Terres et mers australes françaises classées à l'Unesco : "La France s'est engagée à être extrêmement vigilante", rappelle Ségolène Royal
Ségolène Royal a réagi sur franceinfo à l'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco des terres et des mers australes françaises.
Les terres et mers australes françaises ont été inscrites vendredi 5 juillet au patrimoine mondial par l'Unesco. Complètement isolé, à plus de 2 000 kilomètres de tout continent, ce territoire essentiellement marin composé d'îles et d'archipels au sud de l'océan Indien était un espace protégé depuis 2016. Ségolène Royal, l'ambassadrice chargée des négociations internationales relatives aux pôles arctique et antarctique, était l'invitée de franceinfo. Elle se déclare "très heureuse et très émue". Pour l'ancienne ministre de l'Ecologie, "c'est l'aboutissement d'un long travail et la reconnaissance que la France possède ce sanctuaire remarquable de biodiversité, un des plus grands du monde".
franceinfo : La France a-t-elle de nouvelles obligations maintenant que ces espaces sont inscrits au patrimoine mondial par l'Unesco ?
Ségolène Royal : Cette reconnaissance est un engagement de maintenir intact cette partie très fragile de la planète. Nous sommes, en France, à l'avant-garde de la connaissance scientifique dans les pôles. Nous avons au moins 400 chercheurs mobilisés. C'est, aussi, continuer la recherche sur les écosystèmes, la biodiversité, les végétaux. Cette partie du monde est un énorme puits de carbone pour l'ensemble de la planète et en même temps, c'est un territoire très menacé. Le réchauffement climatique est deux fois plus rapide aux pôles arctique et antarctique que sur le reste de la planète. Par conséquent, il va falloir lutter contre la surpêche qui appauvrit les ressources, et lutter contre le tourisme de masse. La France s'est engagée à être extrêmement vigilante sur ce sujet. Et continuer les actions traditionnelles de conservation des écosystèmes.
Est-ce qu'il y a une bascule, en terme légal, quand on devient un territoire classé, alors qu'il s'agissait déjà d'une zone marine protégée ?
Il y a un basculement car nous avons des comptes à rendre, et nous obtenons une très forte crédibilité internationale auprès de tous les chercheurs. On peut accélérer les coopérations scientifiques internationales et donner l'idée et l'envie, et parfois même l'obligation, à d'autres pays, notamment en Antarctique de créer des aires marines protégées. Il y a des négociations difficiles qui se déroulent en Australie. Certains pays rechignent à créer ces aires marines protégées dans cette partie du monde, pour pouvoir laisser les pêcheurs pêcher n'importe comment, c'est dangereux.
En montant vers le Nord, on a recensé des températures proches des 30 degrés en Alaska, qu'est ce que ça vous inspire ?
C'est extrêmement grave, la fonte accélérée des glaces entraîne une hausse du niveau de la mer, la disparition des petites îles et le déclenchement de phénomènes climatiques extrêmement violents. Il ne faut pas croire que le pôle Nord et le pôle Sud sont loin de nous. C'est tout près, les distances sont très rapprochées. Toutes les parties de l'océan communiquent, ce qui se passe dans une partie du monde a un impact ailleurs. En Alaska, il n'y a pas d'activité humaine très développée et pourtant la glace fond, il fait très chaud. C'est donc bien les activités humaines dans le reste du monde, et l'abus d'utilisation des énergies fossiles qui provoquent ces changements. Il faut préparer l'après-pétrole.
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