Reportage Loto du patrimoine : comment les subventions ont permis de sauver l'"exceptionnel" aqueduc romain du Gier
Les 21 et 22 septembre, se tiennent les journées du patrimoine. Pour apporter votre contribution à sa sauvegarde, certains Français jouent au Loto spécial mission patrimoine. Depuis 2018, les sommes récoltées sont attribuées à des projets de rénovation. Franceinfo a voulu savoir si ces subventions ont vraiment permis de sauver des chefs-d’œuvre en péril. Dans la région lyonnaise, le chantier de l'aqueduc romain du Gier a été lauréat de la première édition du loto du patrimoine en 2018.
Venus de la région parisienne des visiteurs admirent la superbe restauration de cette portion de l'aqueduc. "2 000 ans derrière nous, c'est extraordinaire le travail qu'ont fait les Romains, ici", s'exclame l'un. "Je suis toujours émerveillée devant ces pierres. Même à moitié démoli, c'est beau quand même," ajoute une autre. Ses pierres ocre qui brillent au soleil, ses motifs géométriques en losange et au bout des 70 arches, le chef-d’œuvre : le pont siphon.
"Un coup de projecteur"
On distingue encore le réservoir au sommet et l'emplacement des tuyaux de plomb qui permettaient de franchir le vallon et de remonter la pente. Hugues Savay-Guerraz est archéologue et ancien directeur du Musee de Lyon : "C'est une rareté, cette technique du siphon. Et cette association de quatre aqueducs, c'est quelque chose d'exceptionnel... Après Rome, Lyon est la ville romaine la mieux dotée en aqueducs. L'aqueduc du Gier, par exemple, fait 86km de long avec quatre siphons."
"D'un point de vue technique et même d'un point de vue historique, c'est vraiment exceptionnel."
Hugues Savay-Guerrazà franceinfo
Entamée en 2016, la restauration estimée a trois millions d'euros, a bénéficié d'une subvention de 96 000 euros en 2018 par le premier loto du patrimoine, soit un trentième du coût total. C'est peu et beaucoup à la fois pour le maire de la commune, Damien Combet : "Nous avons effectivement profité d'une somme qui paraît assez modique. Mais ce coup de projecteur nous a permis d'accélérer le process de restauration. On va terminer, en 2025, la restauration de l'ensemble du linéaire alors même que quand on a démarré en 2015, on pensait que ce procès prendrait plutôt 20 ou 25 ans."
Des vestiges qui "se dégradent inexorablement"
Mais si le site de Chaponost grâce aux autres subventions et a la souscription publique est désormais en voie d'achèvement, il suffit de quelques centaines de mètres pour trouver, en contrebas, dans un état déplorable d'autres éléments du pont siphon.
Des pans de murs noircis envahis de végétation et la voûte protégée par un filet pour éviter les chutes de pierres. Un exemple loin d'être unique, selon Hugues Savay-Guerraz : "Je parcours les vestiges de l'aqueduc du Gier depuis près d'une quinzaine d'années et il y en a certains où je vois des morceaux qui tombent régulièrement. Évidemment ce sont ceux qu'on ne visite pas et qui petit à petit se dégradent inexorablement. C'est dommage mais tout sauvegarder, vu les moyens dont on dispose à l'heure actuelle, c'est vraiment impossible."
De la Loire à Lyon, il reste ainsi de nombreux vestiges gallo-romains livrés aux ravages du temps malgré leur classement comme monuments historiques.
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