"Starfuckeuses" et "michetonneuses" : au procès de l'affaire Zahia, le monde de la nuit parisienne se dévoile
Privé des prévenus vedettes, le tribunal a face à lui des seconds rôles qui décrivent sans détour les us et coutumes de la nuit parisienne. Francetv info vous raconte les deux premiers jours du procès.
Le procès a de quoi ravir les amoureux de la sémantique, avec des débats autour des définitions de "poufiasse", "michetonneuse" ou "starfuckeuse". Malgré l'absence des footballeurs Karim Benzema et Franck Ribéry, le tribunal correctionnel de Paris se plonge depuis lundi dans l'affaire Zahia.
La très médiatique jeune femme n'est pas non plus présente. A la place, d'autres prévenus se succèdent à la barre : deux gérants de bar parisien, un entremetteur de la nuit parisienne et un ami de Franck Ribéry, qui rivalisent d'inventivité pour évoquer les faits qui leur sont reprochés.
Prostituées ou pas ?
Privé des stars du dossier, le tribunal s'est d'abord penché lundi sur les us et coutumes de la nuit parisienne, et plus particulièrement sur le fonctionnement du Zaman Café. C'est dans ce cabaret oriental, proche des Champs-Elysées, que l'enquête avait démarré sur des soupçons d'activité prostitutionnelle.
Lorsqu'on l'interroge sur la clientèle de l'établissement, le gérant, Georges Farhat, répond : "C'étaient des femmes normales, qui sortaient en boîte de nuit." "Comment je pourrais savoir s'il s'agissait de prostituées", s'interroge-t-il, selon Le Parisien. "Je ne savais pas qu'il y avait une méthode scientifique pour reconnaître les prostituées", plaisante son frère Elie.
La question de l'âge de Zahia
Compliqué de s'y retrouver, car dans cette affaire, chacun y va de sa propre définition de la prostitution. Pour Kamel Ramdani, elle n'est pas bien compliquée, comme le rapporte le quotidien : "Vous payez, vous tirez votre coup et vous rentrez chez vous."
L'homme, poursuivi pour proxénétisme, a organisé l'escapade de Zahia à Munich en 2009, pour rendre visite à son "ami" Franck Ribéry. Mais il l'assure, ni lui, ni le footballeur n'ont payé pour profiter des charmes de la jeune fille, mineure à l'époque des faits. "A aucun moment, je ne pensais que c'était une prostituée", ajoute-t-il selon Le Point.
Pour lui, l'affaire est entendue : Zahia a menti à tout le monde sur son âge. Lui-même ne le connaissait pas. "Elle n'avait pas l'apparence" d'une mineure, dit-il face au juge. Il ne lui a d'ailleurs pas demandé de précision, pas besoin : "Pour moi, elle n'avait pas 17 ans et j'en ai eu la confirmation au lit."
Les "starfuckeuses" et les "michetonneuses"
Egalement à la barre : Abousofiane Mostaïd, 33 ans. L'ancien candidat de "La nouvelle star" est accusé d'avoir joué un rôle d'entremetteur rétribué entre des filles et des clients. L'émission de télé-crochet lui a surtout ouvert les portes du monde de la nuit, qu'il n'a pas hésité à faire partager sans détour au tribunal.
"Abou", comme il est surnommé, ne parle pas de prostituées. Il connaît surtout des "starfuckeuses", "la nouvelle génération de filles" qu'il décrit au juge, comme le relate Le Monde.fr : "'Star', comme star, et 'fuck', c'est de l'anglais, ça veut dire qu'elles aiment, euh, avec les stars..." Objectif : les ajouter à leur "CV".
Et puis il y a la "michetonneuse". Attention à ne pas la confondre avec la "starfuckeuse". Elle est plus intéressée par le matériel : "Par exemple se faire offrir un sac Vuitton, un voyage..." A l'entendre, c'est l'époque qui veut ça. "Avec la crise, rares sont les filles qui refusent, explique Abou. Mais ça n'a rien à voir avec une prostituée. Rien. Une michetonneuse, ça a du tact !"
Des accusations de proxénétisme
Sauf que le tribunal a en sa possession des SMS envoyés à "Abou" par des "amis", qui lui passaient commande de "tepus". "Envoie une poufiasse", écrit l'un d'entre eux, selon un message cité par le juge. Réponse d'Abou : "Ah, poufiasse ne veut pas dire prostituée, Monsieur le Juge. Poufiasse, c'est une tenue vestimentaire sexy."
Sauf que comme le précise la chroniqueuse judiciaire du Monde, les écoutes du portable d'Abousofiane Mostaïd et des témoignages montrent qu'il prélevait régulièrement sa part sur les prestations des filles qu'il aidait à organiser. Du proxénétisme, selon le Code pénal, pas selon l'intéressé : "Je les présentais, elles me dépannaient parfois d'un petit billet, c'est tout ! Un proxénète, c'est quelqu'un qui force les filles et qui leur prend tout !" Encore une fois, un problème de définition.
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