À Lyon, une création mondiale d'opéra met en scène, une femme ordinaire qui décide de prendre en "Otages" son patron
Le théâtre de La Croix-Rousse, en collaboration avec l'Opéra de Lyon et la Biennale des Musiques Exploratoires, présente jusqu'au 23 mars, Otages. L'inspiration est tirée du roman du même nom de Nina Bouraoui, qui traite de la pression sociale sexiste et économique subie par les femmes. Cette création mondiale, contemporaine et lyrique offre un portrait d'une femme se libérant du carcan dans lequel elle a vécu : Sylvie Meyer.
La pièce débute avec les mots de Sylvie elle-même : "je suis mère de deux enfants. Je suis séparée de mon mari depuis un an. Je travaille à la Cagex, une entreprise de caoutchouc. Je dirige la section des ajustements. Je n’ai aucun antécédent judiciaire." C'est l'histoire d'une femme ordinaire de 53 ans, traversant silencieusement les épreuves de l'abandon de son mari et des pressions de la vie quotidienne. Mais, un matin de novembre, la violence du monde, la solitude et l'injustice deviennent insupportables. Dans un acte de rébellion, elle abandonne toute retenue et détruit tout sur son chemin. Longtemps soumise, elle fait tout voler en éclats. Cette ouvrière, épuisée par sa vie et la charge mentale qui l'accompagne, finit par séquestrer son patron. Malgré la condamnation potentielle de ses actions, pour Sylvie, cette révolte est une renaissance. C'est un portrait poignant d'une femme dont chaque douleur et chaque mot résonnent avec les luttes actuelles.
"C’est un témoignage puissant et intime qui aide à donner la parole à des invisibles, à des femmes ordinaires qui ressentent pourtant profondément la déchirure qu’il y a dans le monde."
Richard BrunelMetteur en scène
Un opéra féministe
Théâtre, cinéma, opéra, la mise en scène explore le personnage de Sylvie Meyer dans toute sa complexité. Derrière un décor immergeant, la musique est dirigée et interprétée par un orchestre de femmes. Les musiciennes délaissent parfois leur instrument pour incarner, sur le devant de la scène, les ouvrières de l’usine.
La partition se veut volontairement féministe. Elle donne une voie et un espace à la femme affranchie que Sylvie devient, longtemps restée dans le déni d'une société qui la prive de ses libertés. Pour Sébastien Rivas, à la composition, sa proposition est "le fruit d'une réflexion plus personnelle sur la toxicité de la masculinité et du pouvoir, ainsi que sur les questions d’emprises dans les conventions amoureuses ou celle du travail".
Ce que ne contredira pas Nicola Beller-Carbone, soprano qui incarne Sylvie Meyer : "Elle prend une décision dans la vie d’être différente. Il fallait montrer un visage différent, c’est une Femme actuelle, une héroïne tout à fait commune pour lui donner une dignité et une dimension dans l'espace du théâtre. C’est très gratifiant."
La création lyrique est à découvrir jusqu’au 23 mars au théâtre de La Croix-Rousse à Lyon. Tarifs à partir de 14 euros. Réservation.
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