Haute couture automne-hiver 2023-24 : les premiers pas du Saoudien Ashi et de l'Américain Thom Browne, le show de Stéphane Rolland, hommage à Maria Callas, filmé par Claude Lelouch
Après la semaine du prêt-à-porter masculin présentant l'été 2024, c'est au tour de la haute couture de défiler dans un contexte de tension et d'émeutes, qui fait planer une ombre sur ce temps fort de la mode et a conduit Celine à annuler son défilé dimanche. Interrogée la Fédération de la haute couture et de la mode a confirmé que "sauf prescription contraire des autorités", "les défilés" se tiendront "comme prévu", du lundi 3 au jeudi 6 juillet.
Domaine d'excellence, la haute couture française est destinée à une élite fortunée et demeure le fruit du travail des créateurs mais aussi de leurs précieux collaborateurs, qui ont su transmettre des savoir-faire séculaires tout en innovant. Cette saison, onze membres labellisés, six griffes étrangères (correspondants) et quinze membres invités, soit 32 maisons sont inscrites au calendrier automne-hiver 2023-24.
Les moments forts seront la présence sur les podiums parisiens de deux nouveaux entrants au calendrier : la maison du saoudien Ashi et la maison américaine Thom Browne. On note, également, le retour, cette saison, du Français Charles de Vilmorin, qui avait présenté sa couture printemps-été 2021 en janvier 2021.
Ashi : "cette nomination est le point culminant de ma carrière"
À 26 ans, Ashi va présenter, le 6 juillet, son premier défilé couture pour sa propre marque après avoir brièvement été directeur artistique pour Rochas. Ses précédentes collections, une aux couleurs pop et imprimées psychédéliques et l'autre entièrement noire, avaient été dévoilées dans des vidéos pendant la crise sanitaire. Ashi, qui a habillé la reine Rania de Jordanie, Penelope Cruz, Diane Kruger ou Lady Gaga, a fondé sa maison éponyme il y a 17 ans à Beyrouth avant de déménager à Paris en 2018. Ce créateur de silhouettes architecturales à travers des lignes pures décrit son style comme un "romantisme poétique".
Pour ce premier représentant du royaume et du Golfe à intégrer la semaine de la haute couture, c'est "Une nomination historique. Ashi est le premier couturier du Golfe à intégrer la Fédération la plus prestigieuse", a noté Ashi studio dans un communiqué. Une annonce intervenant en pleine offensive du royaume critiqué pour des atteintes aux droits humains, destinée à améliorer son image à l'international.
"Cette nomination est le point culminant de ma carrière. Cela m'offre l'opportunité de partager avec vous qui je suis", a déclaré le couturier. Dans une interview en début d'année, le créateur a confié à l'AFP qu'il n'avait jamais insisté sur sa nationalité, en partie par timidité et en partie parce que la mode occidentale était taboue lorsqu'il grandissait dans l'Arabie saoudite des années 1980. "Dans les années 90, j'étais le seul créateur saoudien. Mais je n'ai jamais dit que j'étais Saoudien. Je voulais que les vêtements soient visibles, pas moi", a-t-il déclaré.
Aujourd'hui, alors que son pays ultraconservateur traverse des réformes sociales, il a été accueilli chez lui comme mentor pour la Commission de la mode, créée en 2020 afin d'aider à construire une industrie locale. "Ils donnent des bourses aux gens pour quelque chose qui était interdit quand je grandissais. C'est un moment emblématique", a-t-il déclaré.
Le défilé Stéphane Rolland filmé par Claude Lelouch
"Je suis super heureux pour lui", a confié à l'AFP le couturier Stéphane Rolland qui dit l'avoir "découvert" dans une émission télévisée au Moyen-Orient dont il était président du jury. "C'est un poète artiste", "un rêveur", dit-il. "Il y a un vivier de talents en Arabie saoudite qui n'a pas pu s'exprimer comme il voulait pendant longtemps".
Stéphane Rolland présentera le 4 juillet un défilé dédié à Maria Callas à l'Opéra Garnier qui sera filmé par Claude Lelouch pour son film Finalement, dont la scène d’ouverture aura pour toile de fond ce défilé. Un hommage à la diva "dont nous fêterons les 100 ans de la naissance". L'occasion de réunir un parterre d'artistes, d'acteurs, et ou chacun jouera son propre rôle figurant ou vedette. "La maison de couture consciente de ce privilège prépare, complice et en secret cette lourde responsabilité de rendre aussi hommage à une personnalité lyrique hors norme, une icône de la vie mondaine d’un Paris que nous souhaitons réinventer. Fêter ainsi un réalisateur à la sensibilité infinie, amoureux de Paris, et de la vie. N’est-ce pas aussi la mission de la haute couture ?" a indiqué le couturier dans un communiqué.
Thom Browne prend goût à Paris
Le créateur américain Thom Browne défile à Paris - depuis plusieurs saisons déjà - dans le calendrier masculin, et féminin. Honoré du CFDA Menwear Designer of the Year Award en 2016, 2013 et 2006, du GQ Designer of the Year en 2008 et du Prix Cooper Hewitt National Design en 2012, il présentera sa collection le 3 juillet, au premier jour de la semaine haute couture. Il est familier des univers insolites mais souvent romantiques.
Deux expositions à la découverte des talents de demain
La semaine de la haute couture, ce sont aussi des événements comme ces deux expositions consacrées aux talents de demain.
Mossi, Les Ateliers Alix et Le Campus Mode, Métiers d’art & Design présentent l’exposition Hommages à Madame Grès à la Galerie du 19M (2, place Skanderbeg, 75019 Paris, jusqu'au 9 juillet). Elle rend hommage au travail de Madame Grès à travers les réalisations des étudiants des lycées professionnels de la mode mises en regard avec des pièces originales de la couturière mais également des pièces de créateurs tels Yohji Yamamoto, Olivier Saillard et Mossi.
À l’Appart Renoma, un "espace hybride en perpétuelle mutation", le créateur de mode et photographe Maurice Renoma présente "Esmod hors les murs" (129 bis, rue de la Pompe 75016 Paris, jusqu’au 8 juillet). Les étudiants de la classe of 2023 Fashion design Esmod international montrent leurs créations dans ce lieu de rencontres culturelles et artistiques qui met en lumière les talents de la mode de demain et un métier qui est à la fois savoir-faire, spectacle et art.
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