Plan d'économies dans le spectacle vivant : 54% de représentations en moins pour la saison 2024-2025, prévoit une association de professionnels du secteur
Alors que plusieurs établissements culturels emblématiques sont touchés par des coupes budgétaires, l'Association des professionnels de l'administration du spectacle (LAPAS) révèle dans une enquête publiée mardi dernier qu'une diminution de 54% du nombre de représentations est attendue pour la saison 2024-2025, par rapport à l'année dernière, a rapporté, lundi 8 avril, France Inter.
Le budget du ministère de la Culture est amputé de plus de 200 millions d'euros, dont 96 pour la création. De grandes institutions comme l'Opéra de Paris, la Comédie-Française ou le Louvre ont vu leur budget raboté de plusieurs millions d'euros. C'est tout le secteur du spectacle vivant qui est touché de plein fouet par ces coupes budgétaires. Les professionnels craignent un plan social d'envergure dans tous les champs artistiques : théâtre, danse, cirque, arts de la rue notamment.
Mais cette crise "était déjà là" en 2023, explique Marion Gauvent, co-présidente de LAPAS, invitée de franceinfo mardi. "Il y a quasiment un an, jour pour jour, on publiait une lettre ouverte qui alertait déjà sur la crise budgétaire qui affectait de manière importante le théâtre et, par ricochet, les compagnies avec moins de spectacles annoncés et des budgets de coproduction qui étaient déjà réduits", a-t-elle précisé. Selon elle, les coupes budgétaires annoncées par le gouvernement vont rendre les salles de spectacle encore plus frileuses à s'engager sur de nouvelles productions en 2025. Tous les théâtres, les festivals et les compagnies subventionnées par les pouvoirs publics seront "impactés".
Des diminutions d'effectifs
La diminution de plus de la moitié des représentations est très inquiétante d'autant plus que seulement 58% des représentations qui étaient prévues sur la saison 2024-2025 sont confirmées à ce jour, précise LAPAS. Par ailleurs, "22% des artistes accompagnés réfléchissent à arrêter leur carrière ou à dissoudre leur compagnie". Le mal semble profond : "C'est très nouveau d'avoir dans nos entourages des artistes qui disent 'je tente encore une dernière création et après, si ça ne fonctionne pas, j'arrête'", souligne Marion Gauvent.
C'est bien "tout un écosystème" qui devient impacté. Il faut s'attendre dans les prochains mois à des diminutions des effectifs : "27% des bureaux de production et 40% des compagnies ne pensent pas pouvoir maintenir les emplois du personnel administratif tels qu’ils sont aujourd’hui", précise l’enquête de LAPAS. Avec plus de 50% de spectacle en moins, "c'est une baisse d'activité drastique, donc des artistes qui tourneront moins, et évidemment, des techniciens qui tourneront moins", assure Marion Gauvent. En conséquence, certains intermittents du spectacle n'arriveront pas à faire leurs heures minimums pour garder leur statut. Les professionnels dénoncent une casse sociale.
Les plus touchés par cette crise risquent d'être les artistes émergents, mais également les plus grosses distributions à qui on préférera des "seuls en scène" beaucoup moins coûteux. Dans un contexte de coupes budgétaires, les salles de spectacle prennent également moins de risque dans leur programmation. Certaines collectivités peuvent faire "pression" pour que soient planifiés "des programmes plus grand public", selon elle. "On va aller chercher des spectacles qui peuvent remplir à tout prix les salles et du coup, c'est au détriment évidemment d'une recherche artistique", a-t-elle expliqué.
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