Trois livres pour décrypter ce monde qui change et réfléchir à l'avenir de la mode
Le confinement, c'est du temps pour la lecture. C'est aussi du temps pour réfléchir. Voici trois ouvrages consacrés à la mode qui traitent de ce monde qui change et donnent des pistes pour l'avenir.
Derrière les belles images de mannequins sur les podiums et les vêtements accumulés sur les portants des magasins se cachent désormais des problématiques, comme celle de consommer moins et de façon plus responsable. La mode change et cette période de confinement, due à l'épidémie de coronavirus, provoquera peut-être un déclic nécessaire.
Voici une illustration avec ces trois ouvrages pour apprendre à consommer autrement : 10 milliards - La déferlante durable de Gérald Cohen, Les marques positives d'Elisabeth Laville et Mémoires de mode, une vie entre création et industrie de Didier Grumbach. Présentations des livres et extraits pour une première mise en bouche.
Gérald Cohen : "10 milliards - La déferlante durable"
Gérald Cohen travaille dans les tendances et dans la mode depuis le début des années 1990 : il accompagne, aujourd'hui, la nouvelle génération de marques mode & food éco-responsables. Il est l'auteur de La mode comme observatoire du monde qui change (2015) où il racontait le monde et la mode à travers le prisme de trois générations. Il prolonge ici son propos avec ce nouvel ouvrage 10 milliards - La déferlante durable où il évoque ce monde qui change.
Partant du constat que nous serons bientôt 10 milliards sur la planète, mais que personne ne sait comment nous allons pouvoir tous nous épanouir ensemble, l'auteur dresse un portrait de notre société. Après des décennies de consommation effrénée, de gaspillage, de pollution et de destruction, de nouvelles initiatives naissent - partout dans le monde dans tous les domaines - et proposent de vivre en harmonie sur notre planète et ceci sans compromettre notre avenir. "J’ai recensé sous forme de stories les différentes solutions qui émergent dans toutes les industries, à commencer par la mode qui joue un rôle très important dans la visibilité des nouvelles tendances green" explique l'auteur avant d'ajouter "Parce que dans les années à venir et pour les décennies qui suivront, le développement durable et ses bonnes pratiques seront déterminants dans l’acte d’achat". Pour l'auteur privilégiant leur santé, les habitants vont changer leurs habitudes de consommation pour favoriser les biens mais également les services, durables et responsables.
Extrait de "10 milliards - La déferlante durable" de Gérald Cohen (éditions Cent mille milliards) : "Quant aux industries, et en particulier les marques de l’industrie des apparences, elles font de la Responsabilité Sociale (ou Sociétale) de l’Entreprise leur nouvel ADN. Qu’elles appartiennent au luxe, à la mode ou aux cosmétiques, elles font du bien-être de leurs salariés et de leurs fournisseurs une priorité et rapatrient leur production localement. Les blockchains et leurs applications permettent aux consommateurs de vérifier la traçabilité de leurs achats… Malgré les scores exponentiels des ventes du Black Friday, les marques de mode, y compris celles de Fast Fashion, ne font plus de la consommation un argument de vente. Conscientes des nouvelles aspirations de leurs clients, elles révisent leurs pratiques commerciales pour adopter une démarche plus éthique en reprenant leurs anciens produits contre un bon d’achat ; en pratiquant le recyclage et l’upcycling, elles proposent également la location de vêtements et d’accessoires. Les ventes de vêtements vintage explosent pour bientôt dépasser celle des marques de luxe".
Disponible sur le site Cent Mille Milliards. Gratuit jusqu'au 15 avril.
Elisabeth Laville : "Les Marques Positives"
L’auteure, Élisabeth Laville est l’une des expertes françaises de la RSE (Responsabilité Sociale (ou Sociétale) de l’Entreprise) et l’une des leaders européennes dans le domaine du développement durable intégré au business. Elle a fondé UTOPIES, une agence de conseil spécialisée dans les stratégies de développement durable. Dans cet ouvrage préfacé par Yvon Chouinard, le fondateur de Patagonia, plusieurs thèmes sont abordés : la raison d’être, l’innovation durable et l’impact positif. Les marques influencent nos perceptions, nos modes de vie et nos comportements. Combinant le pouvoir de l’innovation et celui de l’argent, elles ont un rôle à jouer dans la résolution des problèmes de notre temps.
