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Alizé Cornet sort son premier roman : "L'écriture a été mon premier amour, bien avant le tennis"

A 32 ans, la Française bien connue des amateurs de balle jaune a dévoilé le 4 mai 2022 son premier roman "La Valse des jours", chez Flammarion. Une passion qu'elle envisage de poursuivre après sa carrière sur les courts de tennis.

Article rédigé par Fabrice Abgrall - édité par Xavier Allain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
La joie d'Alizé Cornet, à l'occasion de sa qualification en quarts de finale de l'Open d'Australie, le 24 janvier 2022. (PAUL CROCK / AFP)

Connue de tous lorsqu'elle est dans la lumière des projecteurs du tournois de tennis du monde entier, Alizé Cornet a, pourtant, dans les coulisses, une passion encore plus prenante : celle de l'écriture. A 32 ans, la championne française a dévoilé le 4 mai 2022 son premier roman La Valse des jours (chez Flammarion)un peu plus de deux ans après un premier livre, une sorte de carnet de bord autobiographique cette fois, Sans compromis. Elle raconte cet autre terrain de jeu à franceinfo.

franceinfo : Vous présentez votre livre comme une "saga familiale en hommage aux femmes de ma vie". Qu'est-ce que cela signifie ? 

Alizé Cornet :  Ce n'est jamais évident de "pitcher" un livre de 400 pages que j'ai mis plus d'un an à écrire. Mais si je devais faire un petit résumé, je dirais que c'est inspiré de l'enfance de ma mère. Ça se passe dans les années 1960-1970, et cela raconte la vie de ces femmes de ma vie, ma grand-mère, ma tante et ma mère. Ce qu'elles ont pu traverser dans ces années-là, avec pas mal de rebondissements. Et montrer à quel point l'émancipation des femmes à cette période-là a été difficile, ce qu'elles ont dû affronter pour avancer dans la vie. C'est bien l'historie de ma famille, inspirée de faits réels, mais, quand même, un ensemble très romancé. L'idée de base m'est venue parce que ça fait des années que j'entends ma mère raconter des anecdotes sur son enfance. 

A force, je me suis demandé si cela ne pourrait pas faire une idée de roman. Une fois que j'ai décidé de commencer ce livre, je ne savais pas vraiment où j'allais... parce que ce n'est pas mon métier, écrire un roman ! J'ai commencé à lui faire des interviews assez sérieusement avec mon petit calepin, et là, j'ai un petit peu creusé le sujet. Il fallait aussi beaucoup de recherches sur ces années-là, sur les Trente Glorieuses, ne pas faire d'anachronismes... Ça a été un gros travail. Je n'ai pas pu interviewer ma tante et ma grand mère, décédées il y a quelques années. C'était donc plutôt un peu à l'instinct : si ma mère m'a quand même donné beaucoup de détails, pour le reste, c'était dans ma tête, c'était mon imagination. Je me suis régalée. Je suis ravie finalement que les gens se retrouvent dans cette histoire.

Vous parlez de plaisir d'écrire : que représente l'écriture pour vous ?

En fait, l'écriture, c'est tellement naturel pour moi. C'est quelque chose que je fais depuis toujours. Et oui, c'est aussi un peu me mettre en danger. Une fois qu'on accouche d'un livre comme cela, on fait face au regard des autres et aux critiques, aux avis. Mais je ne sais pas pourquoi, j'avais déjà confiance en ce livre. Surtout quand j'ai commencé à avoir les retours de Flammarion qui ont été excellents ! Ça m'a donné confiance. Et puis, avec ma carrière de joueuse de tennis, j'étais un peu habituée au regard des autres et à la pression, et ça commence à me faire ni chaud ni froid. Et au final, je ressens quand même beaucoup plus de pression sur un court de tennis. Ce bouquin, ce n'est finalement que du bonheur. J'ai peut être plus confiance en mes capacités d'écrivaine qu'en mes capacités de joueuses de tennis. C'est en train de me perturber tout ça !

A quel moment avez-vous trouvé le temps d'écrire ?

