: Vidéo Des éoliennes bientôt construites sur un ancien camp nazi ?
En Moselle, le projet d’accueillir des éoliennes sur un ancien camp nazi suscite l’indignation. Le site du Ban Saint-Jean a été réquisitionné pendant la Seconde Guerre mondiale et des milliers de prisonniers soviétiques y ont perdu la vie. Au nom de l’histoire, les défenseurs de la mémoire du site demandent l’abandon du projet.
A Denting en Moselle, le camp du Ban Saint-Jean a sombré dans l’oubli. C’est pourtant là qu’en 1945 ont été découvertes 204 fosses communes creusées par des soldats allemands pour y enfouir les corps de prisonniers soviétiques morts de faim, de maladie ou d’épuisement.
Après la guerre, les autorités avaient tenté d’évaluer l’ampleur du charnier : “La densité est de 3 cadavres sur 1 mètre et de 10 couches de cadavres en profondeur, note un procès verbal dressé en 1945 par une commission mixte franco-soviétique. D’après les estimations, sont enterrés dans ce charnier 20 000 cadavres.”
"Mettre des éoliennes tout près d’ici, ça relève de l’indécence"
C’est pourtant sur les terrains du Ban Saint-Jean que devraient bientôt pousser trois éoliennes de 150 mètres de haut. Pour Gabriel Becker, vice-président de l'Association Franco-Ukrainienne pour la défense et la réhabilitation du Ban Saint-Jean (AFU), le Ban Saint-Jean serait le plus grand mouroir nazi sur le sol français.
Car avec leurs fondations de 17 mètres de diamètre, les éoliennes risquent de creuser un sol où des cadavres reposent encore. "Mettre des éoliennes tout près d’ici, ça relève de l’indécence..." souffle Gabriel Becker.
"C'est aussi une part de votre histoire"
Le projet de parc éolien scandalise aussi en Russie. Comme des milliers de soldats vaincus de l’Armée Rouge, Alexei Lukovkin a été transporté depuis le Front de l’Est dans un tombereau à charbon. Nous avons retrouvé sa petite fille qui vit à Volgograd en Russie. Pour elle, construire des éoliennes sur le site profanerait ce lieu de mémoire : "C'est tout simplement impossible, là où tant de gens ont souffert, là où tant de gens sont morts. Nous sommes une des familles des 22 000 qui seraient enterrés au Ban Saint-Jean, c’est notre histoire, l'histoire de notre famille, l'histoire de notre pays mais c'est aussi une part de votre histoire."
Une histoire pesante que beaucoup d’habitants de Denting, le village d’à côté, préfèreraient laisser derrière eux. "Je suis pour le projet !" affirme l'un d'eux. "C’est un projet qui s’inscrit dans une politique d’avenir, ajoute un autre. Et cette cohabitation avec un cimetière ne me gêne absolument pas."
"Je pense qu'il faut tourner la page"
Dans cette commune de 250 habitants, le projet d’éoliennes, avec sa promesse de 42000 euros de revenus annuels, est une ressource inespérée pour la municipalité. "Je pense qu'il faut tourner la page, garder une parcelle pour le souvenir mais on va pas hypothéquer notre patrimoine immobilier pour un site qui date de la dernière guerre, estime Christian Belvetti, adjoint au maire de Denting. Nous on est propriétaires de ce terrain, donc on entend pour l’instant l’aménager comme on le souhaite."
Dans un courrier aux parlementaires locaux, le ministère des Armées, ancien propriétaire du Ban Saint-Jean, se dit vigilant sur le dossier. Il demande au préfet d’assurer le respect et la quiétude des lieux.
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