"Il faut que ce soit à jamais la dernière" : Nagasaki commémore le 77e anniversaire de sa destruction par la bombe atomique
Le 9 août 1945, trois jours après Hiroshima, Nagasaki était à son tour frappée par la bombe atomique. 77 ans après, sur fond de guerre en Ukraine et de menace d'usage des armes nucléaires, les deux villes japonaises relaient le même message : plus jamais cela.
La ville japonaise de Nagasaki commémore ce mardi 9 août le bombardement nucléaire américain qui l'a détruite il y a 77 ans. Larguée à 11h02, le 9 août 1945, la bombe atomique tuait 74 000 personnes. Trois jours et trois heures avant, à près de 300 kilomètres de Nagasaki, le 6 août, Hiroshima était également rayée de la carte par le feu nucléaire.
L'ombre de la guerre en Ukraine
En étant la première des deux bombes, Hiroshima a davantage marqué les esprits. Teruko Yokoyama est une "hibakusha", survivante en japonais, irradiée à Nagasaki à l’âge de 4 ans. Pour elle, cela ne fait pas de différence : "Première ou deuxième peu importe, il faut que ce soit à jamais la dernière." Et cette survivante pense immédiatement au contexte ukrainien. "En Ukraine, la Russie dit 'on va utiliser une arme nucléaire'. Ce serait totalement inacceptable, déplore-t-elle. Je ne veux absolument pas que la génération de mes petits-enfants et leurs descendants aient à endurer la même chose."
Parmi les 94 nations représentées aux commémorations de Nagasaki ce 9 août, ne figurent ni la Russie, ni la Biélorussie. "Je ne les ai pas invitées, se défend le maire de Nagasaki, Tomihisa Taue. En revanche, le nombre de nations représentées cette année est en très forte augmentation. Dans le contexte actuel, les ambassadeurs et pays veulent exprimer ensemble avec Nagasaki un désir de paix", explique-t-il. Ce désir de paix doit être porté par les nouvelles générations, car l'âge moyen des survivants frôle désormais les 85 ans. "Le problème des armes nucléaires n’est pas que celui de Hiroshima et Nagasaki", explique l'élu.
"Nous avons jusqu’à présent dépendu des survivants. Mais il est très important désormais que d’autres citoyens du monde entier relaient le message qui n’était diffusé que par les survivants."
Tomihisa Taue, maire de Nagasakifranceinfo
Et dans la situation actuelle, les hibakusha ont besoin que leur message soit porté par le Premier ministre Fumio Kishida. "Je veux qu’il porte les pensées de toutes les victimes, mortes et survivantes", glisse une survivante. D'autant que celui qui est à la tête du gouvernement japonais est originaire d'Hiroshima. Celui dont la lutte pour la disparition des armes nucléaires apparaît indissociable de son action politique "doit s'engager plus fortement, avec plus de conviction", selon elle. "Il est le Premier ministre du seul pays à avoir subi la bombe atomique, il doit être en première ligne, personne d’autre sur la scène mondiale ne peut tenir cette place", explique-t-elle.
Les hibakusha ne comprennent pas que le Japon, qui accueillera le sommet du G7 en 2023 à Hiroshima, n’ait pas signé le traité d’interdiction des armes nucléaires (TPNW), conclu en 2017 et entré en vigueur en 2021. Le Japon, seul pays victime de frappes nucléaires, dépend du parapluie nucléaire américain.
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