La semaine de la haute couture printemps-été 2024 sur les podiums, mais aussi dans les galeries et sur les écrans
Après la Fashion Week masculine automne-hiver 2024-25, c'est au tour à la haute couture parisienne de fouler les podiums du 22 au 25 janvier 2024. Trente maisons sont inscrites au calendrier officiel, dont un nouveau membre invité, Peet Dullaert. Les grands noms de la haute couture sont présents – Schiaparelli, Dior, Chanel, Armani, Gaultier, Valentino, Fendi – mais on redécouvrira aussi les créations de maison Margiela et Robert Wun, deux maisons de retour au calendrier.
Stéphane Rolland et les étudiants de l'IFM et d'Esmod Paris
Le mardi 23 janvier, c'est à la salle Pleyel que Stéphane Rolland présente sa collection printemps-été 2024 avec cette saison, en première partie de son défilé, le show Partage des étudiants modélistes de l'Institut français de la mode et d'Esmod Paris. Plus qu’un défilé, cette collaboration signe une transmission de techniques et de savoir-faire.
Pendant un trimestre, le couturier a donné plusieurs master class dans ces deux écoles aux ADN différents : "Nous sommes de l'autre côté du miroir, eux sont en devenir. Notre rôle était de leur expliquer ce qu'est la haute couture et ses spécificités. Nous avons l'expérience pour leur transmettre les informations et pour les aider pour leur avenir. Ces étudiants, en dernière année, sont prêts à commencer dans la vie active et pour certains, il y a encore tellement d'interrogations. C'est une génération assez inquiète et qu'il faut rassurer et mettre sur la bonne voie."
Peet Dullaert : vision contemporaine et engagements sociaux
Nouvel invité, Peet Dullaert est un créateur de 33 ans d'origine néerlandaise qui aime les silhouettes vaporeuses et les robes sculpturales. Créée en 2012 alors que le designer n'avait que 23 ans, sa marque a pour ambition de bousculer l'univers du luxe en repensant ses cycles de production et en encourageant une évolution vers des pratiques plus responsables.
Conçues à Paris, les pièces reflètent un univers poétique, empreint de liberté de mouvement et de sensualité intemporelle. Ces créations sculptent le corps et le parent de détails subtils, comme les petites perles baroques qui bordent les bretelles et les fermoirs délicats. S'il s'engage dans le rêve du luxe, le créateur n'en oublie pas pour autant ses valeurs. En témoigne notamment l'initiative Care for Earth - Plant for the Future qui contribue à la plantation d'arbres dans la forêt amazonienne et reverse une partie de ses bénéfices à l'organisation Trees for the Future. Avec ce projet, Peet Dullaert affirme une vision contemporaine qui associe des maisons de couture à des engagements sociaux forts.
Expositions "Iconic Avedon" et "Lisa Fonssagrives-Penn"
Ouvrant lors de la semaine de la haute couture, Iconic Avedon: A Centennial Celebration of Richard Avedon, à la galerie Gagosian, retrace la carrière d'un faiseur d'icônes. Souvent attribué à ses photographies, le terme "iconique" s’applique autant aux œuvres qu’à leur auteur. Ici, il est utilisé dans le titre de l’exposition pour souligner son influence sur la culture d’aujourd’hui.
Cette exposition témoigne de ses liens profonds avec la capitale française qui fut sa première source d’inspiration. Après s’être rendu à Paris en 1947, Richard Avedon y est fréquemment retourné afin de photographier les collections de la Fashion Week pour Harper’s Bazaar puis Vogue. Il a collaboré avec des éditeurs comme Carmel Snow, Diana Vreeland et Nancy White, mais aussi des créateurs comme Christian Dior, façonnant une nouvelle vision audacieuse de la femme moderne et faisant rayonner la grande ville après la Seconde Guerre mondiale. Représentant ses modèles en mouvement et dans la rue, libérés du cadre confiné de l’atelier, il a réalisé parmi ses photographies les plus connues à Paris, notamment Dovima et les éléphants et Brigitte Bardot. C’est également à Paris qu’il a réalisé les portraits, évoquant l’élégance de la moitié du XXe siècle et aujourd’hui considérés comme des classiques, de Dorian Leigh, Suzy Parker, Coco Chanel et Alberto Giacometti, qui sont présentés dans cette exposition.
À noter, à partir du 28 février, l'exposition Lisa Fonssagrives-Penn Icône de mode à la MEP présentera la collection personnelle de celle qui fut le plus grand mannequin de son époque. Plus qu’un modèle, Lisa Fonssagrives-Penn participait pleinement à l’élaboration des photographies pour lesquelles elle posait. La plupart ont été réalisées en studio, ce qui nécessitait des heures de préparation et une véritable complicité entre le photographe et son modèle.
Avec près de 150 tirages réalisés des années 1935 à 1955 par des maîtres de la photographie comme Horst P. Horst, Irving Penn, Louise Dahl-Wolfe ou Erwin Blumenfeld, l’exposition offre un aperçu de l’âge d’or de la photographie de mode, magnifié par une personnalité d’exception. Tom Penn, fils de Lisa Fonssagrives-Penn et d’Irving Penn, a fait don d’une partie de cet ensemble à la collection de la MEP.
Des séries consacrées à Balenciaga, Dior et un documentaire sur Lagerfeld
Les passionnés d'histoire de mode sont servis avec la série espagnole Balenciaga sur Disney+ et la série américaine The New Look dédiée à Christian Dior (à partir du 14 février) sur Apple TV. Disney+ va aussi annoncer la diffusion de The Kaiser, consacrée à Karl Lagerfeld, actuellement en phase finale de production. Le couturier allemand est actuellement le protagoniste d'un documentaire de quatre épisodes sur Canal+ réalisé par Guillaume Perez et Anne-Solen Douguet.
Avec Balenciaga (six épisodes) et The New Look (dix), deux visions se confrontent dans une époque qui a bouleversé l'Europe : avant et après la Seconde Guerre mondiale. Paris est alors l'épicentre du monde culturel, en particulier de la mode. Toute une génération de couturiers y défile et y impose leur style : Coco Chanel, Jeanne Lanvin, Elsa Schiaparelli... et l'Espagnol Cristóbal Balenciaga, qui arrive dans la capitale française en provenance de San Sebastián, au Pays basque, et y fait son premier défilé en 1937. "Cristóbal était le seul vrai couturier parmi nous tous. Les autres n'étaient que des stylistes", déclarait Coco Chanel à propos de ce concurrent avec lequel elle partageait une admiration et une rivalité mutuelles.
Le calendrier de juin bousculé par les Jeux olympiques
Si en janvier 2024, la couture parisienne printemps-été 2024 conserve ses dates, la saison suivante se tiendra exceptionnellement à de nouvelles dates en raison des Jeux olympiques de Paris. La semaine de la mode masculine printemps-été 2025 aura lieu du 18 au 23 juin et la semaine de la haute couture automne-hiver 2024-25 du 24 au 27 juin 2024. Un enchaînement plus rapide qu'à l'accoutumée puisque les deux semaines de la mode sont habituellement espacées d'une semaine.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.