économique" se pose

Pour survivre, les festivals prennent sur eux, afin d'offrir la meilleure des expériences aux festivaliers. Certains développent le mécénat. "Il y a environ 500 entreprises partenaires du festival chez nous", souligne Julien Sauvage, directeur du festival Cabaret Vert, à Charleville-Mézières (Ardennes). Mais ce n'est pas forcément tenable sur le long terme : "C'est grâce à ça qu'on s'en sort clairement. Mais à un moment donné, ça va avoir ses limites. Et puis le prix du billet aujourd'hui, ça va être, je pense, un vrai questionnement". De quoi se poser clairement la question du "modèle économique de nos évènements", lâche Julien Sauvage. Un modèle économique déjà fragile par ailleurs. Aujourd'hui, pour être rentable, faire le plein est désormais obligatoire. Selon lui, "les festivals ne peuvent pas se permettre moins de 90 à 95% de taux de remplissage".

Après deux ans de pandémie, les festivals musicaux, désormais confrontés à l'inflation, peinent à rentrer dans leurs frais - Reportage d'Arthur Fradin

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