Salon Livre Paris annulé : "Que cela ne vous empêche pas de lire !", Françoise Nyssen, directrice des éditions Actes Sud
Le salon Livre Paris, prévu du 20 au 23 mars, porte de Versailles, est annulé pour raisons sanitaires.
Le salon Livre Paris, qui a accueilli l'an dernier 160.000 visiteurs, est annulé suite de la décision du gouvernement d'interdire des "rassemblements de plus de 5.000 personnes en milieu confiné".
"J'étais un peu désolée en apprenant cette nouvelle", confie à Franceinfo Françoise Nyssen, directrice des éditions Actes Sud et ministre de la Culture au début du mandat d'Emmanuel Macron. "Je ne juge pas cette décision et je comprends les inquiétudes et les mesures à prendre, mais je suis triste", ajoute l'éditrice.
"Le salon du livre, c'est la fête d'un écosystème, composé des auteurs, des éditeurs, des libraires et des lecteurs, avec au centre, l'auteur", rappelle Françoise Nyssen.
L'aspect matériel à examiner
Concrètement pour Actes Sud comme pour d'autres éditeurs, cette annulation suscite des questions et des inquiétudes. "On attend de voir, parce qu'on a déjà payé la location de l'espace, la fabrication et le montage du stand, et toutes sortes de dépenses engagées pour le salon. Il y a tout l'aspect matériel qu'il va falloir examiner", confie l'éditrice.
L'ancienne ministre de la Culture rappelle que le secteur est déjà en équilibre précaire, déjà fragile, et destabilisé par les blocages de la fin de l'année. "Avec les grèves des transports, les libraires ont déjà beaucoup souffert", note-t-elle. "Le secteur est dans un équilibre fragile, et contrairement aux idées reçues, ce n'est pas un secteur aidé. Pour Actes Sud, par exemple, les subventions représentent seulement 1% du budget. C'est peu. Et c'est encore plus difficile pour les auteurs, on en a parlé, mais aussi pour les libraires, qui font un travail formidable tout au long de l'année".
"Repenser le salon du Livre"
L'éditrice espère que cette annulation, qui s'ajoute à la décision du groupe Madrigall et des éditions de Minuit de se retirer cette année, sera l'occasion de repenser le salon, qui ne doit pas être considéré comme "un lieu de profit, ou de perte, mais comme un lieu de l'édition, et de partage autour des livres, et de la littérature", estime-t-elle.
Il faut discuter tous ensemble pour redonner un élan à ce salon Livre Paris, pour qu'il ne devienne pas un lieu purement commercial.
Françoise NyssenActes Sud
Une occasion également, soulève l'éditrice dans le sillage du Rapport Racine publié le 23 janvier, de se questionner sur le fonctionnement du système pour tous les acteurs de la chaîne du livre. "Il faut le moyen d'être ensemble, éditeurs, auteurs, libraires, et pas chacun dans son silo, parce que sinon les grands prédateurs ne feront qu'une bouchée de nous tous".
Le livre, excellent remède "contre les angoisses et les peurs"
"Notre société est là, avec ses virus, et il faut faire avec. Mais plutôt que de faire des réserves dans les épiceries, allons faire des réserves de livres dans les librairies !", s'amuse Françoise Nyssen. "Aujourd'hui, la seule façon de soigner nos peurs et nos angoisses, c'est l'éveil au sensible par la lecture. Si on passe son temps le nez sur Twitter, à lire les mauvaises nouvelles et à assister aux échanges d'insultes, on ne va pas s'en sortir"
"Et c'est pourquoi je dis aux lecteurs qu'ils peuvent et qu'ils doivent continuer à acheter des livres, y compris en ligne si nécessaire, en passant par les sites des libraires. Il n'y a pas qu'un seul site qui vend des livres, si vous voyez ce que je veux dire...".
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