Restitution d'objets à l'Afrique : le Conseil des ministres examine un premier projet de loi
Le projet de loi étudié devrait notamment acter la restitution d'un sabre au Sénégal de statues au Bénin pillées par des troupes coloniales françaises.
Un premier projet de loi sur la restitution par la France à des pays africains d'oeuvres culturelles prises pendant la colonisation, un sujet controversé, sera examiné ce mercredi 15 juillet en Conseil des ministres, a-t-on appris mardi auprès de l'Elysée.
Ce "projet de loi relatif à la restitution de biens culturels à la République du Bénin et à la République du Sénégal", actera notamment la restitution formelle d'un sabre déjà prêté au Sénégal et que l'ex-Premier ministre français Edouard Philippe avait symboliquement remis en novembre dernier au président sénégalais Macky Sall. Il s'agit d'une arme historiquement significative, ayant appartenu à El Hadj Oumar Tall, un chef de guerre et érudit musulman qui a conquis au XIXe siècle un immense territoire à cheval sur le Sénégal, la Guinée et le Mali, et a lutté contre l'armée coloniale française.
Des dizaines de milliers d'oeuvres potentiellement concernées
Côté Bénin, la France s'est engagée sur le retour de 26 objets du patrimoine béninois pillés lors du sac du palais des rois d'Abomey par des troupes coloniales françaises en 1892 et conservés au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac à Paris.
Le président français Emmanuel Macron avait annoncé cette décisions fin 2018 suite à un rapport qu'il avait commandé sur ce thème aux universitaires Bénédicte Savoy, du Collège de France, et Felwine Sarr, de l'Université de Saint-Louis au Sénégal. Les deux spécialistes y avaient posé les jalons pour une restitution à l'Afrique subsaharienne d'oeuvres d'arts premiers transférées pendant la colonisation, recensant des dizaines de milliers d'oeuvres potentiellement concernées.
Un sujet qui fait débat
Mais leurs travaux ont été contestés par d'autres spécialistes et des musées comme le Quai Branly, qui dispose de la plus importante collection d'arts premiers. Ils se sont inquiétés d'une politisation du débat et d'arguments selon lesquels toutes les oeuvres en dépôt chez eux depuis la colonisation ont été malhonnêtement acquises ou pillées, et doivent être rendues.
Ils privilégient la "circulation" des oeuvres entre la France et l'Afrique, plutôt que des restitutions, sauf quand, comme c'est le cas pour les statues du palais Royal d'Abomey, le pillage par des soldats français à la fin du XIXe siècle a été flagrant. D'autres oeuvres ont été achetées, collectionnées lors de missions ethnologiques, ou leur origine reste inconnue.
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