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Covid-19 : l'avenir des concerts est-il dans les bulles de distanciation ? Les Flaming Lips l’ont fait !

Cela semblait irréalisable et même délirant. Pourtant, les Flaming Lips ont bien donné ces jours-ci deux concerts aux Etats-Unis durant lesquels public et musiciens étaient ensemble mais séparés dans des bulles gonflables individuelles. Une idée à creuser en vue de reprendre les concerts en temps de Covid-19. 

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le chanteur des Flaming Lips, Wayne Coyne, est familier des bulles gonflables dans lesquelles il roule sur la foule de ses concerts depuis 2004. Ici à Byron Bay en Australie en 2009. (MARK METCALFE / GETTY IMAGES ASIAPAC)

Et s'il fallait en passer par là pour retrouver le plaisir et l'euphorie des concerts en chair et en os ? Le groupe de rock psychédélique américain Flaming Lips l'a fait : il a donné vendredi et samedi soir (22 et 23 janvier 2021) aux Etats-Unis deux concerts devant un parterre de plus d'une centaine de spectateurs à l'abri dans des bulles. Avec ce show futuriste et un brin dystopique, ont-ils inauguré la prochaine normalité des concerts ? Aussi folle qu'elle puisse paraître, l'expérience a été minutieusement pensée et semble plutôt convaincante, à condition de ne pas être claustrophobe.

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Une idée déjà tentée dans un show télé au printemps

En activité depuis 1983, les Flaming Lips sont connus pour leurs concerts généreux et délirants, avec déguisements et marionnettes. Or, il existe une tradition que les fans du groupe connaissent maintenant depuis 2004 : le fantasque chanteur de la formation, Wayne Coyne, a l’habitude d’apparaître en concert à l’intérieur d’une bulle géante et de rouler ainsi sur les bras du public.

Avec la pandémie de Covid-19, qui a mis à l’arrêt les concerts partout dans le monde, une idée a germé dans la tête de Wayne Coyne durant le confinement l’an dernier, au départ comme une blague : donner des concerts où le public serait lui aussi à l’abri dans des sphères transparentes, afin de respecter les consignes de distanciation sociale. Le chanteur pensait alors que l’expérience n’aurait certainement pas le temps de voir le jour avant la fin de l’épidémie, dont il espérait naïvement comme beaucoup qu’elle ne serait plus qu’un mauvais souvenir à la rentrée de septembre.

Au printemps, cependant, plus par goût du jeu et du spectaculaire, les Flaming Lips concrétisaient l’idée au Late Show de Stephen Colbert, marquant les esprits en jouant une chanson durant l'émission devant une trentaine de spectateurs à l’abri dans leurs bulles. 

Une centaine de bulles abritant jusqu'à trois spectateurs chacune

Puis, à l’automne, souffrant de fourmis dans les jambes, le groupe décidait de passer à la vitesse supérieure. Il commandait une centaine de bulles gonflables en Chine et proposait aux fans de tenter l’expérience, en donnant un mini-concert dans une salle de leur ville natale d’Oklahoma City (Oklahoma, Etats-Unis) pour filmer une vidéo. Cette tentative se révélant concluante, plus rien ne l'arrêtait.

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Après un report de dates prévues en décembre, les premiers véritables concerts du genre ont finalement eu lieu à guichet fermé vendredi 22 et samedi 23 janvier 2021 au Criterion d'Oklahoma City, et ce fut un succès. Devant les musiciens officiant dans des bulles, les spectateurs, qui devaient se présenter 45 mn avant en vue du placement, ont assisté au show sous une centaine de globes gonflables similaires abritant chacun jusqu’à trois personnes.

États-Unis : à Oklahoma City, les spectateurs d'un concert sont placés dans des bulles
États-Unis : à Oklahoma City, les spectateurs d'un concert sont placés dans des bulles États-Unis : à Oklahoma City, les spectateurs d'un concert sont placés dans des bulles (FRANCE 2)

Une heure et dix minutes d'oxygène

Les sphères disposaient d'une réserve d'oxygène d'une heure et dix minutes, précisait Wayne Coyne en novembre dans une vidéo de questions-réponses éclairante (ci-dessous) en indiquant qu'entrer et sortir des bulles grâce à un système de zip était très rapide.


Vendredi et samedi, les bulles étaient toutes équipées par ailleurs d'une enceinte pour la qualité sonore, d'un ventilateur, d'une bouteille d'eau et d'une serviette pour essuyer la condensation. Des panneaux "Je veux faire pipi" et "J'ai trop chaud" étaient également mis à disposition. Dans le premier cas, les spectateurs étaient accompagnés, masqués, par un membre du staff jusqu'aux toilettes. Dans le second cas, de l'air frais était diffusé dans leur bulle. Après les concerts, les globes transparents ont tous été soigneusement désinfectés à l'alcool, comme Wayne Coyne l'expliquait dans la vidéo ci-dessus.

Côté musique, les concerts des 22 et 23 janvier étaient de facture classique (enfin, classiques pour les Flaming Lips, c'est-à-dire avec pluie de confettis à gogo, arc-en-ciel et ballons géants argentés proclamant "Fuck You Covid-19"), la setlist comprenant une douzaine de titres dont quelques chansons de leur nouvel album American Head.

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"J’aime le fait que l’on peut être aussi excité qu’on le souhaite, qu’on peut crier tant qu’on veut, on ne peut être infecté par la personne à côté de soi", soulignait Wayne Coyne dans une interview à CNN en octobre. Le public est protégé et les musiciens aussi, se félicitait-il. Aurait-il inventé le futur des concerts en temps de pandémie ? Ces shows à bulles deviendront-ils la nouvelle normalité tant que le Covid-19 ne sera pas jugulé ? En attendant le petit film que les Flaming Lips comptent publier de l’événement, vous pouvez vous en faire une première idée avec les vidéos et post instagram disséminés dans cet article.


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