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Fashion Week hiver 2020-21 : retour aux sources pour Richard René qui transforme d'anciens modèles de la maison Guy Laroche

L'idée de développer des collections plus respectueuses de l'environnement est de plus en plus prégnante dans le monde de la mode. 

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
Présentation Guy Laroche automne-hiver 2020-21 à la PFW, le 26 février 2020 (GUY LAROCHE)

Richard René, directeur artistique de la maison française Guy Laroche depuis 2017, a renoncé au défilé, cette saison, au profit de la présentation. Pour l'automne-hiver 2020-21, le créateur français présente douze pièces réellement faites maison puisque créées à partir de vêtements vintage de la marque, ainsi que quatre nouvelles tenues. 

"En 2019, 39 millions de tonnes de vêtements ont été jetés dans le monde", souligne Richard René dans sa note d'intention remise aux invités. 

Du fait maison 

Richard René est connu pour prôner une mode "radicale, minimaliste, puriste", sa collection intitulée "Transform 20.21" propose 12 pièces vintage signées Guy Laroche. Son idée : la transformation contemporaine d'anciens vêtements en n'utilisant que les matières premières disponibles au sein de la maison.

Pour réaliser ce challenge, il a recherché et racheté des modèles Guy Laroche dans des boutiques d'occasion ou sur internet. Ces anciens modèles ont été photographiés avant transformation pour illustrer un face à face avec leur recréation. Seules quatre nouvelles tenues, déclinées dans le même tissu de tonalité beige, intègrent la collection.  

Présentation Guy Laroche automne-hiver 2020-21 à la PFW, le 26 février 2020 (GUY LAROCHE)

"Je pense qu'il y a trop de vêtements, on achète et on ne les porte pas. Il est temps qu'on voie les choses autrement", explique le styliste. Cette collection de pièces uniques ne sera donc pas reproduite en serie pour les clientes. Une démarche audacieuse pour du prêt-à-porter ! En effet si le principe de la haute couture est de proposer des pièces uniques, celui du prêt-à-porter est tout autre, il requiert une production à grande échelle. 

La formule de la présentation choisie par Richard René permet de se rendre compte du travail réalisé : le vêtement recréé est installé sur un mannequin inanimé avec, en arrière-plan, une photographie représentant la pièce originale. Un excellent moyen de se rendre compte du travail de recréation. 

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Richard René pour @guylaroche automne-hiver 2020-21 : Transform, 12 pieces vintage #mode #fashion #anciensvetements

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Transformer, faire revivre 

Cette démarche permet de s'interroger sur le fait qu'il est peut-être encore plus difficile d’être créatif lorsqu’on ne part pas d’une page blanche. Car pour le créateur, il s'agit de savoir se réinventer tout en utilisant des pièces existantes.

Ainsi un manteau de fourrure a été découpé dans tous les sens : la matière se retrouve sur deux paires de bottes et une paire d'escarpins, un pull et un T-shirt. Une robe de soie bleue imprimée a subi elle aussi le coup de ciseaux : elle a été recousue avec des ceintures noires vernies dénichées aux puces. Une autre robe imprimée à, quant à elle, été teinte pour renaître cette fois-ci dans une tonalité noire

Présentation Guy Laroche automne-hiver 2020-21 à la PFW, le 26 février 2020 (GUY LA>ROCHE)

Quand Guy Laroche lance sa maison en 1957, il veut libérer le corps des femmes du New Look et leur offrir une élégance "raffinée et discrète". Ses créations marquent alors leur époque et des pièces telles que la robe-manteau ou la robe-chemise deviennent parties intégrantes des garde-robes. On les retrouve aujourd'hui dans cette collection qui souligne la beauté de l'imperfection et met en évidence le principe du design conscient : faire plus avec moins. 

Des maisons de haute couture engagées

Guy Laroche n'est pas le premier créateur à s'intéresser à la mode responsable, déjà en janvier dernier lors de la semaine de la haute couture printemps-été 2020, plusieurs stylistes se sont engagées sur ce créneau. Pour sa dernière collection haute couture célébrant ses 50 ans de mode, Jean Paul Gaultier annonçait à la surprise générale : "Je pense que la mode doit changer. Il y a trop de vêtements, et trop de vêtements qui ne servent à rien. Ne les jetez-pas, recyclez les !". ajoutant encore "J'ai utilisé mes archives comme de la matière. Ce que j'ai fait à mes débuts sans moyens, je le fais aujourd'hui avec mon patrimoine pour donner vie à des créations nouvelles". 

Même topo pour la maison Viktor & Rolf (le duo avait utilisé leurs archives d'échantillons de tissus pour constituer une collection patchwork). La maison Tony Ward avait, quant à elle, proposé une collection Revive basée sur les notions d’upcycling et d’éco-responsabilité puisque principalement créée à partir de pièces d'archives ou de matières déjà en stock dans les ateliers du couturier. Enfin, quinze jours après la semaine de la haute couture, le 3 février, un autre show celui de l'association Renaissance suivait aussi cette tendance en présentant 35 tenues couture upcyclées.

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