Dans les transports, beaucoup : dans les avions, surtout. Je pense que la moitié du livre, je l'ai écrit dans l'avion. Parfois, avec mon petit calepin, j'écrivais dès qu'une idée me passait. En fait, il ne fallait absolument pas que je la laisse passer. J'ai eu peur : j'ai passé pas mal de nuits blanches aussi, avec quelques insomnies. Des idées vous traversent et on ne peut pas les laisser passer. Je me levais la nuit, j'écrivais. J'écrivais parfois quatre ou cinq heures d'affilée. C'est devenu un tel hobby que ça prend le pas sur tout le reste. Je ne regardais plus de films, je ne lisais plus de livres, je ne faisais qu'écrire toute la journée. L'écriture, en réalité, ça date d'il y a tellement longtemps qu'au final, je ne m'en souviens plus. Je pense que dès que j'ai pu écrire, que j'ai pu tenir un stylo entre mes mains, j'ai commencé à écrire. A trois ans, j'écrivais même des poèmes en phonétique, m'a confié ma mère. En fait, la lecture et l'écriture, les mots, la littérature en règle générale, ça a été mon premier amour, bien avant le tennis même. Finalement, j'ai vraiment l'impression de renouer avec la petite fille que j'étais.

N'était-ce pas trop compliqué de mêler écriture et performances sur les courts de tennis ?

Il faut réussir à bien séparer les choses parce que c'est surtout ce qui m'a le plus coûté. Ça m'a beaucoup empêché de dormir. Et on sait à quel point le sommeil, c'est important dans une carrière de joueur. Mais après, quand j'ai réussi à faire la part des choses, au contraire, ça m'a aidé à prendre du recul. Moi, je suis à fond dans le tennis depuis plus de quinze ans et parfois un peu trop à fond. Et du coup, ça m'a vraiment aéré la tête. Au contraire, c'était plutôt une bonne chose que je que je prenne un peu cette distance par rapport au tennis. En plus, pour la petite anecdote, j'ai fait les dernières corrections une semaine avant mon quart de finale en Australie. Donc pour vous dire que ça ne m'a pas fait trop de mal !

Alizé Cornet est joueuse de tennis professionnelle depuis 2006 et numéro 1 française en 2021. (CELINE NIESZAWER / FLAMMARION)

A quelques semaines de Roland-Garros, à Paris, dans quel état d'esprit êtes-vous ? 

C'est compliqué pour moi de mettre des objectifs pour Roland-Garros. Parce que depuis l'Australian Open, je n'ai pas gagné beaucoup de matches. J'ai eu du mal à retrouver les repères que j'avais trouvé en Australie. Peut-être un petit contrecoup émotionnel. Je ne suis pas une machine et je pense que j'ai un petit peu sous-estimé finalement l'effet que ça allait me faire, cet accomplissement, parce que ça a vraiment été un accomplissement, ce quart de finale à Melbourne.  Du coup, en fait, j'ai vraiment juste envie de me faire plaisir à Roland. Je vais essayer de prendre match par match, de me faire plaisir. Et puis je veux en profiter, ça peut être vraisemblablement mon dernier Roland-Garros. Je ne sais pas encore. Je veux profiter du fait que ma famille, mes amis au bord du court et communier avec le public autant que possible. Après, en terme de résultats, là, je pense qu'il va falloir que je lâche prise un peu. C'est ce que j'avais fait en Australie et ça m'avait bien réussi.

C'est votre dernière année sur le circuit ? 

Je ne ferme pas la porte à continuer un petit peu l'année prochaine, pour peut-être faire un Roland-Garros supplémentaire, l'année prochaine. Comme ça, je ne me mets pas trop de pression pour jouer cette année. Mais c'est sûr que là, deux ans pour les Jeux olympiques de Paris, ça me paraît être le bout du monde. Je m'étais mis comme objectif d'arrêter après les Jeux de Tokyo 2020. Là, je continue un peu parce que je me fais plaisir. Il y a eu ce quart en Australie, mais j'arrive vraiment au bout du bout de quelque chose. Je le sens et continuer deux ans encore avec cette discipline, avec cette rigueur, avec cette vie de voyage, je n'en suis pas capable. Mais je participerai peut-être aux JO de Paris d'une autre manière. Qui sait ?

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