Conçu à la fois comme une source d’inspiration et un guide pour changer de pratiques, ce livre permet de comprendre comment mobiliser les atouts d’une marque au service du développement durable. Ce recueil, riche en cas pratiques, montre des marques qui œuvrent à changer le monde au travers d’enjeux sociétaux (égalité entre les femmes et les hommes, diversité, crise climatique, surconsommation, économie locale...). L’ouvrage présente aussi des outils pour engager les offres, les équipes, les clients... au service d’un changement positif.
Extrait de "Les marques positives" de Elisabeth Laville (éditions Pearson) : "Il est temps de sortir de ce débat manichéen. Et si l’attrait du made in local était tout simplement le signe que nous n’avons économiquement plus le choix, qu’on le veuille ou non, que l’on soit localiste ou non, que l’on croie ou pas dans les vertus de la mondialisation ? Le made in local met aussi les territoires face à leurs responsabilités et interroge leur ultra-dépendance aux richesses et aux ressources extérieures. Car la vision classique du développement économique se résume très souvent à la capacité du territoire à capter des richesses extérieures : exporter, conquérir des marchés internationaux, attirer de nouvelles entreprises, de nouveaux habitants, étudiants ou touristes… (…) Sur le plan économique, cette approche nous rend ultra-dépendants de certains secteurs d’activité amont cependant que nos efforts sont concentrés sur d’autres secteurs où nous dépendons en aval de marchés extérieurs souvent lointains et aléatoires, ce qui accroît encore les risques de délocalisation. (…). Il y a donc urgence a ré-enraciner notre économie dans les territoires. (…) Un travail sur l’autonomie optimale des territoires doit être envisagée. D’autant que les expériences nord-américaines menées au sein du réseau BALLE notamment (qui était mis en avant dans le film Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent) montrent qu’une relocalisation raisonnée de certaines activités énergétiques, agricoles, agro-alimentaires, artisanales ou industrielles est possible… ".
Disponible en numérique sur le site Pearson.
Didier Grumbach : "Mémoires de mode, une vie entre création et industrie"
On sait que la Paris Fashion Week masculine et la semaine de la haute couture, prévues fin juin-début juillet 2020, sont annulées mais on ne connaît pas l'avenir des prochaines Fashion Week. Si les deux premiers ouvrages se sont penchés sur l'avenir, celui-ci offre le témoignage d’un homme qui a eu la volonté de faire bouger les lignes et de les transmettre. C'est une plongée dans une époque révolue certes mais qui a été le fondement de notre monde, celui d'aujourd'hui, qui est en plein changement. Didier Grumbach est arrivé dans le milieu de la mode au milieu des années 50. Il a tout au long de sa carrière participé aux grandes évolutions de ce métier, de l’éclosion du prêt-à-porter à l’internationalisation des marques ou à l’émergence des créateurs. Fondateur du premier concept-store avant Colette, Créateurs & Industriels dans les années 70, mais également de L’Institut Français de la Mode, président d’honneur du Festival International de Mode, de Photographie, et d’accessoires de mode de Hyères, il fut aussi président de la Fédération française de la Couture.
Extrait "Mémoires de mode, une vie entre création et industrie" de Didier Grumbach (Editions du Regard & IFM) : "La chance a voulu que j’effectue mes premiers pas dans l’industrie de l’habillement au moment précis de l’apparition du prêt-à-porter et, au sein de celui-ci, des premières fabrications en série pour des maisons de couture. La chose suivante s’était produite : Dior avait agrandi la boutique située au rez-de-chaussée de ses salons de l’avenue Montaigne. On y vendait des bijoux fantaisie, des foulards, du parfum, des cadeaux mais aussi du prêt-à-porter - non pas les modèles de couture bien sûr mais des vêtements spécifiques que la maison ne voulait pas forcement produire elle-même. En faisaient parti les manteaux, qu’une cliente, même aisée, n’achetait pas forcement en sur-mesure, puisqu’il était possible d’en trouver avec un bon niveau de qualité en prêt-à-porter - mais aussi, assez rapidement, des robes et des tailleurs spécialement conçus à cet effet. Soudainement, une maison de couture, et non des moindres, vendait des vêtements tout faits, fabriqué par d’autres et simplement griffés boutique. C’est cette année-là, en 1965, que tout a changé d’une façon très soudaine. (…) J’étais en train d’assister au début d’une révolution commerciale sur le point de changer profondément la structure même du marché : pour la première fois, un grand magasin américain achetait en quantité du prêt-à-porter griffé fabriqué en France".
Disponible à la FNAC
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