Le créateur Nicolas Montenegro fait le pari de la couture dans son village natal en Espagne
Après avoir passé quatorze ans loin de son village natal en Espagne, tout bascule en mars 2020 avec la pandémie et le confinement : Nicolas Montenegro y revient pour lancer, en ligne, sa marque, dessinant une première collection de robes de mariées.
Espoir de la mode, Nicolas Montenegro a été formé à Milan et a dessiné des vêtements pour Beyoncé ou Rosalia. Mais la pandémie a amené ce jeune créateur à revenir à La Lantejuela, son village natal de 3.800 habitants près de Séville en Espagne, pour y lancer sa marque, loin des capitales de la mode.
Sur la table de travail du couturier de 31 ans, des croquis et des échantillons de tissus - crêpe, velours, taffetas. Dans l'atelier, des robes de mariées, des bobines de fils colorés fabriqués localement, des photos de famille et même un jambon, produit central en Espagne. "Pas besoin d'être physiquement dans une grande ville" grâce aux nouvelles technologies, indique le créateur.
Après un passage à l'Istituto Marangoni de Milan, Nicolas Montenegro a passé quatre ans chez Dolce & Gabbana, habillant notamment Madonna, Beyoncé, Kylie Minogue, Monica Bellucci et même Melania Trump. De retour en Espagne en 2018, il travaille à Barcelone pour la griffe Yolancris et dessine la robe en tulle plissé rose portée par la pop star espagnole Rosalia aux Grammys Latinos.
Voir cette publication sur Instagram
Des collections en ligne
Mais tout bascule en mars 2020 avec la pandémie et le confinement. Après avoir passé quatorze ans loin de son village natal, le créateur y revient pour passer plus de temps près de son père atteint d'un cancer puis emporté par le coronavirus en novembre 2020. "Encouragé" par ce père, entrepreneur d'origine modeste, Nicolas Montenegro décide de rester et de lancer sa marque dans le village, dessinant une première collection de robes de mariées baptisée Abril. Des robes sobres, élégantes, vendues 2.500 euros pièce en Espagne, au Royaume-Uni et en Grèce, imprégnées de son goût pour le vintage.
Voir cette publication sur Instagram
Il prépare désormais une collection automne-hiver de prêt-à-porter principalement féminin, inspiré des tapisseries ornées de cerfs, de tigres et de paons ramenées par son père de son service militaire dans l'ancienne colonie espagnole du Sahara occidental en 1971. Une collection qui sera lancée en mars 2021 à Madrid et surtout en ligne, pandémie oblige.
Ce que le jeune créateur considère comme un avantage. "Dans les défilés, tout va si vite - Chanel, Dior... - que vous n'avez pas le temps d'en profiter avant que tout le monde oublie", juge-t-il. "J'ai lancé la collection de robes de mariées en ligne, j'ai fait une vidéo promotionnelle et chaque robe avait sa vidéo", explique-t-il.
Un choix beaucoup plus "fonctionnel", défend Nicolas Montenegro qui a fait le pari de la mode féminine, contrairement à d'autres créateurs espagnols, comme Arturo Obegero, Archie Alled-Martínez ou la griffe Oteyza qui ont présenté à la Fashion Week de Paris des pièces masculines ou "genderless".
Palomo Spain, une référence
L'ouverture de son atelier a permis de dynamiser l'économie d'un village, dévastée comme ailleurs par la pandémie, qui possède un savoir-faire remontant à plusieurs générations de couturières expertes en robes de flamenco ou en vêtements pour enfants. Ses trois employées, habitantes du village, découpent les tissus et font des patrons. "Vu la situation, il nous aide tous beaucoup", car "il n'y a rien d'autre" dans le village, juge l'une des employées de l'atelier, Estefanía Ponce, mère de famille de 38 ans.
Sa philosophie, Nicolas Montenegro la partage avec Alejandro Palomo, jeune créateur de 28 ans à la tête de la marque Palomo Spain qui a lui aussi ouvert son atelier dans sa ville natale de Posadas, à 75 km de La Lantejuela. "Sans le village, nous ne serions personne", dit-il, en saluant le travail de son confrère, combinaison réussie de traditions espagnoles et de modernité grâce auquel le monde de la mode "regarde à nouveau" l'Espagne "à l'étranger".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.